Mélanie Labelle est une force sur laquelle mise

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La première fois où elle s’est vu conseiller le rugby, Mélanie Labelle a roulé des yeux. Elle avait considéré le tennis, puis le ski de fond et la natation, sans déclic. À l’été 2016, au centre de réadaptation où elle logeait, l’équipe médicale l’a assise dans un fauteuil roulant doté d’accessoires inhabituels.

« Les thérapeutes m’ont mis des gants qu’ils ont fixés à mes coudes avec du duct tape et m’ont dit : « Fonce. » » À la manière d’une auto tamponneuse, elle s’est lancée vers son opposant dans un vacarme de pièces de métal qui s’entrechoquent et d’éclats de rire. Trois ans et demi plus tard, Mélanie est la seule femme du programme de l’équipe canadienne de rugby en fauteuil roulant.

Mélanie est née sur les pistes de ski de l’Outaouais, a grandi avec la taille de ses dossards, et n’a jamais cessé de bouger. Même après avoir subi une blessure à la moelle épinière en mars 2016 : la danseuse de swing acrobatique de compétition s’est cassé le cou en effectuant une fausse manœuvre et a aussitôt perdu l’usage des jambes, des mains et d’une partie des bras.

« Mon corps en état de choc, je ne savais pas quelles fonctions j’allais récupérer », raconte Mélanie. Mais sitôt confirmée la permanence de ses limitations motrices, elle était déterminée à réapprendre le mouvement. « C’était un sentiment de survie. J’avais besoin de rester Mélanie dans cette nouvelle vie-là. »

Mélanie Labelle sur le terrain avec son équipe de murderball
Pour marquer, deux des roues du fauteuil roulant du joueur en possession du ballon doivent franchir la ligne de but adverse.    

Quelques mois après la blessure, elle se joignait aux gros gabarits des Machines de Montréal, un club de rugby en fauteuil roulant. À son arrivée, la recrue de l’aile défensive, blottie dans un fauteuil surdimensionné, a rencontré sa famille adoptive. « Chaque membre de l’équipe se réalisait par son handicap. C’est ce qui m’a accrochée. Tout de suite, j’étais one of the boys. »

D’emblée, le rugby s’est présenté comme la meilleure forme de réhabilitation. Au départ, « mon cerveau envoyait des commandes à mon corps qui ne répondait pas, mais à force d’essayer, j’y arrivais ». Étant parvenue à lancer le ballon et à se servir de son corps comme coussin d’attrape, elle s’est taillé une place dans l’équipe du Québec un an plus tard.

En mars 2019, Mélanie a été sélectionnée par le programme de l’équipe canadienne. Arborant fièrement le numéro 22 depuis, c’est en jouant aux côtés de ceux qu’elle appelle ses héros qu’elle gagne du terrain.

Ce saut dans les grandes ligues s’est accompagné d’un autre exploit : recommencer à danser, cible qu’elle croyait hors de portée au temps où elle séjournait dans sa chambre du centre de réadaptation. « Il y a certaines portes que j’avais fermées en me disant que ce ne serait plus jamais comme avant. Je craignais que le fait d’être en fauteuil roulant entrave ma connexion physique et émotive à mon partenaire de danse. Bien que l’expérience soit très différente, la sensation est toujours là. » Et puisque rien ne l’arrête, ne soyez pas surpris de la voir un jour dans la neige folle d’une piste de ski, dossard numéroté sur le dos.
 

Les villes coup de cœur de Mélanie

  • Misawa, Japon « Spacieuses et immaculées, les toilettes publiques de cette ville sont hyper adaptées aux personnes à mobilité réduite. La culture du respect est également très présente dans tout le pays. »
  • Prague, République Tchèque « Bien que ses rues soient pavées, elles sont facilement navigables. J’ai pu partir à l’aventure, prendre le train, faire les boutiques du centre-ville et tout ça, avec une aide minimale. »
  • Munich, Allemagne « Lors d’une escale en Allemagne, j’ai pris le train vers Munich pour y passer quelques heures. Partout où j’allais, on installait des décorations pour les marchés de Noël qui ouvraient la semaine suivante. Je me suis promis d’y retourner. »