Une visite en images du Japon avec le photographe Frédéric Tougas

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Le photographe montréalais réfléchit sur son état d’esprit quand il voyage en solitaire.

Cet histoire a été publié en 2018 et mis à jour en juillet 2021.

5 juillet 2021

Salut, je m’appelle Fred Tougas et je suis un photographe autodidacte de Montréal. Mon approche se base sur l’observation méthodique d’environnements relativement banals dont on oublie la beauté inhérente. Pour me forcer à ralentir et à penser chaque prise de vue et ce qu’elle doit communiquer, j’utilise des appareils à pellicule 35 mm ou moyen format.

Cette série se veut une réflexion sur mon état d’esprit quand je voyage en solitaire.

Une vue du mont Fuji de l'intérieur d'un avion.
« Just passing through & here to stay », mont Fuji.

Le Fujisan est beaucoup plus photogénique de loin. Mais je me suis rendu au Japon il y a quelques années, déterminé à le gravir. Et en me tenant debout, seul sur la cime de ce volcan mythique, j’ai réalisé que la satisfaction suprême n’est pas de le voir, mais bien d’être l’unique personne à se trouver au sommet.

À lire : Petit guide des omiyage comestibles, souvenirs du Japon

Un cerisier en pleine floraison
« Untitled », Tokyo.
Les édifices illuminés, Kyoto
« Light up the walls », Kyoto.

Quand on arpente des rues où l’acier et le béton dominent le paysage, voir un cerisier en pleine floraison apaise tous les esprits.

En ville, nos sens sont tellement saturés qu’on finit par faire abstraction de l’environnement et de ses stimuli. Mais lorsqu’on s’arrête et qu’on observe les éléments qui le constituent de manière sensible, les édifices illuminés, le chaos des voitures et des millions de gens coexistant dans un si petit espace, tout ceci prend une tournure absurde.

Une personne regardant par la fenêtre du ferry.
« Is that all there is ? », Naoshima.

Une œuvre artistique n’est complète que lorsque celui qui la regarde l’interprète selon son propre bagage. Chaque élément descriptif qu’on ajoute limite un peu cette liberté d’interprétation. Mais je me risque à ajouter que ce traversier a bien failli ne jamais quitter le port.

Obama, village de bord de mer
« Oh, so you didn’t get the memo… (part III) », Obama.
Sources sulfureuses : Jigoku
« All Hells – Ex–Paradise 2.0 », Beppu.

Je me suis trompé d’arrêt d’autobus et je suis descendu dans ce petit village de bord de mer. Cette erreur s’est transformée en une des plus inspirantes surprises de mon périple.

Malgré l’aspect paradisiaque de cette végétation visiblement luxuriante et des couleurs soyeuses, ces eaux chaudes cristallines sont le résultat de l’activité volcanique tumultueuse sous la ville de Beppu. Les Japonais ont d’ailleurs choisi un nom approprié pour décrire ces sources sulfureuses : Jigoku, qui signifie les Enfers.

Lever aux petites heures et regarder Tokyo s’éveiller
« + », Tokyo.

Je profite des effets du décalage horaire pour me lever aux petites heures et regarder Tokyo s’éveiller. Observer la ville à ce moment particulier de la journée est une façon parfaite d’en appréhender la culture et de saisir des images singulières.

La lumière du soleil brille sur un arbre de fleurs de cerisier
« 7.11 », Tokyo.
Mont Unzen
« All Hells », mont Unzen.

Dans le décor d’une des villes les plus étendues et peuplées du monde, on ne s’attend pas à autant d’esthétique et de charme. Mais on comprend rapidement pourquoi Tokyo est l’une des destinations les plus prisées des artistes en quête d’inspiration. La lumière qui se glisse entre les gratte–ciels crée presque toujours une scène évocatrice.

Cette image est extraite d’une série consacrée à l’esthétique des environnements hostiles. L’idée peut sembler sombre, mais il se dégage pourtant une curieuse beauté de ces teintes minérales et de ces agencements naturels de formes, de lignes et de textures.

Vapeur provenant d'une mine de soufre
« Until no more », Mine de soufre, Hakone.

Cette image est le résultat pittoresque d’une conjonction de la puissance des éléments et de l’activité humaine. Lors de mon passage, plusieurs secteurs de la région étaient inaccessibles en raison de l’activité volcanique trop élevée.

Passagers sur un tramway bondé
« Outfit in », tramway de Nagasaki.

L’utilisation d’appareils argentiques change complètement mon approche. Elle me force à ralentir et à être plus critique de l’intérêt visuel d’une scène. On a l’impression de se fondre davantage dans un environnement uniforme où l’on sort inévitablement du lot, ce qui n’est pas toujours souhaitable quand on tente d’être discret. Ici, un motif écolier dans un tramway bondé de Nagasaki.

Les enfants dehors pour la récréation
« Recess recess recess », Bizen.

Les cours d’école japonaises sont à l’image du pays: propres, ordonnées et un peu futuristes pour un regard occidental. L’uniforme des élèves peut varier selon la région, la ville, l’école et la saison. Je suis tombé sur cette école dans une bourgade campagnarde, à l’écart du trajet touristique traditionnel.

 Gare routière d'Okayama
« Light up the walls », Tokyo.
L’intersection de Shibuya
« Okayama 20.08 », Okayama.

Cette intersection de Shibuya, à Tokyo, est l’une des plus célèbres au monde.

Parfois je me demande comment il est possible de se sentir si seul dans une ville aux millions d’habitants. On devrait tous se poser cette question parfois.