enRoute Merci de prendre le temps de nous parler. Comment décririez–vous votre travail ?

Jerry Pigeon Je suis à la fois portraitiste et documentariste.

ER Qu’est–ce qui vous attire dans la documentation ?

JP Je trouve ça fou de pouvoir capturer des moments qui n’existeront plus jamais. Dans la photo, il y a aussi un certain manque de contrôle que j’aime apprivoiser. Par exemple, hier, j’ai pris des photos et la lumière était belle, mais je n’avais aucun contrôle là–dessus. Je pourrais avoir les meilleures idées du monde, si la lumière est mauvaise, je ne peux rien faire. Dans la documentation, il faut laisser les choses aller, frayer son chemin et être là au bon moment.

05 mars 2019
Un signe qui s'étend sur une rue avec le mot "Hochelaga" écrit dessus.
La marquise de la rue Ontario.
Un café signe allumé la nuit. Noir et blanc.
Le Café São.

ER De quelle manière votre travail a–t–il évolué au cours des dernières années ?

JP Mon art est en transition depuis environ deux ans. Comme je me suis un peu tanné de la photo, j’ai commencé à travailler avec le papier. J’imprime mes photos, je les détruis et j’en fais des collages. J’arrive ainsi à imprégner mes images d’une nouvelle émotion.

ER Vous avez grandi dans Hochelaga. En quoi le fait de photographier un endroit familier a–t–il changé votre façon de travailler ?

JP Photographier mon quartier m’a permis de repousser mes limites. Pour un photographe qui vit à Montréal, c’est facile de devenir blasé. Le stade ou Expo 67, ça ne m’inspire plus. Les documentaristes ont tendance à présenter les choses de façon évidente. Je me suis donc concentré sur des détails très précis qui me touchent, même si parfois ils rendent les lieux difficiles à reconnaître.

ER Qu’est–ce qui continue à vous inspirer à Hochelaga ?

JP C’est un quartier qui a vraiment changé. Ça aurait été facile de photographier des itinérants ou des graffitis sur la gentrification. Mais moi, je trouve ça plus intéressant de documenter l’évolution de la vie de quartier. C’est un coin honnête. À Hochelaga, il n’y a pas de fioritures. Ce que tu vois, c’est ça.

Un homme marchant dans une rue la nuit dans la neige. Noir et blanc.
La rue Ontario.

ER Quel impact cherchez–vous à avoir avec vos photos ?

JP Mes images ne sont pas politisées ; je ne tiens pas à véhiculer ce genre de discours. Je veux seulement donner une émotion, qu’elle soit bonne ou mauvaise.

ER Quel serait votre projet photo de rêve ?

JP J’ai beaucoup documenté le CrossFit et j’aimerais vraiment publier un livre sur le sujet. Je voudrais également suivre et documenter des politiciens dans leur vie quotidienne.

ER Pourquoi ?

JP Les politiciens ne recherchent pas le côté glamour, comme les musiciens ou les acteurs. J’aime le défi de rendre captivants des sujets qui sont visuellement peu intéressants. Prendre une bonne photo d’un mannequin, ce n’est pas difficile. En revanche, si tu me dis que tu as fait une belle photo d’un ministre, j’ai plein de respect pour ça.

ER Quels sont vos comptes Instagram préférés ?

JP J’adore la sensibilité et la composition des collages de @rabbitsparrow. Les photos de @jackdavisonphoto m’impressionnent aussi, car elles sont à la fois contemporaines et intemporelles.

Une statue d'un ange. Noir et blanc.
Une statue du bistro Le Valois.
La Taqueria, un restaurant avec des chapeaux mexicains suspendus au mur. Noir et blanc.
La Taqueria.
Une fenêtre opaque au Bistro Le Valois avec une ouverture au bas où les plats sont empilés.
Bistro Le Valois.
Un lampadaire éteint sur la rue Ontario dans la nuit. Noir et blanc.
La rue Ontario.
Un drapeau mexicain suspendu dans le restaurant La Taqueria
La Taqueria.
Un chat noir marchant devant un pneu de voiture dans la neige. Noir et blanc
Le célèbre chat de la rue Rouen.