J’ai franchi plus de 50 fois l’équateur sans jamais manquer de consulter l’ordinateur de navigation à l’approche de la latitude zéro. Changer d’hémisphère est un plaisir de la navigation que peu de gens connaissent. En outre, c’est la possibilité de passer de l’hiver à l’été : l’Australie peut cuire quand il fait –40 °C à Winnipeg, et aller au Chili en juillet permet des retrouvailles avec le ski. En prime, un vol nord–sud est exempt de décalage horaire : un trajet de 10 heures dans le même fuseau horaire n’affectera nullement votre horloge interne.
Il y a peu de fronts météorologiques près de l’équateur, juste une masse d’air chaud et humide. Les tempêtes tropicales et ouragans (ou typhons) ne le franchissent pas, et les courants–jets le font rarement. Mais il existe un phénomène météo unique à l’équateur : la zone de convergence intertropicale (ZCIT), une ceinture d’orages oscillant du nord au sud qui arrosent les forêts tropicales d’Amazonie, du Congo et d’Indonésie. La troposphère (la couche de l’atmosphère terrestre où nous vivons) étant plus épaisse à l’équateur, ces nuages de pluie peuvent grimper à haute altitude, mais les radars météo nous permettent de les contourner en avion. Étant météorologue, je peux aussi me guider grâce aux satellites météo géostationnaires à 35 786 km au–dessus de l’équateur.
À l’équateur, où la circonférence de la planète est à son maximum, la vitesse de rotation de la Terre à la surface est de 1670 km/h. Voilà qui vaut la peine qu’on y réfléchisse pendant qu’on profite de la vue.