Cette ethnobotaniste allie science et tradition squamish dans ses soins pour la peau
Leigh Joseph récolte des ingrédients sauvages dans les forêts, estuaires et prairies subalpines près de chez elle, à Squamish, en Colombie-Britannique. Dans un panier tressé, elle recueille pétales et fruits d’églantier, achillées millefeuilles, bourgeons de peuplier et orties, qu’elle sèche ensuite et transforme en huiles essentielles et en poudres pour sa marque de produits cosmétiques et médicinaux, Skwálwen Botanicals.
Si elle a une formation en ethnobotanique (science qui explore les liens entre les humains et les plantes), son propre lien avec la nature est enraciné dans son enfance. Membre de la Nation Squamish, elle se rappelle ses visites chez son grand-oncle Chester et sa grand-tante Eva à la Première Nation Snuneymuxw, à cueillir les légumes au jardin, à pêcher à la rivière et à aider à accrocher le saumon au fumoir. « Ces expériences m’ont amenée à mettre en lien la culture, les plantes et la santé », explique celle qui utilise aussi son nom ancestral, Styawat.
Après une maîtrise en ethnobotanique à l’Université de Victoria, elle s’est installée à Dawson, au Yukon, où elle a lancé sa marque en 2017. Elle a commencé par des baumes et tisanes qu’elle offrait en cadeau, avant de les vendre dans des marchés de Noël. La marque Skwálwen comprend à présent huiles pour le visage, toniques et masques, produits dans son atelier de Squamish (où elle est de retour depuis deux ans) à partir d’ingrédients de cueillette respectueuse et durable. « Skwálwen est un mot squamish qui fait référence à la relation entre l’esprit et le cœur, à notre façon d’évoluer dans le monde, » précise-t-elle.
« Skwálwen est un mot squamish qui fait référence à la relation entre l’esprit et le cœur, à notre façon d’évoluer dans le monde. »
À mesure que croît l’entreprise, Leigh Joseph entend continuer à rapprocher savoirs botaniques autochtones et science occidentale. Elle aimerait collaborer avec un laboratoire pour produire des extraits végétaux selon des méthodes naturelles et traditionnelles. « Je veux démontrer que le savoir botanique autochtone va bien au-delà du folklore, où on le relègue trop souvent, explique-t-elle. Nos ancêtres appliquaient des méthodes scientifiques d’observation et d’expérimentation, avec un aspect spirituel. »
Mme Joseph termine également à l’heure actuelle un doctorat sur la prévention et le traitement du diabète de type 2 chez la Nation Squamish qui intégreraient un meilleur accès aux plantes. Cette dernière année, elle a animé avec des membres de la communauté des ateliers et des voyages de récolte pour les aider à renouer avec le savoir perdu face au colonialisme.
Ses grands-parents paternels, son grand-oncle Chester et sa grand-tante Eva sont tous passés par les pensionnats autochtones, d’où l’importance pour elle de transmettre le savoir squamish à ses deux jeunes enfants. « Ils sont tellement fiers de cueillir, je peux les entendre remercier les plantes. Être témoin de cet attachement prend tout son sens, car ma famille n’a pas eu cette chance. Ça me réchauffe le cœur. »
Trucs pour une cueillette respectueuse
- « Avant de cueillir une plante, apprenez tout ce que vous pouvez à son sujet. Comment change-t-elle avec les saisons ? Quels insectes ou animaux dépendent d’elle ? »
- « Apprenez comment contribuer au bien-être de la plante par le désherbage, la dispersion des semences, le bouturage ou le drageonnage. »
- « Si la plante est prolifique et répandue et que vous êtes sûr qu’elle n’est ni sacrée ni menacée, faites une petite récolte de différents plants, en vous limitant au nécessaire. »
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