24 heures autour du monde

Le jeudi 26 mars, nous avons demandé aux photographes à enRoute de nous montrer un instant leur réalité immédiate, où qu’ils se trouvent sur la planète. En plus de nous permettre de voir le monde à travers leurs yeux, les images obtenues nous font voyager et servent de leçon : la beauté de ce que nous vivons collectivement repose dans la redécouverte du pouvoir de la connexion humaine. Cet essai photographique collectif est l’effort de notre communauté pour nous rapprocher un peu plus.
 
 
 

01 avril 2020

7 h 03

Montréal

Petits boutons floraux sur le trottoir près de ma maison

Petits boutons de fleurs depuis le trottoir près de chez moi. Chantale Lecours (@votre_histoire.co)
 

Chaque jour, je me promène dans le quartier. J’adore prendre mon temps et chercher des fleurs et d’autres signes qui pointent vers l’arrivée d’un nouveau printemps. Ce matin, j’ai apporté mon appareil photo et photographié ces petits bijoux.
 
 

7 h 20

Baie de Bittangabee, Nouvelle–Galles du Sud, Australie

Lever du soleil à la baie de Bittangabee

Lever du soleil sur la baie de Bittangabee. Peter Tarasiuk (@petertarasiuk)
 

Je me suis réveillé tôt pour aller à la pêche. En isolement dans la brousse australienne dans mon camping–car, il est difficile de ne pas être inspiré : je suis entouré par une incroyable nature vierge.
 
 

8 h 17

Minneapolis

Photo en noir et blanc du lac des îles, à Minneapolis

Le lac des Îles, à Minneapolis, qui commence à dégeler. David Guttenfelder (@dguttenfelder)
 

Pour plusieurs, la vie ici tourne autour de cette chaîne de lacs protégés au cœur de la ville, à seulement trois kilomètres du centre–ville. C’est encore plus vrai en ce moment, car on peut y respirer l’air frais et profiter des espaces ouverts tout en gardant une distance sécuritaire avec les autres.

Je vis tout près de l’endroit où le lac Bde Maka Ska et le lac des Îles confluent, sous un pont de pierre. Depuis plus de deux semaines, je suis en semi–quarantaine volontaire après mon retour de voyage pour le travail. Je reste principalement dans le grenier aménagé de ma maison, le plus isolé possible des gens à l’extérieur et surtout de ma famille. Au lever du soleil, je descends seul vers le lac. Je suis photographe documentaire et photojournaliste depuis près de 25 ans. J’ai l’habitude de courir vers une crise et de me rendre utile avec mon appareil photo. En ce moment, une petite voix dans ma tête oscille entre « sortir et aider » et « rester à l’intérieur et protéger ». Pour l’instant, j’ai décidé que la meilleure chose à faire était d’attendre.
 
 

9 h 08

Toronto

Le fils de Norman Wong rebondit

Mon garçon tornade Lius Ocean Wong. Norman Wong (@norman__wong)
 

Le travail à domicile est presque impossible avec ce petit diable de Tasmanie. Je peux rêver et reprendre mon souffle quand il fait la sieste ou qu’il s’endort pour la nuit.
 
 

9 h 18

Lac–Brome, Québec

Le mari de Daphné Caron et les chiens se font bronzer dans leur maison de campagne

Mon mari et les chiens prenant un bain de soleil dans notre maison de campagne. Daphné Caron (@daph.nico)
 

Depuis le début de l’isolement volontaire, la sieste au soleil est devenue un rituel quotidien. Être coincée à la maison sans travail représente un défi, mais ça m’aide à renouer avec ma créativité à travers d’autres médiums comme le dessin et la musique.
 
 

9 h 30

San Nicandro, Pouilles, Italie

La sœur de Piero Percoco suit un cours en ligne au lycée

Ma sœur faisant son cours secondaire en ligne. Piero Percoco (@therainbow_is_underestimated)
 

Pour la première fois de ma vie, je prends des photos en noir et blanc. J’ai regardé de nombreux films, dont L’avventura d’Antonioni ; cette période que nous traversons et les films en noir et blanc d’Antonioni m’ont incité à expérimenter avec le style.
 
