Matt Mays sur la musique au salon et le surf en Nouvelle-Écosse
L’artiste canadien gagnant d’un Juno Matt Mays se sent vraiment chez lui lorsqu’il joue sur la scène du Massey Hall de Toronto ou Rebecca Cohn Auditorium à Halifax. Ces temps-ci, le natif de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, se rend toujours partout au pays, mais depuis le confort de son salon. Dans le cadre de sa série de spectacles Mantle Music sur YouTube, des milliers de fans, de North Bay, en Ontario, jusqu’en Nouvelle-Zélande, se branchent chaque samedi soir pour voir son type unique de folk-rock indé. Par ces concerts intimes, le musicien a pu garder un lien avec ses admirateurs pendant qu’il était confiné dans sa ville adoptive de Toronto tout en amassant des fonds pour des causes importantes qui lui sont chères : la santé mentale et les canidés. Sa musique a d’autres liens avec les chiens : il a écrit chacune des chansons de son nouvel album autopublié, Dog City, dont la parution le 17 mai a été une surprise, en se mettant dans la peau de son toutou poilu.
enRoute Quelle a été l’inspiration de votre série de spectacles au salon ?
Matt Mays Quand un événement mondial m’ébranle, je me tourne vers la musique. Je ne me sers pas beaucoup de Zoom, mais jouer des chansons dans mon salon me donne ce contact avec le facteur humain dont j’ai besoin chaque semaine. J’ai hâte de jouer pour un public, peu importe que les gens soient en Nouvelle-Zélande ou à Dartmouth, et d’avoir cette relation. Et puis, mon appart a une superbe cheminée à manteau, où j’ai disposé de petits voiliers en bois et près de laquelle je range ma planche de surf. C’est, dans ma maison de Toronto, le coin qui rappelle le plus la côte Est, et ça agit sur moi comme un aimant.
ER Quelle a été la réaction à la série de concerts ?
MM C’est totalement fou. Nous avons déjà amassé près de 85 000 $ pour la Mental Health Foundation of Nova Scotia, puis ça va être le tour de la SPCA. J’ai même contribué aux fiançailles d’un couple la semaine dernière en jouant une demande spéciale. Je suis juste content que la fille ait dit oui… Il y a généralement entre un et trois mille spectateurs branchés en direct chaque semaine. Mais je me fous qu’il n’y ait que 10 spectateurs, du moment que j’ai la chance de jouer. Je ne suis pas le même gars les jours où j’ai un show à donner. C’est bien d’avoir dans ma vie tous ces trucs que j’associe à un sentiment de familiarité, parce que de nos jours tout ce qui nous est familier est incroyablement important et précieux, et devrait être chéri.
ER Votre expérience sur YouTube est-elle aussi satisfaisante qu’une prestation sur scène devant public ?
MM Sur le plan émotionnel et mental, oui. D’un point de vue physique, non. C’est assez curieux. Je ne peux pas voir les gens du public, mais je sais qu’ils sont là. Pour moi, c’est immense ; j’ai l’habitude d’être dans une foule chaque soir. Je m’ennuie de voir des sourires de près, je m’ennuie des câlins, de la chaleur. J’aime tout des spectacles sur scène, mais ces prestations au salon s’en approchent pas mal. Quand je me mets au lit le samedi soir, je me sens comme quand je donne un spectacle.
ER Qu’est-ce qui a donné naissance à cet album écrit dans la peau de votre chien ?
MM J’ai passé la plus grande partie de l’année à amener mon chien au parc tous les jours, et c’est devenu propice au recueillement. Je me suis mis à voir le monde en me mettant dans la peau d’un chien. Si on s’arrête à ce qui intéresse vraiment les chiens, il n’y a rien d’autre que la compagnie d’autrui, l’amour, la nourriture et l’eau. Un humain peut apprécier tout ça, et je me suis rendu compte que la simplicité d’être avec des chiens du matin au soir me plaisait. Je ne voudrais pas que les gens pensent que j’ai perdu la boule ; il y a beaucoup de touches d’humour sur l’album… C’est juste que je crois que l’humanité régresserait sans les chiens, et c’est bien de passer un petit moment dans leur monde.
ER Quel effet le confinement a-t-il eu sur votre processus créatif ?
MM Il y a eu beaucoup d’éléments positifs. Ç’a été une bonne chose de laisser libre cours à mon « moi d’intérieur », de trouver qui je suis dans le refuge de mon foyer et de mes pensées. Je crois que beaucoup de gens sont plus portés à l’introspection, à mettre le doigt sur ce qui les contrarie dans leur vie. Ç’a posé toutes sortes de défis, mais il y a aussi eu beaucoup de beauté dans ça. Cette période nous a rappelé le plus important, qui est de prendre soin de soi. Si tout le monde retrouve ses meilleurs traits de caractère et laisse tomber ses pires, alors il y aura eu un progrès pour l’ensemble de l’humanité.
ER Vous êtes un fervent du surf. En quoi ce sport a-t-il influencé votre vie d’artiste ?
MM Pas besoin de faire de la musique ou du surf pour savoir que les deux font la paire. Ce sont deux activités très contemplatives. Une vague se décortique en minuscules éléments : d’où elle vient, sa personnalité, comment elle déferle. Chaque vague qu’on chevauche est comme un flocon de neige : totalement unique, à l’instar de chaque être humain. La musique, c’est pareil. On se dit qu’on n’écrira plus jamais une seule chanson, et puis voilà qu’une autre chanson vous apparaît. C’est un merveilleux rythme cyclique.
ER Parlez-nous de votre spot de surf préféré.
MM La pointe de la plage de Lawrencetown, en Nouvelle-Écosse. C’est pas les meilleures vagues au monde et on peste beaucoup, mais là-bas j’ai la chance de voir la plupart de mes vieux amis. Même si je sais qu’il y a de meilleurs breaks ailleurs, je vais probablement continuer d’aller à la pointe juste pour voir mes potes.
ER Quel rôle les voyages ont-ils joué dans votre vie et votre musique ?
MM Je suis très à l’aise quand je voyage. Tout pays, toute ville est comme une chanson super. Le monde où nous vivons est composé de toutes sortes de parties fantastiques qu’on a envie d’écouter et de réécouter. À chaque écoute, on entend du nouveau. Et dans chaque ville, les gens sont juste ça : c’est cool de réaliser que nous sommes à 99 % identiques. Tout le monde danse, mais chacun danse différemment. Je viens de Nouvelle-Écosse, où les gens aiment danser, boire et manger, et aiment leurs familles. En voyage, je recherche ces choses fondamentales, et les gens semblent plus s’ouvrir à moi.
« Je suis très à l’aise quand je voyage. Tout pays, toute ville est comme une chanson super. Le monde où nous vivons est composé de toutes sortes de parties fantastiques qu’on a envie d’écouter et de réécouter. À chaque écoute, on entend du nouveau. »
Le questionnaire
- Voisin de rêve Neil Young. J’ai l’impression que c’est un gars qui aime rigoler.
- Destination à voir absolument Le Sri Lanka. Le surf y est génial. C’est aussi un endroit où les valeurs familiales, la cuisine, l’amour et la musique jouent un rôle important.
- Souvenir préféré Il y a pas mal de sable dans ma guitare, de tout un tas de plage. Apercevoir ce sable au cœur de l’hiver, ça donne chaud au cœur.
- Essentiels de voyage On peut toujours acheter des shorts et des t-shirts, mais j’ai besoin de traîner une bonne paire de gougounes.
- Le voyage a le pouvoir de… Vous faire voir les choses d’une façon plus positive, puissante et magique.
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