Que contient le bagage à main d’un polyglotte professionnel ?
Auteur et vlogueur d’Austin, au Texas, Benny Lewis, qui forme de futurs multilingues par l’entremise de son site web Fluent in 3 Months, nous montre ce qu’il apporte en voyage d’immersion linguistique.
Polyglotte autodidacte, Benny Lewis maintient qu’il n’a pas de don inné pour assimiler un nouveau lexique. Pendant son enfance en Irlande, étudier le gaélique et l’allemand ne l’a pas aidé à parler couramment ces langues, et il était unilingue anglophone dans la vingtaine. Il parle désormais 10 langues, apprises lors de séjours dans une dizaine de pays. Sa technique, il la dévoile sur son site, Fluent in 3 Months, et dans plusieurs manuels ; il a même aidé l’auteur Tim Ferriss à apprendre le tagalog en quelques jours, juste à temps pour une entrevue télé. Son conseil : oubliez les règles de grammaire. « Une langue ne s’apprend pas, dit-il. Elle se vit. »
enRoute Vous résumez votre technique par l’expression anglaise « language hacking ». En quoi diffère-t-elle de l’apprentissage linguistique classique ?
Benny Lewis Quand j’ai étudié l’allemand au secondaire, j’ai eu des résultats médiocres. Apprendre de nouvelles langues n’est pas naturel pour moi. Le changement, chez moi, s’est produit quand j’ai cessé de voir les langues comme des matières scolaires, où chaque erreur vous rapproche d’un échec. Si, à titre de débutant, j’arrive à former une phrase, même grammaticalement incorrecte, mon interlocuteur va arriver à me comprendre. Et c’est là-dessus que ma technique se concentre, sur les avantages communicationnels réels, et non sur le nombre d’erreurs.
ER Vos voyages vous ont-ils aidé à peaufiner votre technique linguistique ?
BL Oui. Au secondaire, l’allemand était une sorte de concept inhumain ; j’imaginais l’Allemagne peuplée de robots à la grammaire parfaite. Quand je suis allé en Allemagne, plus tard, et que j’y ai fréquenté une fille, l’allemand m’est apparu comme une langue humaine, comme un moyen de nouer des amitiés et de découvrir le monde. Ç’a radicalement changé mon approche de l’apprentissage des langues, et ça m’a permis de comprendre que c’est normal de faire des erreurs.
ER Votre site web s’appelle Fluent in 3 Months (« parlez couramment en trois mois »). Trois mois, est-ce le laps de temps qu’il faut pour apprendre une langue ?
BL Le nom de mon blogue vient cette idée que les gens ont besoin d’avoir des objectifs et des délais précis. Règle générale, trois mois, c’est vu comme une durée « Boucle d’or » : ni trop longue, ni trop courte. Mais ça reste suffisamment à portée de vue qu’on ressent la pression d’apprendre constamment, chaque jour. Avec la formation que j’ai, je peux apprendre une langue en trois mois, mais ce n’est pas nécessairement ce que je recommande aux autres. Il faut juste préciser pour soi-même la fin qu’on vise.
ER Quelle langue avez-vous préféré apprendre, et pourquoi ?
BL J’entends souvent des gens parler de telle ou telle composante d’une langue qu’ils aiment. Je n’ai jamais pensé de cette façon-là. Pour moi, c’est toujours directement lié aux gens. Et donc, ma langue préférée, c’est le portugais brésilien, parce que le Brésil est mon pays préféré. Les gens y sont tellement accueillants, y compris avec les gens qui voyagent seuls, et j’y ai vécu des expériences tellement riches. Une fois, j’ai passé une partie du carnaval dans une petite ville du fin fond de l’État de São Paulo. Le journal local a même parlé de moi parce que je fêtais vraiment, vraiment fort. La plupart des gens m’ont dit que j’étais le premier étranger qu’ils rencontraient, de leur vie. Et ils me laissaient initier la conversation ; ils étaient très gentils, très curieux d’apprendre à quoi ressemblait ma vie.
ER Pouvez-vous nous faire part d’une expérience vécue en voyage pour la seule raison que vous compreniez la langue du pays ?
BL Une fois, je suis allé en Italie pour donner une conférence qui a été annulée à la suite d’un tremblement de terre. J’ai pris contact avec un ami qui m’a invité au souper pascal de sa famille. À table, je me suis retrouvé avec quatre générations d’Italiens, et j’ai eu des conversations absolument fascinantes. Heureusement, je parlais déjà couramment l’italien. Il est tout à fait impossible de vivre ce genre d’expérience authentique si on n’apprend pas la langue locale. Et il va sans dire que j’ai mangé les meilleures pâtes de ma vie…
Apprendre une langue : les trucs de Benny
- Ma philosophie, c’est qu’il faut parler dès le premier jour. N’attendez pas d’être prêt.
- Écrivez un scénario pour vos premiers échanges (traduisez « Bonjour », « Je m’appelle… »). Gardez-le sous la main pour vous aider.
- Acceptez les erreurs. J’encourage les gens à se lancer et à tenter d’en faire au moins 200 par jour.
- Je peux apprendre une langue en trois mois, mais ce n’est pas nécessairement ce que je recommande aux autres. Donnez-vous des objectifs et des délais précis.
Que contient le sac de Benny ?
- Guides de conversation de Lonely Plant —
Ils contournent la difficulté de former des phrases grammaticalement complexes dans votre tête. Ils se glissent dans la poche et vous enlèvent de la pression.
- IQbuds —
Ces écouteurs sont pas mal à la fine pointe. Ils isolent et amplifient les voix devant vous et éliminent tout le reste, comme le bruit ambiant au bar ou au resto.
- Minuteur de cuisine 60 minutes de KeeQii —
Quand je fais des exercices linguistiques dans un livre, j’utilise la technique Pomodoro de gestion du temps et ce minuteur pour rester concentré par vagues de 25 minutes.
- Manuels Teach Yourself —
Ils vous aident à tenir des conversations grâce à une tonne d’exemples. Ainsi, si je sors manger avec des amis, je peux rapidement consulter le chapitre sur les restos.
- Rangement pour dossier de siège —
En avion, je le suspends au dos du siège devant moi pour avoir accès facilement à tout ce dont j’ai besoin : billet, passeport, masque pour dormir, écouteurs et mon Kindle.
- SwitchPod —
Presto, ce trépied se transforme en perche à égoportrait. Comme vlogueur, c’est un de mes outils favoris.
- Casquette de cadet —
J’ai acheté ma première à Prague. J’ai une peau d’Irlandais qui n’aime pas trop le soleil, et elle réussit à me protéger un peu. Je ne sors jamais sans elle ; c’est devenu ma marque de fabrique.
À lire
-
-
-
Entretien
3 paralympiens d’Équipe Canada parlent rituels de compétition, astuces de voyage et dons de bienfaisance
Nous avons rencontré les athlètes paralympiques Mark Arendz, Tyler McGregor et Frédérique Turgeon pour parler de tout, de leurs premiers souvenirs de voyage aux aliments qui leur manquent lorsqu’ils sont loin de chez eux.
-