Alors que le soleil descend sur l’Arena Coliseo de Mexico, résidents et touristes pénètrent dans ce foyer de la lucha libre. Ils soufflent dans des trompes, boivent de la bière dans des gobelets de carton, tentent d’attirer l’attention du vendeur de popcorn. Il fait frais dans le stade, mais la chaleur générée par toute cette foule est palpable.
Ce samedi soir de lutte met en vedette les luchadoras : de menaçantes lutteuses masquées qui rivalisent pour se tailler une place dans un bon vieux boys’ club. Les lumières clignotent, les spectateurs sifflent, les haut–parleurs beuglent un hymne. Sanely, 37 ans, lutteuse de troisième génération (et diplômée en psychologie), traverse la passerelle : bottes en cuir verni aux genoux, trench noir aux manches à écailles luisantes, short bleu et noir et soutien–gorge sport assorti. Son masque rappelle le S de son nom et rend hommage à son père, le légendaire lutteur Mano Negra. Un murmure d’excitation parcourt la foule quand la lutteuse monte sur le ring.