Les Jardins Lakou, la décolonisation de l’offre des marchés
En faisant pousser des légumes-feuilles et des légumes d’abord cultivés par les Premières Nations et les afrodescendants, notre maraîcher de l’année fait œuvre culturelle.
En 2017, Jean-Philippe Vézina, conseiller auprès d’organismes communautaires montréalais, découvrait, en voyage dans son Haïti natal, son désir de transmettre sa culture en cultivant des légumes typiques de la cuisine antillaise. De retour au Canada, il a étudié l’agriculture bio-intensive et suivi un cours auprès de Leah Penniman, autrice de Farming While Black. En 2020 naissaient sur un lopin de Dunham, dans les Cantons-de-l’Est, au Québec, Les Jardins Lakou (lakou, c’est « la cour » en créole haïtien, et aussi « chez soi »). « Je propose aux gens de réclamer leur héritage culinaire », suggère M. Vézina.
Sa saison 2020 s’est avérée tumultueuse, mais cette année le nombre d’abonnés à ses paniers bios a doublé, et le jicama, la patate douce, le giraumon, le calalou, le chou cavalier ainsi que les épinards africains ont tous gagné du terrain.
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« À chaque livraison, j’envoie une infolettre aux abonnés dans laquelle je fais un portrait historique et culturel de certains produits, et je propose des recettes », dit-il. Ainsi, l’oseille de Guinée, bien connue en Afrique : « En cuisine, les feuilles de ce légume sont recherchées pour leur goût acidulé et légèrement piquant. »
Si ces notes historiques résonnent particulièrement fort auprès des Québécois afrodescendants, les abonnés de toutes les origines s’en délectent également. « On se rend peu compte du fait que plusieurs de nos aliments ont été d’abord transformés par les Premières Nations et les afrodescendants », conclut-il.
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