 

9 h 56

Tofino, Colombie–Britannique

La baie Cox, Colombie-Britannique

Promenade quotidienne avec le chien dans la baie de Cox. Lindsay Henwood (@lindsayhenwood)
 

À Tofino, nous sommes toujours autorisés à nous balader, tant que nous gardons une certaine distance des autres. C’est un privilège que nous sommes chanceux d’avoir et nous veillons à le conserver.

J’ai trouvé l’inspiration en me concentrant sur des paysages et des textures à plus petite échelle. Je suis fascinée par la façon dont la lumière et l’ombre frappent la roche, le sable et l’eau.
 
 

10 h 01

Toronto

Une femme profite de la lumière du matin devant une grande fenêtre

Profiter de la lumière du petit matin avant d’autres appels d’équipe. Ryan Walker (@ryanwalkerphoto)
 

Ce moment est l’opportunité d’apprécier le soleil, qui commence à briller plus longuement et fortement à mesure que le printemps nous apporte de l’espoir.

Malgré un incroyable bouleversement dans nos vies, des artistes se réunissent pour partager ressources, conseils et idées sur leur processus créatif, alors que nous cheminons ensemble vers l’inconnu. Cette nouvelle façon de tisser des liens s’avère une grande source d’inspiration.
 
 

10 h 19

Brunswick, Australie

Le studio vide de Lauren Bamford à Brunswick

Mon studio vide à Brunswick. Lauren Bamford (@laurenbamford)
 

Il est temps de tout remballer et de rentrer à la maison pour travailler depuis la table de cuisine. Même si je suis isolée au studio, je m’y sens plus seule que jamais.

Je reste inspirée en cuisinant et en m’arrêtant sentir les roses lorsque je me balade avec ma fille de deux ans. (Elle veut s’arrêter et sentir chacune d’elles, puis revenir en arrière et le faire encore et encore, à l’infini.)
 
 

10 h 35

Squamish, Colombie–Britannique

Le chien d'Alana Paterson assis sur sa chaise

Mon chien Willy Nelson, alias Wild Bill, assis sur ma chaise de bureau. Alana Paterson (@alanapaterson)
 

Pour la première fois depuis des années, je trimballe mon appareil photo avec moi pour le plaisir et non pour le travail. J’ai arrêté de prendre des photos de ma famille et de mes amis il y a des années et je me suis concentrée davantage sur de plus grands projets artistiques. Depuis lors, mon style de prise de vue a beaucoup changé, c’est donc très amusant de rapprocher ces deux univers.
 
 

11 h 11

Tamatori, Fujieda, préfecture de Shizuoka, Japon

Les montagnes entourant la maison de Dorothee Nowak au Japon

Les montagnes autour de chez moi. Dorothée Nowak (@doro_now)
 

Bien que les montagnes et les forêts du Japon soient pour la plupart peuplées d’animaux sauvages et peu accueillantes, je suis toujours attirée par celles–ci pour leurs couleurs, leurs sons et leur beauté, qui prennent différentes formes les jours ensoleillés et pluvieux.
 
 

11 h 43

Montréal

Le sol à Montréal alors que l'hiver tourne au printemps

Alors que le printemps arrive et que la neige fond, nous découvrons ce qui était enterré en dessous : la vie. C’est beau. Maude Chauvin (@maude_chauvin)
 

J’ai trouvé ça devant ma maison. C’est un symbole de ce qui se passe. La planète nous rappelle qu’elle était là, nous avons juste oublié de regarder. Maintenant, c’est clair, l’extraordinaire se trouve dans l’ordinaire.

Lorsque nous ralentissons, nous remarquons la simplicité et la beauté de la vie. Et c’est l’essentiel. Nous devons donc garder nos yeux et nos cœurs ouverts.
 
