Parlons de sport avec Ellen Hyslop de The GIST
La cofondatrice du média sportif de Toronto mené par des femmes nous parle de destinations et d’événements tendance.
enRoute Lorsque vous avez cofondé The GIST en 2019, l’industrie du sport était une affaire d’hommes: moins de 4 % de la couverture médiatique traditionnelle était réservée au sport féminin et 14 % des journalistes étaient des femmes. Qu’est-ce qui a changé ?
Ellen Hyslop Heureusement, les choses ont beaucoup changé. Nous sommes fières d’avoir participé à ce changement, ou du moins d’avoir encouragé les gens à y réfléchir. Une étude publiée par Wasserman et RBC à la fin de 2023 révèle une augmentation importante de la couverture du sport féminin. Dans les médias traditionnels, le chiffre se situe désormais entre 5 et 7 %, et il atteint les 15 % si l’on tient compte des médias numériques. La démocratisation des médias numériques et sociaux a popularisé le sport féminin en donnant une place aux entreprises comme les nôtres. Cependant, le nombre de femmes et de personnes non binaires en journalisme sportif se situe toujours entre 14 et 18 %.
ER Parmi les femmes qui occupent un poste de direction, 94 % ont pratiqué du sport, comme vous. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
EH Tout est question des avantages que procure le sport. Il favorise la confiance en soi et les aptitudes sociales. On développe d’importantes compétences et on apprend quand il faut mener ou suivre et comment soutenir l’équipe. La performance y joue aussi un rôle clé. La plupart du temps, le sport comporte un objectif, qu’il s’agisse de gagner une course ou un match. Quand on combine la performance et l’aspect compétitif au travail d’équipe, à la solidarité et à d’autres compétences, on obtient un résultat inégalé.
Femmes et sport au Canada a publié un article sur les facteurs qui font que les femmes qui pratiquent du sport deviennent d’excellentes dirigeantes.
ER De l’engouement pour le March Madness de la NCAA aux foules records qu’a attirées la LPHF, cette année marque un grand moment pour le sport féminin. Selon vous, quel a été le tournant ?
EH Je repense à 2020 et à la covid. La pandémie a fait avancer les discussions dans la société, notamment en ce qui concerne le mouvement Black Lives Matter, et nous a encouragés à réévaluer notre situation. L’égalité était au centre des discussions, ce qui a eu un effet sur l’écosystème du sport féminin.
Au même moment, deux événements clés ont eu lieu dans le monde du sport. D’abord, la National Women’s Soccer League, aux États-Unis, a tenu la première édition de la Challenge Cup. Comme elle a été la première à entrer dans l’ère du sport en temps de covid, elle a soulevé l’intérêt de nombreux fans qui avaient hâte de regarder du sport, et qui ont eu l’occasion de voir un excellent match. Avant la covid, l’engouement n’aurait pas été le même.
Puis, il y a eu les saisons dans des bulles de la WNBA et de la NBA. J’adore le nom de celle de la WNBA, Wubble, qui a été fantastique. J’ai pu voir certains des meilleurs matchs de basketball que j’ai vus de ma vie. Une fois de plus, les gens avaient hâte de regarder du sport et le Wubble était une bonne occasion de le faire. La WNBA a aussi ouvert la discussion d’un point de vue culturel en raison de son implication dans le mouvement Black Lives Matter. La WNBA a suscité l’intérêt du public en tant que ligue qui prône le changement sur le terrain et hors du terrain.
ER Allons à l’essentiel : les statistiques sont la devise du monde du sport. Quelle statistique du sport féminin vous a le plus impressionnée récemment ?
EH Dernièrement, le prix des billets pour le carré d’as du March Madness féminin était trois fois plus élevé que celui du March Madness masculin. Cette tendance témoigne de la popularité du sport féminin et d’une des raisons pourquoi les matchs de basketball universitaire féminin devraient avoir lieu dans de plus grands stades.
