Fireworks • Bay Fortune, Î.-P.-É.

758 Route 310 902-687-3745 innatbayfortune.com/dining

Le festin est commencé et personne n’est attablé. Certains d’entre nous sont rassemblés autour de l’âtre, à dévorer des pétoncles fumés au foin sur des craquelins au gouda. Mon compagnon de voyage est à la cuisine, planté à côté des huîtres de Bay Fortune avec granité au bloody mary. « C’est comme un chic mariage à la campagne où l’on débarque sans connaître personne », déclare-t-il avant que je sorte sur la pelouse émeraude qui descend vers la baie. Je commande une IPA White Noize au bar de fortune fait de cages à homard. « Une bière de vacances », blague la fille qui me débouche la bouteille grand format. Bientôt, je bavarde avec un sous-chef de 20 ans qui saisit des brochettes d’agneau de l’île sur un feu de camp de bouleau.

C’est ici, à l’Inn at Bay Fortune, que le chef Michael Smith a lancé sa carrière télé dans les années 1990. Il est revenu avec sa femme pour acheter la propriété centenaire et servir de mentor à une brigade de jeunes cuisiniers talentueux, dirigés par le chef de cuisine Cobey Adams. De mai à novembre, la « brigade du feu » s’affaire sur le gril briqueté ainsi qu’au fumoir et au four à bois adjacents. Mon compagnon et moi rentrons bientôt prendre place à une longue table, entre un pédiatre de Winnipeg et sa femme, d’un côté, et deux sœurs de Toronto, de l’autre. La bière de vacances aide à faire les présentations.

Une chaudrée de homard sucré, servie dans un pot Mason, privilégie brillamment le bouillon salé de moules au détriment de la crème. Le plat de salade, un fin mélange de 29 légumes-feuilles et herbes (telles menthe et fleurs de ciboulette) cultivés dans la ferme bio de 3,2 ha à l’arrière, est apporté à la table par Olivia Wood, la fille des fermiers. Une pieuvre de 2,7 kg est arrivée au port ce matin ; Adams la poche avec des bouchons de liège dans un court-bouillon et l’accompagne de tranches d’oranges fumées avec la pelure. C’est sucré, aigrelet, fumé, consistant, délicieux.

Le dessert est un tour de magie. Les chefs ôtent les arrangements floraux des centres de table en terre cuite, révélant ainsi le dernier service qui se trouvait sous nos yeux : un gâteau aux carottes et au céleri coiffé d’un glaçage au fromage à la crème et de miettes de brownie aux amandes. Tandis qu’on prépare le café sur la braise dans un énorme chaudron en fonte, toute la tablée sort sur la pelouse qui donne sur l’océan. Au-dessus de la baie, la lune est pleine, et nous aussi.

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