 

11 h 44

Perpignan, France

Fleurs rose vif dans un jardin du sud de la France

La beauté poétique de la nature, telle qu’observée dans notre jardin du sud de la France. L’œil d’Eos (@loeildeos)
 

Il pleuvait aujourd’hui, et les fleurs étaient plus jolies. La nature est un cadeau que nous devons chérir.
 
 

13 h 10

Hemsedal, Norvège

Un seul skieur sous les nuages ​​en Norvège

Skieur solitaire. Oivind Haug (@oivindhaug)
 

Les pentes habituellement bondées sont maintenant désertes. Seules les personnes qui vivent en montagne peuvent skier, la location de chalets étant désormais interdite par la loi.

J’apprends de nouveaux trucs, je prends des photos pour le plaisir et j’essaie de profiter des petits plaisirs de la vie.
 
 

13 h 48

Montréal

Le fils de Michael Abril jouant sur la terrasse

Notre fils, Pablo, s’amusant sur la terrasse. Michael Abril (@michaelabril_photo)
 

À cause des mesures d’isolement volontaire, nous devons rester à la maison en tout temps. Chaque jour, nous tentons de suivre une routine et de faire des activités pour divertir notre fils de trois ans et demi. Sur la photo : c’est l’heure de jouer au soccer et de profiter du beau temps.

Je reviens à l’essentiel, en passant du temps avec mon fils et en tentant, comme lui, de m’émouvoir des choses les plus simples.
 
 

13 h 49

Montréal

Un père se détend dans son lit pendant que son fils joue sur le sol

« Le repos. » Marianne Charland (@mariannecharland)
 

Depuis deux semaines, puisque le confinement et la distanciation physique font désormais partie de nos vies, mon fils de trois ans, mon mari et moi passons notre temps ensemble à la maison (sauf pour notre promenade quotidienne). Papa fait du télétravail et je m’occupe de notre enfant. Mes seuls « congés » sont les temps de repos (qui ont remplacé la sieste) : aujourd’hui, alors que notre fils jouait paisiblement, j’ai été frappée par la beauté du silence dans la maison. Je suis allée l’épier dans sa chambre : confinement, fatigue, liberté et bien–être.

Témoigner des moments uniques et précieux de notre famille m’inspire énormément. Je blogue tous les jours sur mon site, où je tiens un journal, Le temps tombé du ciel.
 
 

14 h 19

Barcelone, Espagne

Une jeune femme se détend sur son lit devant une fenêtre ouverte

Ma fille Olivia, 13 ans, profitant du soleil qui inonde sa chambre l’après–midi. Gunnar Knechtel (@gunnarknechtel)
 

Mes deux filles, ma femme et moi n’avons pas quitté notre appartement depuis le confinement annoncé le 14 mars. Nous essayons de suivre une routine : exercice, repas santé, bains de soleil, jeux de société, cinéma maison. Nous sommes très reconnaissants des efforts exceptionnels déployés par les travailleurs de la santé en Espagne et ailleurs dans le monde.
 
 

15 h

Vancouver

Photo noir et blanc des jardins communautaires de Strathcona, East Vancouver

Jardin communautaire de Strathcona, est de Vancouver. Andrew Querner (@andrewquerner)
 

Il y a trois semaines, ma famille et moi avons commencé à entretenir un petit lopin. Le jardin communautaire situé tout près de la maison est devenu un refuge pour le corps et l’esprit en ces temps difficiles.

Un sourire échangé entre deux passants revêt aujourd’hui une importance beaucoup plus grande qu’il y a deux semaines à peine. Je suis reconnaissant de ces petits moments de connexion, de présence.
 
 

15 h 15

Athènes

Une grande pile de livres entre deux plantes d'intérieur

Mes livres favoris sur la photo. Marco Arguello (@marcoandres)
 

Puisque je ne peux quitter la maison en raison du confinement, je voulais montrer des livres de photographie que j’aime et que j’ai amassés au fil du temps. J’aimerais inviter mes amis photographes et autres passionnés de la photo à prendre un après–midi à s’échanger des livres et à redécouvrir le travail incroyable de leurs pairs. En attendant, je cultive mon inspiration en revisitant une foule d’ouvrages que je n’avais pas sortis depuis un moment. J’espère que quiconque verra cette image aura envie de découvrir des photographes qui leur étaient inconnus et de visiter leur site web (et peut–être même de les encourager en achetant un tirage ou un livre). Les artistes, comme bien d’autres, ressentent durement les effets de cette crise sans précédent dans laquelle nous sommes plongés.

