Byron et Dexter Peart sur le design, l’essentialisme et la certitude de faire une bonne action
Portant avec fierté leurs valeurs et leur vision d’un monde meilleur sur leurs pulls en coton ouaté bio et leurs blazers en laine, les frères Peart cherchent depuis l’enfance à faire œuvre utile.
C’est peut-être par un baume à lèvres à base de 7-Up et de Vaseline que tout a commencé, une concoction maison que les jumeaux ont essayé de distribuer à l’âge de 10 ans à tous les enfants de l’école, mais, si Byron et Dexter trônent maintenant au sommet des créateurs de tendances de Montréal, c’est parce que ces stylistes-nés n’ont jamais cessé de vouloir tout perfectionner. Depuis plus de 20 ans, ils ont fait de leurs marques (dont la griffe d’accessoires haut de gamme Want Les Essentiels de la Vie) des références et se sont affairés à redéfinir ce qu’est le luxe. Leur dernière entreprise, Goodee, poursuit leur mission de construire un monde plus beau, plus intelligent et plus doux, en mariant consommateurs dotés d’une conscience et artisans responsables du monde entier. En offrant des produits de première nécessité pour la maison qui répondent aux normes de conception exigeantes de Byron et Dexter, ce marché numérique d’objets triés sur le volet valorise le parcours des fabricants et prouve que bonne conception et bonnes intentions vont de pair.
enRoute Vous avez passé votre carrière à rechercher l’essentiel : les quelques articles que nous choisirions de posséder si nos désirs n’étaient pas infinis. Comment cette vision a-t-elle contribué à la création de Goodee ?
Dexter Peart Tout au long de notre carrière, nous avons réfléchi à la manière dont nous pourrions ajouter de la valeur à notre mode de vie. Nous revendiquons l’importance du design ; pour nous, il s’agissait de lutter contre la tendance au jetable. En ces temps d’incertitude, d’inégalité et d’urgence climatique, les choses qui ont une grande valeur sont bien faites, sont censées durer, sont sans âge, sans frontière, non genrées et respectent ceux qui les font et la planète. C’est ce qui a donné naissance à Goodee. C’est le reflet exact de nos valeurs et de nos croyances.
ER En 2018, vous avez réaménagé un centre de villégiature au Belize. Comment décririez-vous la signature visuelle que vous avez créée au Matachica ?
DP La vision derrière le Matachica était « le monde peut attendre ». Nous voulions créer un environnement qui ne ressemble en rien à ce que les clients auraient vu auparavant et qui les incite à éteindre leur téléphone. Il ne s’agissait pas de reproduire un style bélizien, mais de regarder ce que les artisans locaux faisaient, et de combiner cela avec ce que d’autres font ailleurs. La caye Ambergris se trouve sur la deuxième plus grande barrière de corail du monde, c’était donc l’occasion parfaite d’alimenter la discussion sur le développement durable et l’artisanat local. L’espace a été pensé pour transporter les clients dans un voyage à la découverte de belles choses conçues dans une finalité sociale.
ER Cette approche semble correspondre à l’ADN de Goodee. Le relookage du Matachica était-il un terrain d’essai pour Goodee ?
Byron Peart Que nous concevions un hôtel ou un coton ouaté, le point commun est que chaque détail est bien pensé. Tout a une histoire. C’était un test pour nous de voir si nous serions capables de faire venir des produits d’autour du monde jusque dans ce petit pays insulaire. Beaucoup de ces produits sont devenus les premiers articles vendus sur Goodee, il y a donc un lien direct entre la conception de notre premier hôtel et le lancement de notre plateforme. Les lampes ACdO que les clients voient en entrant dans l’hôtel en sont un bon exemple. Des designers colombiens transforment des bouteilles en plastique PET, qui finiraient probablement dans l’océan, en magnifiques luminaires tissés à la main et aident ainsi leur collectivité et la planète. Cette histoire a un parallèle avec la barrière de corail où se trouve l’hôtel, qui constitue une part importante de l’expérience du client.
ER Le modèle d’entreprise de Goodee est basé sur les objectifs de développement durable des Nations unies. Comment déterminez-vous avec quels artisans travailler ?
DP Nos partenariats sont basés sur la responsabilité, de l’approvisionnement à la production. Nous apprenons à connaître les propriétaires et l’histoire des marques avec lesquelles nous travaillons, nous visitons leurs usines et évaluons la manière dont ils gèrent leur entreprise, leur vision et les attentes du personnel. Un bon exemple est le sac Bassi, un fourre-tout que Goodee a récemment lancé, fabriqué en collaboration avec une coopérative sociale italienne partenaire des Nations unies. La coop embauche des demandeurs d’asile africains et leur apprend à faire des sacs. Ce produit est l’incarnation de ce que défend Goodee.
