Le denim est peut–être bien le plus universel des tissus. Ce robuste tissu sergé de coton est né en France (le mot est une contraction de « serge de Nîmes », sa ville d’origine), mais ce textile vedette est devenu foncièrement américain. Les jeans cadrent avec l’état d’esprit américain, de liberté et de transgression. Ils sont décontractés et cools, utilitaires et résistants, et siéent aux fermiers, aux rockeurs et aux top–modèles. Bruce Springsteen arbore du denim sur une pochette d’album ; Meghan Markle porte un jean troué dernier cri lors de sorties avec le prince Harry.
Peu importe la provenance française du denim, la Caroline du Nord en maîtrise l’art. À compter de la fin du XVIIIe siècle, les cultures commerciales de l’indigo et du coton de l’État, alliées à un accès facile aux chemins de fer, ont fait en sorte que l’industrie du denim y a prospéré. En 1890, tant de trains passaient par Greensboro que la ville a acquis le surnom de Gate City (« ville–porte »). Six ans plus tard, les frères Moses et Ceasar Cone (américanisation de Kahn) arrivaient en ville par un de ces trains et ouvraient l’usine de textiles qui allait devenir la Cone Mills. En 1897, un autre homme, C.C. Hudson, débarquait pour travailler dans une manufacture de salopettes. Quand celle–ci a fermé, Hudson et quelques collègues ont fondé leur propre atelier, qui allait devenir Wrangler. Jusqu’à la fin du XXe siècle, on pouvait affirmer que presque chaque jean aux États–Unis était passé entre des mains nord–caroliniennes.