Artistes en vedette : @therainbow_is_underestimated, @rinkokawauchi, @davidbrandongeeting, @maisiecousins, @gilleamtrapenberg, @rorosiemarie, @tinycactus, @pieter.hugo.official, @toiletpapermagazineofficial, @mollymatalon, @juan_brenner, @michal_chelbin, @inesdorey, @eirinivour, @vivianesassenstudio, @josepedrocortes, @bialobrzeski_peter, @kentandreasen, @stephenson_luke @mike__slack
 
 

15 h 48

Longmont, Colorado

Un homme construit des cadres froids sur des lits surélevés

Platebandes surélevées. Rebecca Stumpf (@rebeccastumpf)
 

Mon copain et moi nous occupons à bâtir des couches froides pour nos platebandes surélevées afin de nous préparer à la saison du jardinage. Nous avons toujours aimé faire pousser des aliments, mais la Covid–19 rend encore plus pertinente l’idée de produire de la nourriture à l’année.

J’ai toujours mon appareil photo avec moi, pour saisir ma «nouvelle vie» autour de la maison. Ça me force à voir d’un œil nouveau ce que je considérais jadis comme banal. J’essaie aussi d’inclure une pratique créative autre que la photo à mes journées, comme la pâtisserie, ou de prendre les choses simplement et doucement dans la cour, afin d’apprécier le silence du moment.
 
 

16 h 4

Bedstuy, Brooklyn

La fille de Gabriela Herman joue sur un scooter

Ma fille et sa trottinette sur le terrain de handball du coin. Gabriela Herman (@gab)
 

Nous ne pouvons plus aller au terrain de jeu, alors j’ai tenté de trouver d’autres espaces extérieurs où gambader. Je suis mère de deux jeunes enfants (deux et quatre ans) et ce sont eux qui m’inspirent à créer de nouvelles images chaque jour, même si c’est juste avec l’iPhone, comme ici.
 
 

16 h 14

Vallée du Cowichan, Colombie–Britannique

Une oie à la porte du bureau à domicile de Jeremy Koreski

La vue de mon bureau. Jeremy Koreski (@jeremykoreski)
 

J’entretiens l’inspiration en faisant des retouches auxquelles je n’avais jusqu’ici pas eu le temps de m’attarder.
 
 

16 h 20

Toronto

Un filtre aux teintes roses sur une photographie de plantes d'intérieur

Plantes d’intérieur. Brendan George Ko (@brendangeorgeko)
 

Puisque je dois rester à la maison, j’ai réuni mes plantes pour un portrait de famille.

Je demeure productif en me plongeant dans les tâches que je remettais toujours à plus tard. Et en appelant mes amis souvent, en cultivant la conversation.
 
 

16 h 24

Vancouver

Un enfant peint des arcs-en-ciel sur une fenêtre

Des arcs–en–ciel pour le voisinage. Jennilee Marigomen (@jennileem)
 

Mes enfants s’ennuyaient de leurs camarades, alors nous avons décidé de peindre des arcs–en–ciel dans la fenêtre afin que les amis puissent les voir en passant devant la maison.

Les gens dont la quarantaine est guidée par l’amour des autres plutôt que la peur sont ceux qui m’inspirent le plus.
 
 

16 h 34

Toronto

Un seul cygne dans le lac Ontario, Toronto

Un cygne solitaire sur le lac Ontario, Toronto. Ian Patterson (@ian_patterson)
 

Il y a souvent des cygnes sur les rives du lac Ontario (Toronto) et même si je les ai croisés une centaine de fois à vélo, je n’avais jamais remarqué à quel point leur présence est apaisante. C’est un heureux contraste en ces temps de stress et d’incertitude. Je me suis arrêté et j’ai passé cinq minutes à photographier ce cygne solitaire.

