Croyez–le ou non, la signalétique des aéroports n’est pas censée vous sauter aux yeux. Comme l’a dit le Suisse Adrian Frutiger, qui a créé la police Roissy pour l’aéroport de Paris–Charles de Gaulle (dont la police de caractères imprimables Frutiger est dérivée), la typo à l’aéroport ne devrait pas plus se démarquer qu’une cuiller dans un resto de ramens embué. La signalétique aéroportuaire s’inscrit dans un lieu de transit ; la police étant le principal élément graphique, l’art réside dans la simplicité.
« C’est une question de capacité de traitement du cerveau quand il faut décoder », explique Sarah Hyndman, autrice de Why Fonts Matter. Pas étonnant qu’un test de l’aéroport de Londres–Heathrow ait révélé que la police Frutiger, linéale, se lit près de deux fois plus vite que la stylisée Garamond Italic. L’absence d’empattements (les petits traits au bout des jambages) et les contreformes ouvertes largement de lettres comme c, e et s améliorent la lisibilité de la Frutiger. Un texte facile à lire est facile à saisir ; c’est ainsi qu’on voit les polices Frutiger, Helvetica et Clearview sur environ 75 % des panneaux d’aéroport.