Dans La vie secrète des arbres, dont voici un extrait, un garde forestier allemand devenu auteur avance que les arbres ont un réseau social, qu’ils partagent leurs ressources et qu’ils élèvent leurs petits.
Ce texte et ces photos ont à l’origine été publiés dans le numéro d’octobre 2016 d’Air Canada enRoute.
J’ai longtemps ignoré à quel point les arbres poussent lentement. Dans la forêt que j’administre, il y a des hêtres de 1 à 2 m de hauteur. Avant, je leur aurais donné 10 ans, tout au plus. Puis j’ai commencé à m’intéresser aux mystères en marge de la foresterie commerciale et je me suis ravisé.
Un moyen facile de déterminer l’âge d’un jeune hêtre, c’est de compter les petits nœuds sur ses branches. Ces nœuds sont de minuscules enflures qui ressemblent à un paquet de rides. Ils se forment chaque année sous les bourgeons. Au printemps suivant, la branche pousse et les nœuds restent derrière. Lorsque la branche atteint une épaisseur d’environ 2,5 mm, les nœuds se fondent dans l’écorce en expansion. En examinant un de mes jeunes hêtres, j’ai vu qu’un rameau de 20 cm avait déjà 25 de ces enflures. En faisant un calcul prudent, j’en ai déduit que l’arbre avait au moins 80 ans, peut–être plus. Cela me paraissait incroyable jusqu’à ce que je poursuive mes recherches sur les forêts anciennes. Maintenant, je sais que c’est tout à fait normal.