Je fais beaucoup de longues randonnées à vélo, en solo. L’air frais et l’exercice sont les clés du succès pour me motiver.
 
 

16 h 44

Paris

Le soleil rebondit sur les ustensiles de cuisine

Rayons de soleil dans ma cuisine. Fred Lahache (@fredlahache)
 

Ma douce moitié et moi n’avons pas vu le soleil depuis un moment, et il nous manque. Au moins, tous les jours, cette semaine, il a illuminé cet endroit précis de la cuisine, quelques instants.

J’essaie de nourrir l’inspiration au quotidien en observant à la fois de petites choses et la façon dont ma famille (nous avons un enfant) tient le coup et se redéfinit, tout en étant confinée.
 
 

17 h 10

Nelson, Colombie–Britannique

Une femme allongée entre deux arbres

Ma partenaire, Emily, étendue derrière la maison alors qu’elle admire la canopée. Kari Medig (@kari_medig)
 

Non loin, une femme embrasse un grand cèdre pendant 10 minutes. « On n’a pas besoin de distanciation sociale avec les arbres », déclare–t–elle. Nous avons de la chance d’avoir les montagnes en toile de fond, dans la cour, en plus de nombreux sentiers et chemins qu’on peut explorer tranquillement. À l’heure actuelle, nous pouvons encore sortir, tous les jours, pour skier, en attendant le printemps.
 
 

17 h 56

Los Angeles

La vue depuis un toit dans le quartier de Los Feliz

La vue du quartier Los Feliz, depuis mon toit. Brad Torchia (@bradtorchia)
 

En ces temps étranges, il est primordial de pouvoir aller dehors, de profiter du soleil et de simplement trouver le moyen de s’apaiser l’esprit. On devient claustrophobe à force de rester enfermé toute la journée ; monter sur le toit quelques minutes pour prendre l’air suffit à me remettre sur le piton.

J’essaie de ne pas trop m’enliser en regardant les infos, mais plutôt de focaliser mon énergie dans des activités créatives : écrire, dessiner, peindre, jouer de la guitare et, évidemment, prendre des photos.
 
 

17 h 59

Berlin

Coucher de soleil sur une rue vide à Berlin

Coucher de soleil pris à vélo dans les rues vides de Berlin. Julia Nimke (@julianimkephotography)
 

Le coucher de soleil était tout en tons pastel, ce soir–là – quelque chose de beau en ces temps vraiment difficiles. Je maintiens l’inspiration en lisant et en parlant à mes meilleurs amis.
 
 

18 h 11

Lofoten, Norvège

Une plage dans les îles Lofoten avec de grandes montagnes

Cette plage des îles Lofoten, qui fourmillent habituellement d’autobus bondés de touristes munis de trépieds, a retrouvé une certaine quiétude, alors que les habitants du coin se réapproprient cette stupéfiante beauté, en maintenant la distanciation sociale. Eivind H. Natvig (@eivindnatvig)
 

Depuis 10 ans à vivre dans cet incroyable cadre naturel, j’essaie de me jouer des tours et de trouver des connexions visuelles qui me surprennent. Nous sommes condamnés à nous inventer de mini aventures et à apprécier nos environnements immédiats. Donc quand les astres s’alignent et que la réalité dépasse la fiction, la rendant encore plus spectaculaire que peut le faire l’imagination, l’inspiration est toujours au rendez–vous.
 
 

18 h 21

São Paulo

La vue depuis une fenêtre de cuisine à São Paulo

La vue depuis ma fenêtre de cuisine. Roberto Seba (@robertoseba)
 

Je passe presque toute la journée entre la cuisinière et l’ordi, à popoter ou à étudier. La fenêtre de la cuisine crée cette vision mosaïquée du monde et m’oblige à examiner les choses sous un autre angle – ou, du moins, à trouver de la beauté, même dans ces moments effrayants.
 
