Accès réservé : les vols d’Air Canada qui transportent des fournitures médicales indispensables
Le commandant Doug Morris nous dévoile les dessous du projet d’Air Canada visant à transformer des avions de ligne en avions-cargos.
Quand les choses se corsent, il faut innover. C’est ce qu’Air Canada a fait en convertissant trois Boeing 777 (le plus gros appareil de son parc aérien) en avions-cargos. Tous les sièges des classes économique et Économique Privilège en ont été retirés au profit de systèmes d’arrimage et de filets, de façon à ce que ces appareils puissent transporter des fournitures médicales d’un peu partout. Une cabine reconfigurée, sans sièges, peut contenir jusqu’à 144 m3 de fret, en plus des 140 m3 de capacité dans la soute. Au total, on parle d’environ 1000 boîtes : c’est beaucoup de bagages de cabine ! Et puisque ces fournitures sont légères (un peu comme des balles de ping-pong pour qui est habitué de transporter de la machinerie lourde), les cargaisons atteignent le volume maximal avant que le poids total entre en ligne de compte. Qui plus est, nos vols alloués en entier au fret fonctionnent à plein régime : 17 villes sont désormais desservies. D’ailleurs, Air Canada a assuré son plus long trajet le 27 avril, lors d’une course cargo de 16 h 30 entre Sydney et Toronto. D’ici quelques jours, trois A330 d’Airbus s’ajouteront à notre flotte d’avions-cargos nouvellement convertie.
L’innovation est également source de motivation, et les employés d’Air Canada redoublent d’efforts pour que ces transports puissent avoir lieu. Deux T.E.A. (techniciens d’entretien d’aéronef), également formés à la lutte contre les incendies et en secourisme, sont présents sur chaque vol de Boeing 777 reconfigurés afin d’inspecter aux 30 minutes la cabine. J’ai récemment participé, aux commandes du Boeing 787-9 Dreamliner, à une de ces missions, à Shanghai, avec escale à l’aéroport international de Narita à Tokyo. (Les sièges du 787-9 n’ont pas été retirés : on n’y transporte du fret qu’en soute.) Je dois dire que c’était étrange de me promener dans un appareil aux 298 sièges vides, sans agent de bord. Mais on s’adapte. Diable, nous, les pilotes, devons nous débrouiller pour comprendre comment faire du café, réchauffer nos repas et apprivoiser le système de divertissements à bord pour regarder des films pendant nos temps de repos. On a l’air de gamins dans une cuisine, à ouvrir chaque placard. Je n’en apprécie que plus les agents de bord d’Air Canada.
Doug Morris est auteur, météorologue, instructeur et commandant de Boeing 787 d’Air Canada.