Au coin des rues West Cordova et Jervis, un improbable attroupement se tient au pied d’un immeuble vitré. Quinze ornithologues amateurs fixent leurs jumelles sur le balcon d’un inconnu, où six pinsons perchent sur un arbre mort. « C’est là que ça devient un peu louche », lance Christopher Di Corrado, biologiste et chef du groupe, quand le conducteur d’un VUS Mercedes noir ralentit, troublé par cette agitation.
En matière d’observation d’oiseaux, Vancouver est une destination unique. Au nord se trouve le parc Stanley, boisé de 400 ha abritant une héronnière, des nids de pygargues à tête blanche et plus de 230 espèces d’oiseaux. Au sud se trouve Richmond, qui voit passer des millions d’oiseaux, étant située sur la voie migratoire du Pacifique. Et la banlieue de Ladner compte 345 ha de réserve ornithologique et de zones humides où se posent quelque 75 000 oies des neiges avant de migrer au printemps en Sibérie, plus au nord. L’avifaune de la région de Delta, de l’autre côté du Fraser, est une des plus riches au pays, et un groupe milite fort pour que la ville obtienne le titre de capitale nationale de l’observation d’oiseaux.
Ce matin, le groupe de M. Di Corrado, déployé sur l’herbe du parc Coal Harbour, s’est mis à sillonner le front de mer de la ville en quête d’oiseaux rares à 6 h 20. « Peut–être qu’aujourd’hui on verra un faucon pèlerin », dit–il en se croisant les doigts. « Cet oiseau est mon Moby Dick », lance Hannah Stockford, 17 ans, qui est venue d’Ontario pour le 27e International Ornithological Congress (les JO de l’observation d’oiseaux) et le Vancouver International Bird Festival. Quelqu’un s’écrie : « Colibri ! Colibri ! » et Mlle Stockford détale avec le reste de la meute.