Pourquoi Ratatouille est le film gastronomique favori de Phil Rosenthal

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Phil Rosenthal, le créateur d’Everybody Loves Raymond primé aux Emmy, aimait éplucher les guides de voyage avant de visiter une nouvelle ville. Aujourd’hui, c’est lui le mentor. Sa série documentaire touristico–gourmande sur Netflix, Somebody Feed Phil (dont la troisième saison a été lancée en mai), lui a permis de goûter à la cuisine de plusieurs coins du monde, le rendant de bon conseil pour les choses à voir et les lieux où loger et manger, de Marrakech à Montréal, en passant par Londres (il nous a même dévoilé ses adresses favorites de la capitale britannique, à consulter ici). Sur sa liste d’endroits encore inexplorés figure la Nouvelle–Écosse, qu’il compte visiter cet automne puisqu’il est en vedette au festival de films culinaires Devour!, qui se déroule à Wolfville du 20 au 25 octobre (s’il ne peut y être physiquement, il y sera virtuellement). Nous avons discuté avec le scénariste et producteur basé à Los Angeles du festival, de ses premiers voyages en Europe et de la raison pour laquelle un long métrage d’animation pour enfants est son film culinaire favori de tous les temps.

24 septembre 2020
Phil à une table à manger dans l'émission Somebody Feed Phil
Somebody Feed Phil.   Photo : Netflix

enRoute Comment abordez–vous voyage et nourriture depuis que vous animez Somebody Feed Phil ?

Phil Rosenthal Avant de participer à la série, j’ai fait un pilote de série culinaire pour une compagnie de crédit. J’ai mangé dans 27 restaurants en 7 jours, ce qui fait plus de trois repas au quotidien ! Plusieurs étaient des établissements illustres parce que la personne qui m’accompagnait était un chef quatre étoiles et qu’il était curieux. Ça m’a rendu malade, mais je sais aujourd’hui ce qu’il me faut éviter. J’y vais plus mollo et l’horaire de la série me convient. Je ne mange jamais plus de deux repas par jour, et pas avant de me trouver devant la caméra. Un autre secret : je ne finis jamais mon assiette. Je prends quelques bouchées et je file le reste à l’équipe ou à la personne à mes côtés qui en a envie.

ER Le partage du repas est–il un élément important de la série ?

PR Oui. Je dis toujours que la nourriture est la fondation d’une rencontre et que le rire cimente le tout. Tout le monde doit manger, c’est une action universelle qui nous lie tous et toutes. Et si nous partageons des rires, ça fait de nous des amis.

ER Qu’avez–vous appris sur les chefs?

PR Qu’ils et elles sont des artistes et que la nourriture est une forme d’art (pas seulement la grande gastronomie, mais aussi la bouffe de rue). Grilled cheese ou homard, l’art réside dans le fait de les rendre délicieux. Je ne parle pas de la présentation dans l’assiette, bien que ça puisse aussi être de l’art. C’est le goût qui m’importe : l’assaisonnement, la sauce, la cuisson, la provenance. Pourquoi y a–t–il une file devant le restaurant ? Parce que les gens apprécient cette forme d’art de la même façon qu’ils savent goûter la Mona Lisa. Je dois voir ça; je dois entendre l’orchestre, l’artiste qui joue cette pièce que j’aime tant ; je dois manger ce sandwich parce qu’il est délicieux : c’est du pareil au même pour moi. Et peut–être que la nourriture est encore mieux que les autres formes d’art, car on peut la manger. C’est de la culture qu’on peut littéralement dévorer.

Plateaux de homard frais et trempette
Devour! The Food Film Fest.

ER Aimiez–vous manger lorsque vous étiez jeune ?

PR Ma mère n’était pas une grande cuisinière. Elle travaillait à temps plein et n’avait pas beaucoup d’argent, donc l’aspect bonne bouffe, c’est–à–dire le souci des bons aliments, n’était pas une priorité. C’est en quittant la maison que j’ai eu accès à une pluralité de saveurs. Je n’avais jamais voyagé avant l’âge de 23 ans, mais mon séjour en Europe a changé ma vie.

ER Vos premières impressions de l’Europe ?

PR J’ai visité Paris et Florence, et j’y ai découvert un monde où la vie, la beauté et l’art étaient célébrés. J’ai découvert une sorte d’univers parallèle où on ne courrait pas qu’après l’argent (il y avait une vraie quête du bonheur). Provenant d’une culture capitaliste, je n’ai pas compris certaines choses : « Tout est fermé parce qu’il est 14 h ? Je ne peux pas acheter un t–shirt ? Qu’est–ce que vous voulez dire ? » C’était l’heure de la siesta, ce qui voulait dire qu’il était temps d’apprécier la journée. Une idée du genre ne m’avait jamais traversé l’esprit.

Phil debout au milieu d'un marché exotique sur un épisode de Somebody Feed Phil
Somebody Feed Phil.   Photo : Netflix

ER Qu’avez–vous hâte de découvrir au festival de films Devour! ?

PR Je veux voir la Nouvelle–Écosse, car je n’y suis jamais allé. Je sais que j’aime le saumon néo–écossais et on m’a dit que c’était un coin du monde très pittoresque. Si les choses reviennent quelque peu à la normale, j’y serai en personne. Sinon, vous me verrez sur Zoom, comme c’est le cas pour presque tout le monde ces temps–ci.

ER Au festival, pour votre projection et séance de questions–réponses, vous avez choisi le film Ratatouille. Pourquoi ?

PR Il présente les aspects d’une cuisine en détail : chefs, business, restos. Je pense que c’est le plus fidèle portrait de la gastronomie jamais réalisé parce qu’il réussit à illustrer ce que c’est d’être passionné de nourriture. On y présente non seulement le meilleur de la gastronomie dans un film, mais aussi le meilleur de la vie (oui, je suis conscient que je parle d’un film d’animation de Pixar). Je pense particulièrement à une scène vers la fin du film où le critique, difficile, prend une bouchée de ratatouille et plonge soudainement dans ses souvenirs d’enfance. Pour moi, c’est tellement fort : c’est ce que nous cherchons tous. Nous voulons revivre les sentiments liés à nos premières expériences.

Une scène de Ratatouille de Disney de Rémy le rat cuisinant une omelette
Ratatouille.

ER Comment allez–vous vous mettre en appétit (littéralement) pour le festival ?

PR J’espère que les organisateurs me feront parvenir des échantillons de bouffe. Il existe une entreprise aux États–Unis appelée Goldbelly qui peut vous livrer de la nourriture de presque partout sur la planète en un tournemain. C’est comme ça que je reçois mes bagels préférés de St–Viateur, à Montréal. Mon congélateur en est rempli.