 

18 h 27

Parc national du Dartmoor, Royaume–Uni

Whiteworks & Fox Tor Mire, Parc National de Dartmoor, Angleterre

Whiteworks et tourbière Fox Mire, Parc national du Dartmoor, Angleterre. Nicholas White (@nicholasjrwhite)
 

Je vis dans un petit village au cœur du parc national du Dartmoor, dans le sud–ouest de l’Angleterre. C’est une région isolée de Grande–Bretagne, alors je ne suis pas dépaysé par la distanciation sociale et l’auto–isolement. Cet endroit s’appelle Whiteworks, et n’est qu’à courte distance de marche de la maison. C’est une ancienne ville minière (étain), et les deux seules maisons qui restent sont totalement coupées du monde. En toile de fond, il y a la célèbre tourbière connue sous l’appellation de Fox Tor Mire, qui aurait inspiré à Sir Arthur Conan Doyle Le chien des Baskerville.

En fait, il est rarissime que je passe autant de temps chez moi. J’en profite pour me rattraper dans mes lectures, jogger de bonne heure dans les landes et photographier les paysages aux alentours de la maison.
 
 

18 h 36

Denver

Une mère et sa fille câlins

Anne et Henrietta – ma femme et ma fille, copines de quarantaine – dans le soleil couchant, sur la terrasse arrière. James Stukenberg (@james.stukenberg)
 

D’habitude, pendant la journée, Henrietta se fait garder par une nounou, mais tout d’un coup Anne et moi nous sommes retrouvés parents à temps plein, confinés à la maison en télétravail.

Je passe beaucoup de temps à lire, à feuilleter des ouvrages de photos et à chérir ses précieux et imprévus moments en famille.
 
 

18 h 45

Île Galiano, Colombie–Britannique

Un autoportrait de Chiara Zonca dans son jardin

Autoportrait dans mon jardin. Chiara Zonca (@shadowontherun)
 

J’étais ici depuis quelques semaines, quand je me suis retrouvée clouée à cause de la crise du coronavirus. Incapable de rentrer chez moi, j’ai finalement décidé de rester sur place et de me mettre en auto–isolement.

Je connaissais déjà mes besoins de nature et de solitude, surtout pour éviter la dépression et l’anxiété. Mais tout ça a vraiment mis en lumière le rôle primordial que la nature joue dans notre bien–être. Je me trouve extrêmement privilégiée de pouvoir passer des moments en forêt ou à l’abri dans mon jardin.

L’odeur de la pluie sur le sol ou les verts éclatants des pins et de la mousse revêtent beaucoup plus d’importance qu’avant. C’est devenu la seule petite joie de la journée, dans une période de ma vie plutôt creuse et sombre, quelque chose que je n’oublierai pas une fois que les choses seront rentrées plus ou moins dans l’ordre.

Je suis une artiste en résidence solo. J’ai besoin de prendre des photos tous les jours, même si je n’en ai pas envie. Le matin, je cherche l’inspiration ; l’après–midi, je photographie. À la nuit tombée, je révise mon travail. Et je recommence. J’espère qu’à la fin de cette crise j’aurai une bonne idée de ce que l’isolement signifie pour une artiste telle que moi et que j’aurai été capable de documenter ma relation en constante évolution avec la nature qui m’entoure.
 
 

18 h 58

Denver, Colorado

Une femme et un chiot se promener à Denver

Ma femme, Abby Kirkbride, et Indy, notre chiot, en promenade. Benjamin Rasmussen (@benjaminras)
 

C’est le moment idéal pour adopter un chien, nous a–t–on dit : « Vous serez toujours à la maison, alors vous pourrez l’éduquer. Il sera une telle source de joie en cette période stressante ! » (Si quelqu’un veut un chiot pas tout à fait propre et grand adepte de la chasse aux chats de la maison, il est à vous, cadeau. Avec quelques livres d’éducation canine inefficaces et une bouteille de détachant pour animaux en prime.)

