Des astuces de déco pour donner à votre intérieur l’air d’un hôtel

Alors que tout le monde, ou presque, est confiné à la maison, nous avons demandé à Tommy Smythe, designer d’intérieur, vedette de HGTV et voyageur compulsif, comment faire pour que nos espaces de vie dégagent l’atmosphère de luxe et de bien–être d’un hôtel. (Bonne nouvelle : c’est possible même dans le plus petit des condos.) « La tâche qui incombe au proprio est la même que celle du designer d’hôtels, explique Smythe. Le but est de créer un espace accueillant et ordonné, qui répond également aux besoins inhérents de beauté et de convivialité de son unité familiale. »

03 avril 2020
Une bibliothèque élégante et ensoleillée au Ham Yard Hotel à Londres
Les décors pour hôtels de Kit Kemp donnent l’impression qu’on est invité chez quelqu’un.   Photo : Ham Yard Hotel/Simon Brown

Pensez comme un hôtelier. « Ce qui nous plaît à l’hôtel, ce sont les multiples attentions : tout est prêt quand on arrive. Le voyageur d’affaires qui se prépare pour une réunion ne veut surtout pas avoir à se demander : « Où est l’aire de repos ? Et où sont les serviettes ? » Il faut être prêt, et non désemparé. On peut faire ça pour soi–même, pour sa famille ou son conjoint. Même pour une soirée ordinaire à la maison, installez un bar d’honneur comme celui de la chaîne Firmdale Hotels, à la déco signée Kit Kemp, en Angleterre, où après un long vol on a l’impression de se poser en douceur dans un magnifique décor avant de se servir un drink. Ayez un seau à glace et des tranches de citron à portée de main, pour siroter un gin–tonic ou deux en regardant Netflix. Vous vous sentirez bien. »

Suite à l'hôtel Moxy Times Square à New York
Inspiré par son travail au Moxy NYC Times Square, Yabu Pushelberg a lancé Departo, une gamme d’articles de maison qui permet de jouir chez soi du pouvoir transformateur des meubles du cabinet.

Maximisez un espace restreint. « Les chambres minuscules du Moxy NYC Times Square de New York, signées par les designers canadiens George Yabu et Glenn Pushelberg, ont tout ce dont on pourrait avoir besoin. Il y a un long mur parsemé de crochets, où tout est suspendu : un tabouret pliable et des sièges, des cintres pour les vêtements. L’approche minimaliste nous vient des Shakers du nord–est des États–Unis, qui suspendaient tout au mur pour créer des espaces de travail ou de rassemblement. Lorsque ce concept est appliqué à des intérieurs contigus, il convient parfaitement. L’espace au plancher manque peut–être, mais nous avons tous de l’espace mural. Ne décrochez que le strict nécessaire, comme une table et une chaise pour manger vos plats à emporter. »

Le bar digne d'Instagram au Le Coucou dans l'hôtel 11 Howard de New York
Le bar digne d’Instagram du Coucou, à l’hôtel 11 Howard de New York.   Photo : Jennifer Chase

Il n’y a pas que la chambre à coucher. « Les chambres d’hôtel sont importantes, mais c’est dans les aires communes que les designers se donnent à fond. Signé Roman and Williams, le bar du Coucou au 11 Howard de New York est l’un des endroits les plus affichés sur Instagram. Au Carlyle, où ma famille avait l’habitude de séjourner quand elle voyageait avec les Maple Leafs de Toronto dans les années 1960*, l’histoire du design en Amérique du Nord est présente : le hall a été conçu par Dorothy Draper, la salle à manger par Mark Hampton et, bien sûr, il y a le Bemelmans Bar. Créez du neuf en prévision du jour où vous pourrez de nouveau recevoir du monde : changez la disposition des meubles, refaites la peinture, déplacez les objets décoratifs. Tout est dans le détail. »

*Oui, Tommy est l’arrière–petit–fils du célèbre Conn Smythe.
 

La propreté est de rigueur. « Parlons ménage : une partie du luxe de la vie en hôtel tient au fait que le lit est fait, que la salle de bain est étincelante, que la cafetière est prête. On se fait servir. C’est charmant, mais ce n’est pas comme ça que ça passe chez vous. Pourtant, tout le monde peut faire son lit : imaginez le contraste entre un lit froissé à la fin d’une longue journée et des oreillers bien tapotés et accueillants. Pliez les choses, accrochez–les, faites la vaisselle et rangez–la. En fin de journée, vous ne penserez plus à l’effort et au temps que vous y aurez mis, mais vous jouirez d’une maison propre et bien rangée. »

Suites avec fenêtres pleine longueur face à l'océan au Fogo Island Inn
Le Fogo Island Inn, qui est l’endroit préféré de Smythe dans le monde, a des chambres qui célèbrent le style terre–neuvien, y compris des courtepointes artisanales.   Photo : Alex Fradkin

N’oubliez pas de #resterchezvous. « Les plus magnifiques hôtels sont ceux qui célèbrent le pays où ils se trouvent. Si je ne vois pas de carrelage au Portugal, je ne marche pas. À Londres, il me faut un personnel tiré en uniforme amidonné, du mobilier en acajou et de l’excentricité. À Paris, des fleurs frais coupées et le fumet de la grande cuisine. Rien de plus fade que l’expérience générique. Être contraints à rester chez nous présentement n’est pas si mal. Le Fogo Island Inn signé Todd Saunders, l’endroit au monde que je préfère, est la preuve que tout ce qu’il nous faut est à portée de main : courtepointes artisanales, feu de foyer, vue sur l’océan. Tout est bien pensé, en fonction du lieu. Si on peut y parvenir sur un rocher aux confins du monde, tout le monde le peut. »

Tommy Smythe assis sur le lit dans la suite Lucky Stryke de l'hôtel Gladstone de Toronto
Smythe a conçu la chambre Lucky Stryke au Gladstone Hotel de Toronto. On y voit ses sérigraphies, inspirées de pochettes d’allumettes de célèbres bars gay de Toronto.   Photo : Ryan Bolton

Planifiez votre prochain séjour. « Le moment est vraiment propice pour pratiquer la solidarité communautaire et la projection optimiste. Mon copain et moi comptons réserver un séjour et payer d’avance l’hôtel. Nous voulons soutenir l’industrie du voyage. Nous voulons également nous projeter dans le monde : c’est essentiel pour notre bien–être et notre équilibre. Nous planifions donc de visiter la Nouvelle–Zélande. Nous commencerons et finirons le voyage dans une salle de bain en marbre, et dans l’intervalle nous camperons dans la nature sauvage. »