Les pilotes de ligne évitent le mauvais temps grâce au radar

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Le radar météo est le meilleur ami du pilote, et il y en a un dans le nez de chaque appareil d’Air Canada.

Que je sois en vol ou pas, je reste au fait des prévisions d’intempéries. On voit beaucoup de choses à une ou deux centaines de mètres d’altitude ou à l’altitude de croisière — mais pour celles qui m’échappent, je suis content de pouvoir compter sur le radar météo de mon appareil. Le radar détecte les précipitations, qui, si elles sont importantes, impliquent des turbulences, car l’air est instable et en mouvement et peut provoquer des secousses.

Le radar est logé dans le nez des avions de ligne ; c’est ce qu’on appelle un radôme (dôme radar), qu’une charnière permet d’ouvrir pour l’entretien. Le radar météo a ses origines dans la technologie de la Seconde Guerre mondiale (comme son cousin, le micro–onde). Le radar envoie des impulsions d’énergie à micro–ondes, que les précipitations réfléchissent vers le récepteur. C’est un excellent détecteur de pluie; cependant, certains autres types de précipitations réfléchissent moins d’énergie, de sorte qu’un pilote doit mettre en doute ces « retours ».

18 août 2020
Air Canada B787 Arbre de Noël du poste de pilotage

En général, l’information qui apparaît sur l’écran radar ressemble beaucoup à ce que vous voyez dans l’appli météo de votre téléphone portable : les précipitations légères sont indiquées en vert, celles d’intensité moyenne en jaune, le rouge indiquant les précipitations allant de fortes à extrêmes. (Certains radars utilisent le magenta pour les précipitations extrêmes.) Les pilotes évitent ces zones rouges.

Le radar de mon Boeing 787 intègre une technologie à balayage multiple où seule la météo dangereuse est affichée. La portée du radar d’un avion de ligne est généralement de 320 milles marins ; comme pour nos radios et notre visibilité directe, elle est limitée en raison de la sphéricité de la Terre. Maintenant que nous avons accès à Internet dans le poste de pilotage, nous pouvons télécharger les données radar presque en temps réel, mais, compte tenu du léger délai sur Internet, c’est notre radar de bord qui prime.

Aujourd’hui encore, une excellente méthode pour éviter les fortes averses et les nuages annonciateurs de turbulences (et il s’agit aussi d’un complément essentiel à la technologie des radars) consiste à utiliser ses deux yeux. Je me trouve souvent en train de scruter le ciel ou, la nuit, avec les lumières tamisées dans le poste de pilotage, à regarder attentivement par le pare–brise.

Un gros plan d'un écran à l'aide d'un radar météorologique sur un avion d'Air Canada

En savoir plus sur le radar

  • « Radar » est l’abréviation de radio detection and ranging.

  • Le radar météo est né par inadvertance lors de la surveillance radar pendant la Seconde Guerre mondiale. Les opérateurs chargés de surveiller les manœuvres ennemies ont découvert que certains phénomènes météorologiques provoquaient des échos sur leurs écrans qui pouvaient masquer les cibles ennemies. Après la guerre, la recherche sur ce « bruit radar » a donné naissance au radar météo.

  • La procédure exige que le radar météo soit allumé en vol, mais éteint lorsque l’avion est garé ou à l’approche d’une porte d’embarquement.

  • Chaque appareil d’Air Canada est équipé d’un radar météo. Ce n’est pas le cas des petits avions.

  • D’habitude, le radar météo ne détecte pas les turbulences. Les signaux répercutés par les fortes précipitations d’un orage sont directement liés aux puissants courants d’air ascendants et descendants qui sont nécessaires pour que se forment des gouttes d’eau de taille et de densité significatives. Le Boeing 787 que je pilote signale les turbulences causées par des vents de cisaillement jusqu’à 64 km de distance, au moyen de la couleur magenta.

  • L’expression anglaise « painting on the weather radar » désigne, dans le jargon de l’aviation, les conditions présentes telle qu’elles apparaissent à l’écran.

  • Les pilotes anglophones d’expérience signalent les échos–radar en ces termes : « cell », « build up », « convective build up », ou simplement « weather » (comme dans la phrase « Denver Center, weather droit devant, demandons un virage de dix degrés vers la gauche »). On emploie aussi « painting weather » et « good returns » (quand le radar météo capte des cellules orageuses).

  • Les pilotes internationaux observent avec attention leur radar météo en traversant la ZCIT (Zone de convergence intertropicale) près de l’équateur, où les menaces d’orages sont fréquentes.

  • Les précipitations, en ordre décroissant selon la force de leur écho à l’écran : grêle humide, pluie, neige mouillée, grêle sèche, cristaux de glace, neige, bruine.

Portrait du capitaine Doug Morris d'Air Canada
Photo : Reynard Li

Doug Morris est auteur, météorologue, instructeur et commandant de Boeing 787 d’Air Canada.