Avant ce confinement, quelques amis et moi avions décidé de commencer à lire À la recherche du temps perdu, en nous disant à la blague que ce serait le club de lecture d’une décennie, parce qu’on n’aurait jamais le temps. Maintenant que c’est tout ce que nous avons, du temps, les notions de beauté et de mémoire du roman nous inspirent et nous réconfortent.
 
 

19 h 6

Normandie, France

Un jeune garçon regarde par la fenêtre dans la cour

Mon fils confiné à la maison, mais naviguant dans son imagination. Fabien Ecochard (@fabien.ecochard)
 

Cette photo est un résumé de ce qui me préoccupe en ce moment : le confinement, notre planète, l’espoir de jours meilleurs, la nouvelle génération et la fragilité de notre liberté. La situation actuelle nous pousse à repenser notre vision des choses, et c’est dans cette nouvelle perspective que je puise mon inspiration.
 
 

19 h 6

Bradford, Ontario

Un gros plan de la plante Croton

Croton. Farihah Shah (@rihah)
 

La semaine a commencé par de la neige, qui s’est muée en pluie vers le milieu de la semaine. Au lieu d’aller marcher dans mon quartier, je me suis consacrée à la santé de mes plantes d’intérieur. Leur vert lustré, par opposition au temps capricieux, a eu un effet stimulant.

Je regarde ce que font d’autres photographes pour garder l’inspiration, et je découpe et classe des négatifs d’anciens projets. Je passe en revue mes propres archives, en tentant de voir s’il en ressort des séries ou des idées nouvelles. Je prépare également des zines et quelques maquettes de livres.
 
 

19 h 12

Laval, Québec

Une femme jouant de l'accordéon dans son salon

Valérie jouant de l’accordéon chez elle à Laval. Christian Fleury (@christian_fleury_photographe)
 

Je m’apprêtais à sortir photographier la rivière à la brunante quand Valérie s’est mise à jouer de son accordéon. La maison a aussitôt pris un air de musette. Pendant une dizaine de minutes, chaos, stress et anxiété ont disparu.

Ces jours–ci, je regarde des images que je ne ferais sans doute pas. Puis, je me dis : pourquoi pas ? Et il m’arrive de changer d’avis.
 
 

19 h 40

Bellvue, Colorado

Une femme s'occupant d'une chèvre nouveau-née

Kati Zybko aidant à mettre au monde les petits de Fancy. Garrett Milanovich (@garrett_milanovich)
 

Je viens de m’installer dans une minimaison de ferme à Bellvue. Deux chèvres étaient enceintes et leur mise bas était prévu le même jour : six chevreaux en 24 heures ! À mi–chemin du présent courriel, j’ai été interrompu par la deuxième chèvre qui mettait bas.

Je reste inspiré grâce au soutien de la communauté des photographes du Colorado.
 
 

20 h 23

Montréal

Un homme traversant le passage souterrain Parc / Van Horne à Montréal

Un homme passant sous le viaduc de l’avenue du Parc, près de Van Horne. Mickaël Bandassak (@mickaelbandassa)
 

Pour cette étrange période de confinement, j’ai décidé de faire mes promenades en solitaire le soir, pour ne pas virer fou tout en minimisant le danger que je pourrais représenter pour autrui. Cette scène, typique d’un soir dans le Mile End, m’a rassuré et redonné espoir.

Parler à des amis, contacter des collègues photographes du monde entier, tout ça m’aide à mettre les choses en perspective. Je lis beaucoup et je tente de nouvelles expériences, comme l’apprentissage du dessin et de la peinture.
 
 

20 h 50

Toronto

Une gamme à l'extérieur de la boutique de bouteilles à la brasserie Bellwoods

En face de la boutique de la Bellwoods Brewery, où il n’entre qu’un client à la fois pour les achats de bière. Christie Vuong (@christievuong)
 

La résilience des petits commerces et le soutien indéfectible des habitants sont vraiment inspirants. Cette brasserie artisanale nous rappelle, comme l’auraient dit les pubs de Honest Ed’s, qu’« on est tous dans le même bateau ». La solidarité embellit les choses.

