L’article « Récif de voyage » a été publié à l’origine dans le numéro de décembre 2017 d’Air Canada enRoute.
« Comment avez–vous abouti ici ? » je demande à Tiffany, entre deux fourchetées démesurément ambitieuses de salade de gambas. Nous sommes dans le pavillon principal du camp de safari Sal Salis, en Australie–Occidentale, où l’Hamiltonienne de 24 ans en est à sa première saison de travail. Elle est plus bronzée que tout Canadien serait en droit de l’être à cette époque de l’année. « J’ai googlé “coin reculé”, fait–elle, et j’ai trouvé cet endroit. »
Y a pas à dire. Perth, comme presque tout Perthien vous le déclarera d’emblée, est la ville la plus isolée du monde. (Et dans une certaine mesure, c’est vrai.) Tiffany et moi sommes présentement à 1200 km au nord de Perth, et à plus de 17 000 km de nos villes respectives de l’est du Canada. L’isolement n’arrive pas par enchantement… mais bon, tout l’intérêt est là. Et si le Canada ne manque pas de coins isolés, un itinéraire qui impose cinq correspondances, 40 heures de transport et une arrivée sous de tout autres cieux a le don de vous rendre écartée au carré. En ce premier jour, j’aperçois trois wallaroos et j’entends bien trop souvent causer de serpents. Tiffany, j’ai l’impression qu'on n'est plus au Canada, là.