Brandon Stansell vedette country sur son « coming out » et son retour chez lui

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En octobre 2019, Brandon Stansell, auteur des hymnes queer Slow Down et Never Know, est retourné dans sa ville natale de Chattanooga au Tennessee pour y donner son premier spectacle depuis son coming out. Ce concert qui marquait son retour est un moment clé de son nouveau documentaire Three Chords and a Lie (disponible pour les membres Aéroplan sur la nouvelle plateforme de diffusion en continu d’Air Canada du 24 au 28 juin, gracieuseté de OUTtv), qui suit Stansell alors qu’il confronte son passé et s’interroge sur l’espoir qu’il exprime à travers sa musique. Il était à Palm Springs lors de notre entretien sur son film, la création LGBTQIA+ et son endroit préféré dans le monde.

24 juin 2020

enRoute Three Chords and a Lie explore le pouvoir réparateur de la musique et la façon dont vous exprimez un point de vue ouvertement queer dans vos chansons. Quelle est votre première chanson qui parle du fait d’être gay ?

Brandon Stansell Mon premier projet était un album–concept sur ma première rupture. J’avais un blocage au niveau de l’écriture parce que je sentais que je n’avais rien à dire. Puis, je me suis fait larguer et j’ai eu de la matière ! La musique a été l’élément cathartique qui m’a permis de traverser cette période de ma vie. Mais c’est aussi le moment où j’ai réalisé que je pouvais faire ce que j’avais toujours voulu faire, c’est–à–dire écrire de la musique !

Tennessee Aquarium, Chattanooga, Tennessee.
Chattanooga, Tennessee.   Photo : Chad Madden (Unsplash)

ER Comment s’est passé votre enfance à Chattanooga ?

BS Je dis toujours que de grandir dans un État du sud en tant que membre de la communauté LGBTQIA+ n’est pas une bonne idée ! Je suis né dans une famille baptiste plutôt stricte, et être gay était en fait la pire chose que l’on puisse être. Donc, c’était difficile de s’afficher. Je rêvais de composer et de chanter de la musique country, un genre qui se prête à raconter des histoires. Mais on disait aux gens comme moi de ne pas raconter nos histoires et de ne pas nous révéler tels que nous sommes. Enfant, on regarde la Country Music Television (CMT). On adore ces vidéoclips, mais on ne s’y reconnaît jamais. C’est plutôt difficile d’exister dans un monde où l’on ne se sent pas le bienvenu.

ER Pourquoi avez–vous voulu y retourner vous produire ?

BS Je n’étais jamais retourné à Chattanooga pour présenter la musique que j’écrivais depuis des années, alors de pouvoir chanter mes chansons et raconter mon histoire m’emballait et me rendait également nerveux ! Il y avait dans le public certains de mes profs gays qui ne s’affichaient pas à l’époque où je fréquentais l’école. Les gens avec qui j’ai grandi à l’église et dont j’aurais supposé qu’ils ne m’accepteraient pas m’ont pris par la main et m’ont dit : « Je pense que ce que tu fais est important. Continue ! » Je suis vraiment content d’avoir pu le faire et je suis reconnaissant que les gens soient venus.

« J’ai décidé que j’allais écrire une chanson pour des gens comme moi et donner une voix à de multiples expériences que nous vivons et qui n’ont pas encore été racontées. »

Le chanteur country Brandon Stansell.
Brandon Stansell.   Photo : Spencer & Lloyd Harvey

ER La chanson Hurt People joue un rôle majeur dans le documentaire. Qu’est–ce qu’elle signifie pour vous ?

BS Après la sortie de Hometown, beaucoup de gens ont eu l’impression que cette chanson sur la révélation de mon orientation était la fin d’un chapitre. Mais en fait, mes relations avec les gens ne se sont pas immédiatement améliorées. Tout le monde n’acceptait pas et n’était pas fier d’avoir un fils, un frère, un neveu ou un ami gay. Ça m’a affecté et ça m’affectera toujours. J’essaie de reconnaître l’humanité des gens et notre bonne volonté collective, mais je sais par ailleurs que nous sommes faillibles et que nous blessons inévitablement les autres autour de nous, qu’on le veuille ou non. Quand je pense à mon histoire dans cette perspective, ça m’aide à trouver un peu de compréhension et de paix. C’est ce qui a inspiré la chanson et je suis vraiment fier du résultat !

ER Qu’espérez–vous que les gens retiennent de Three Chords and a Lie ?

BS J’espère que si des personnes queer voient ce film, elles se sentiront moins seules. J’espère également qu’il incitera les parents, les frères et sœurs ou les amis d’enfants queer à réfléchir à la façon dont ces personnes sont traitées, pas seulement lors de leur coming out, mais dans toute l’histoire qui s’ensuit, et le rôle qu’ils y jouent.

ER Votre EP, également intitulé Hurt People, sortira le 10 juillet dernier et la sortie du single « Like Us » est prévue pour vendredi le 26 juillet. Pouvez–vous nous parler de ce projet ?

BS Mon but était de parler d’expériences vécues par des membres de ma communauté et dont personne ne parle. En octobre, je suis rentré à Los Angeles après le tournage et en roulant sur Santa Monica Boulevard, j’ai entendu Kinfolks, la nouvelle chanson de Sam Hunt, qui parle de ramener sa petite amie à la maison pour la présenter à ses parents. J’ai adoré la chanson, mais j’ai réalisé que je ne pourrais jamais la chanter. Et je ne connais pas beaucoup de membres de la communauté LGBTQIA+ qui le pourraient. Donc, j’ai décidé que j’allais écrire une chanson pour des gens comme moi (comme nous) et essayer de donner une voix à de multiples expériences que nous vivons et qui n’ont pas encore été racontées.

 ER La scène musicale country est assez conservatrice. Qu’aimeriez–vous voir changer ?

BS Je pense que le paysage change. Il y a eu un énorme effort pour combler le fossé de l’inégalité des sexes que nous constatons dans le genre country. Il y a quelques mois, CMT a annoncé qu’elle allait diffuser autant de vidéos d’artistes féminines que d’artistes masculins. C’est encourageant pour quelqu’un comme moi parce que la musique country a non seulement un problème d’équité en ce qui concerne les gays, mais aussi en ce qui concerne les femmes et les personnes de couleur. Quand je vois de tels changements, ça me laisse à penser que le country est prêt à entendre des voix, des perspectives et des histoires nouvelles.

ER Quelle est votre ville préférée pour vous produire ?

BS Ici même à Palm Springs. J’y ai donné quelques spectacles au fil des ans. Si je dois choisir un seul endroit au monde, c’est celui–ci !

Une maison à Palm Springs, entourée de palmiers et de montagnes.
Palm Springs, Californie.   Photo : Cody Board (Unsplash)

Le questionnaire

  • Voisin de rêve Dolly Parton.

  • Premier souvenir de voyage Une visite à San Antonio, au Texas, quand j’avais trois ans. Pendant toute ma vie de jeune adulte, j’ai cru que j’étais allé en Italie, mais c’était en fait le San Antonio River Walk!

  • Dernier voyage Chattanooga en octobre pour filmer le documentaire.

  • Souvenir favori Quand je suis allé à New York pour la première fois, j’ai convaincu ma mère d’acheter un énorme dauphin en laiton et elle l’a porté dans toute la ville. Je ne sais pas ce qu’il est devenu, mais c’est mon souvenir préféré, d’aussi loin que je me souvienne.

  • Voyager a le pouvoir de… vous changer.