Comme plusieurs de mes séances photo ont été annulées, je m’inspire en photographiant les commerces ainsi que les gens autour de moi qui continuent courageusement d’aider notre collectivité à traverser cette épreuve.
 
 

21 h 7

Vancouver

La vue de la fenêtre d'un voisin depuis la fenêtre d'une cuisine

La fenêtre de mes voisins depuis la fenêtre de ma cuisine dans le quartier Strathcona. Grant Harder (@grantharder)
 

Niveau photo, je dois admettre ne pas être très inspiré depuis le début de la pandémie. Je vais travailler là–dessus.
 
 

21 h 31

Montréal

Une rue de Montréal la nuit dans le quartier Rosemont

Une rue de Montréal la nuit, dans Rosemont, le quartier où je vis. Thomas Bouquin (@thomasbouquin)
 

Ces jours–ci, déambuler dans les rues et ruelles de mon quartier m’aide à rester calme. J’essaie de marcher au moins une demi–heure par jour, pour faire de l’exercice, prendre l’air et faire le vide. Le soir venu, je me sens plus serein et plus alerte, et j’observe la manière dont la lumière change les paysages autour de moi.

Je contemple la poésie qui m’entoure: le retour du printemps, les livres de photos, les romans, les films, les vieux anime japonais… et je passe plus de temps avec ma compagne et notre fils de deux ans.
 
 

22 h 19

Bruxelles

Autoportrait de Yuri Andries lisant « The Man Next Door »

Autoportrait, où je lis The Man Next Door, du photographe néerlandais Rob Hornstra. Yuri Andries (@yuriandries)
 

C’est le moment de tirer quelques bouquins de nos étagères. La situation actuelle crée des incertitudes, mais elle procure aussi une sensation de libération. J’ai plus de temps à consacrer à mon travail personnel et j’ai la chance d’être entouré par deux merveilleux amis avec qui je cohabite, ainsi que ma blonde et mes disques durs remplis de travail à faire.
 
 

22 h 49

Cantons–de–l’Est, Québec

Sirop d'érable fait maison en pots Mason

Sirop d’érable maison en pots Mason. Alexi Hobbs (@alexihobbs)
 

Je ne fais pas beaucoup de choses de mes mains. Mais le sirop d’érable en est une, et je ne me sens jamais aussi heureux que lorsque j’en ai produit une cuvée pour mes amis. J’espère les revoir bientôt et leur offrir ces pots. Ce sont là des traditions qui nous lient, et ces pots en sont le symbole.

Je me suis mis à lire à propos de la taille des arbres fruitiers. Je me promène dans les champs et les forêts avoisinantes, j’identifie et je photographie tous les oiseaux que je vois.
 
 

23 h 45

Toronto

Dufferin-King Parkette, à Parkdale, Toronto

Petit parc Dufferin–King, dans Parkdale. Lorne Bridgman (@lornebridgman)
 

C’est le 26 mars que tous les parcs publics et les appareils de jeux ont été interdits d’accès jusqu’à nouvel ordre. Ces modules conçus pour le jeu prennent une allure troublante et étrange, maintenant qu’ils deviennent de potentiels vecteurs de contagion.

J’aimerais bien pouvoir dire que je puise dans de profondes réserves d’imagination pour alimenter ma créativité. Mais en fait, libéré de l’obligation quotidienne du pigiste à chercher son prochain contrat, je peux me confier à moi–même des projets au quotidien, ce qui donne un sens nouveau à mon métier.
 
 

8 h 30 (27 mars)

Melbourne

Le soleil furtivement à travers les arbres dans les Treasury Gardens

Un détour en chemin vers mon studio en passant par les Treasury Gardens. Jana Langhorst (@jana_langhorst)
 

Ce matin, la lumière était magnifique et la ville baignait dans une atmosphère paisible et réconfortante. Afin de rester centrée, j’essaie de canaliser mes émotions et mes états d’âme dans le travail. Prendre mon appareil photo me fait oublier l’incertitude et la confusion ambiante.
 

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