ER Malgré ces grandes avancées, il y a encore beaucoup à faire pour atteindre l’égalité, notamment en termes de salaire et de couverture. Quels sont les changements à prioriser ?
EH Malheureusement, le sport féminin reflète notre société en général. On remarque que, dans le monde des affaires, les hommes sont embauchés ou promus par rapport à leur potentiel, et les femmes par rapport à leur expérience. La même chose se produit dans le sport féminin. Lorsqu’il est question d’investir dans l’écosystème et les athlètes féminines, il y a beaucoup de pression pour générer des profits ou un grand auditoire immédiatement.
Les ligues masculines ont une bien plus grande marge de manœuvre. Il a fallu beaucoup de temps à la NBA, à la LNH, à la NFL et à la MLB pour atteindre leur place actuelle. Il faut voir le sport féminin comme un nouvel écosystème en pleine croissance. On doit y investir autant que pour le sport et les fondateurs masculins pour qu’il puisse se développer. Les plantes ont besoin d’eau pour pousser. C’est la même chose pour le sport féminin.
ER Mettons quelques endroits sur la carte. Quelles sont les meilleures destinations pour les fans de sport féminin ?
EH Je dirais Portland, en raison du Sports Bra, le premier bar consacré au sport féminin. Portland est un incontournable en matière de sport féminin, surtout en raison des Thorns de Portland de la NWSL. Seattle est aussi un incontournable en raison du Storm de Seattle de la WNBA. Comme elle n’a pas d’équivalent dans la NBA, c’est l’équipe de Seattle. C’est vraiment génial de voir des gens porter des chandails de Kia Nurse ou de Sue Bird.
À Toronto, il y a le Peaches Sports Bar, un bar LGBTQA+ qui vise à diffuser du sport féminin dans un cadre sûr et inclusif. Je le recommande fortement pour aller voir quelques matchs.
La Californie est tout indiquée en matière de soccer féminin, en particulier San Diego, où joue le Wave de San Diego. Il y a aussi Kansas City, foyer du Current de Kansas City et site du tout premier stade construit pour le sport féminin en Amérique du Nord.
ER Quel est le plus gros événement sportif féminin ?
EH D’après moi, la finale des Internationaux de tennis des États-Unis. La finale du March Madness de la NCAA sort également du lot, mais le Grand Chelem, le tennis et New York, c’est difficile à battre.
Quand on a fondé The GIST à Philadelphie avec Comcast NBCUniversal et Techstars, on n’était qu’à quelques minutes en bus de l’événement. On était à New York pour une formation quand Bianca Andreescu a remporté l’US Open. On a obtenu des billets pour la finale et on a vu Bianca affronter Serena Williams. C’est probablement l’un des meilleurs moments de sport de ma vie.
ER Les Jeux olympiques de Paris 2024 seront les premiers à afficher une parité hommes-femmes. Quelles épreuves féminines surveillerez-vous ?
EH Je suis une vraie mordue de soccer ; je vais donc suivre de très près l’équipe nationale féminine du Canada. J’ai également hâte aux épreuves de natation, où les Canadiennes vont s’illustrer.
Le questionnaire
- Hublot ou allé Avant, j’aurais dit hublot, mais maintenant je dirais allée.
- Voisine de rêve Serena Williams
- Souvenir préféré Je suis allée en Inde en 2017 et j’ai fait un exercice de peinture avec un vendeur qui tenait un kiosque dans un marché. Il nous a appris à dessiner un magnifique éléphant sur le dos d’une vieille carte postale. C’est un très joli souvenir que je garde sur mon manteau de cheminée.
- Truc de voyage Je voyage seulement avec un bagage à main. Je m’assure toujours d’avoir un bon ratio sac à main/bagage à main. Selon ma destination, par exemple si les routes risquent d’être pavées ou cahoteuses, j’apporte un sac à dos de voyage. S’il s’agit d’un court voyage d’affaires, j’apporte ma valise à roulettes.
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