« Quand on pense à l’innovation, on pense souvent à la technologie, à l’avenir et aux nouveaux concepts. Cependant, dans bien des cas, l’innovation est inspirée par le passé. Les choses qui sont innovantes sont souvent durables. »
ER Goodee a à peine plus d’un an et a déjà obtenu la certification B Corp🅪. Que signifie cette reconnaissance pour vous ?
BP Nous sommes plus que ravis de nous joindre au mouvement, car nous travaillons à l’obtention du statut B Corp🅪 depuis le premier jour. Cette certification signifie que nous répondons aux normes les plus élevées en matière de performances sociales et environnementales, mais, au-delà des aspects légaux, c’est une façon de faire des affaires de manière consciente et responsable. En tant qu’entreprise fondée sur des principes de durabilité et consciente de son lien avec notre monde, être certifié B Corp nous a semblé tout naturel dès le départ. Ça valide notre raison d’être (créer un monde où le souci des gens et de la planète passe avant tout), et ça garantit que nous sommes toujours à la hauteur des normes élevées que nous nous sommes fixées.
ER Quelle est votre définition de l’innovation ?
BP Je pense que l’innovation est mal comprise. Quand on pense à l’innovation, on pense souvent à la technologie, à l’avenir et aux nouveaux concepts. Cependant, dans bien des cas, l’innovation est inspirée par le passé. Les choses qui sont innovantes sont souvent durables : elles seront aussi pertinentes dans des dizaines d’années qu’elles le sont aujourd’hui. L’innovation découle de la tradition ou d’une compétence. Si on regarde les concepteurs d’ACdO, on voit que l’innovation ne vient pas de la technologie, mais de l’artisanat et de son impact. C’est dans cette optique que nous concevons et choisissons nos produits pour Goodee, et j’aime à penser que ç’a également été bien exécuté au Matachica.
ER Vous avez lancé Goodee à Montréal. En quoi la ville a-t-elle façonné votre approche créative ?
DP Il y a beaucoup de Montréal dans l’esthétique de Goodee. Montréal est culturellement importante, indépendante, jeune, audacieuse et diversifiée, et c’est ainsi que nous voulons que Goodee soit perçue. C’est un endroit spécial où les gens ont une vision mondiale. Une grande partie de notre conception a été influencée par le Montréal des années 1960 et par l’héritage de l’Expo 67.
ER Vous êtes tous deux résidents d’Habitat 67 et vos unités sont à quelques portes l’une de l’autre. Comment cet édifice emblématique vous inspire-t-il ?
BP C’est notre édifice préféré en ville. Dexter vit ici depuis 15 ans et moi depuis 10. Moshe Safdie avait 23 ans lorsqu’il a conçu Habitat 67 et a imaginé ce que serait l’avenir de la vie en communauté, loin des tours d’habitation standard. Ce qui rend cet édifice spécial, c’est la possibilité qu’on y a de se sentir à l’intérieur et à l’extérieur en même temps, et cette idée de connexion entre la nature et la vie quotidienne me semble encore très moderne aujourd’hui. Nous avons toujours puisé notre inspiration dans l’architecture. Lorsque vous concevez un bâtiment, vous ne cherchez pas à construire quelque chose qui durera une saison. Vous devez penser à la façon dont les gens habiteront cet espace dans 100 ans. C’est la même approche que nous avons adoptée pour la conception de produits.
ER Vous avez chacun parcouru plus d’un million de kilomètres pour collaborer avec des artisans du monde entier. Quel est votre secret pour tirer le meilleur parti de vos voyages ?
BP Entrer en relation avec la population locale. Nous essayons toujours de trouver un habitant pour nous faire visiter les endroits inconnus. C’est ainsi que nous trouvons l’inspiration dans les endroits moins évidents. Nous sommes des commerçants, alors nous sommes à l’affût de nouveaux objets, que nous soyons dans un marché en plein air à Nairobi ou au centre-ville de Tokyo. À l’époque où nous travaillions sur le Matachica, on nous a mis en contact avec un des céramistes les plus réputés du Mexique, à Guadalajara. Ainsi, nous avons eu l’occasion de le voir à l’œuvre et de rencontrer les autres artisans de son entourage. Nous n’aurions pas pu y accéder autrement. C’est comme ça que nous travaillons ; c’est aussi comme ça que nous abordons nos vacances.
Le questionnaire
- Essentiels de cabine Crème à mains et casque antibruit.
- Voisin de rêve en avion (Dexter) Byron.
- Voisin de rêve en avion (Byron) Mon mari.
- Premier souvenir de voyage La Jamaïque, pour rendre visite à notre grand-mère quand nous étions enfants. Descendre de l’avion et respirer l’odeur des Antilles.
- Complétez la phrase suivante: Voyager a le pouvoir de… (Byron) Mettre les gens en contact.
- Complétez la phrase suivante: Voyager a le pouvoir de… (Dexter) Changer le monde.