Rendez-vous à Menahwesk
Un reporter noir et mikꞌmaw de la Première Nation d’Elsipogtog redécouvre le Passage du part de Saint John grâce à First Nations Storytellers.
Me voici sur le Passage du port de Saint John, prêt pour la visite pédestre de 1,5 km guidée par David Smith, de First Nations Storytellers. La distance est courte, mais la balade dure deux heures parce qu’il y a des histoires autochtones à raconter à chaque détour.
Au moment de se présenter, M. Smith m’annonce qu’à la naissance, il s’appelait Elton John Cloud. C’est un survivant de la rafle des années soixante qu’on a enlevé de chez lui, sur le territoire de la Première Nation miꞌkmaw de Metepenagiag, et placé dans une famille non autochtone à un an. Ces dernières années, il travaille à retrouver son identité miꞌkmaw, et c’est en partie pourquoi il a cofondé First Nations Storytellers : pour faire revivre ce savoir pour lui-même.
Avant le départ, il m’explique que les Wolastoqiyik, gardiens du territoire traditionnel où nous sommes, appelaient Menahwesk ce qui est devenu Saint John. Pendant plus de 5000 ans, avant les premiers contacts avec les Européens au XVIIe siècle, des membres de la confédération Wabanaki (les Wolastoqiyik, Miꞌkmaq, Abénaquis, Pentagouets et Pescomodys) se réunissaient dans ce havre pour y faire du troc. Au loin, les bruits de chantiers de construction résonnent tandis que nous cheminons.
Près d’une carte du port, M. Smith explique que la rue Bentley était jadis pour cette confédération un important portage sur la Wolastoq, ou fleuve Saint-Jean. En wolastoqey latuwewakon, la langue des Wolastoqiyik, Wolastoq signifie « abondante et belle rivière ». Les Wolastoqiyik sont « le peuple de la belle rivière abondante ».
Un train moderne passe bruyamment. « Je n’ai pas pris conscience à quel point la rafle des années soixante m’a affecté avant d’aller à un cercle de la parole, où j’ai été frappé de plein fouet par mon incapacité à parler la langue », raconte M. Smith. D’autres visites guidées de la ville racontent l’arrivée de l’explorateur français Samuel de Champlain, la constitution par charte royale de Saint John en 1785 et la vie d’autres personnages historiques. Avec sa balade guidée, M. Smith veut ramener à la mémoire le mode de vie de la confédération Wabanaki et rappeler comme on l’a bouleversé.
Même s’il vit à Saint John depuis 2001, il ne connaissait pas son importance pour les Wolastoqiyik et la confédération Wabanaki. Il ne l’a comprise qu’il y a deux ou trois ans, en commençant à éplucher les archives. Alors que nous bouclons le Passage du port et arrivons à une bifurcation, il indique une grosse butte arborée. C’est un antique tumulus. « Nos ancêtres n’enterraient pas leurs morts n’importe où », précise-t-il.
Nous allons dans un parc gazonné nous asseoir sur un banc dominant le port et un pont d’étagement. M. Smith me tend une peau de castor à la fourrure brune, douce et chaude. Il me raconte l’histoire d’un castor géant, kopit en miꞌkmaq, ayant construit un gigantesque barrage. Quand celui-ci se mit à causer des inondations, les gens des environs firent appel à Kluscap (personnage à la force et aux pouvoirs immenses de la Tradition Orale de la confédération Wabanaki) pour de l’aide. Kluscap tenta de raisonner Kopit, en vain ; le castor soutint que le barrage était sa façon de prendre soin de sa famille. Kluscap réduisit donc Kopit à la taille des castors actuels, pour que tous puissent vivre en harmonie.
L’histoire fait écho à la vision de ce qu’est la réconciliation pour M. Smith : démolir ce qui était afin de construire mieux. Elle dénote aussi la tâche qu’il s’impose comme conteur. « Si je peux changer l’opinion d’une personne, alors ça allège le fardeau de notre peuple. »
First Nations Storytellers — Saint John, NB
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