Samira Wiley, de La servante écarlate, sur le fait de jouer des personnages queer

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L’actrice nous parle de la série et livre ses impressions de sa première Pride torontoise.

Après le départ prématuré de son personnage de Poussey dans L’orange lui va si bien de Netflix, Samira Wiley a fait un retour au petit écran pour jouer Moira dans l’adaptation de La servante écarlate, de Margaret Atwood. Maintenant à sa troisième saison, la série dystopique revient en force au moment où ses personnages tentent de renverser le régime patriarcal de Gilead. Avant sa diffusion, nous avons jasé avec Mme Wiley de rôles difficiles, de Pride Toronto et de son initiation au surf à Sydney.

01 juin 2019

enRoute À quel point est–ce dur de jouer un personnage d’un univers aussi glauque ?

Samira Wiley C’est vraiment, vraiment difficile sur le plateau. Margaret Atwood dit toujours qu’il n’y a rien dans son livre qui ne se soit pas déjà produit dans le passé, ce qui me sidère. Je pense que ça m’aide à me rappeler l’importance des histoires de femmes qu’on raconte. Au bout du compte, on fait de la télé, mais on donne aussi une voix à des histoires qui n’en avaient pas jusque–là. C’est ce qui m’aide à passer au travers des moments difficiles.

ER En incarnant Moira et Poussey, vous mettez en lumière des problèmes sociaux importants, comme la misogynie et le racisme. Comment avez–vous vécu ça ?

SW J’ai été gâtée en matière de créateurs progressistes. Avec Poussey, je n’avais pas saisi à quel point les États–Unis avaient besoin d’un personnage comme celui–là et d’une série aux personnages imparfaits ayant l’air de vraies personnes. Comprendre l’impact de Poussey m’a aidée à incarner Moira. Et Moira m’a influencée : elle m’a aidée à comprendre la militante et la personne que je veux être.

ER Quel genre de responsabilité accompagne des rôles comme ceux de Moira et Poussey, qui sont ouvertement queer ?

SW On a pu voir des stéréotypes sur les gens de notre communauté [dans des émissions télé], souvent pour faire rire. Mais nous ne sommes pas des accessoires. Voir des personnages réalistes et complexes à l’écran a tellement d’importance. C’est essentiel de dire : « On est de vraies personnes, voici ce qu’on fait, et on est tous différents. »

ER Vous passez beaucoup de temps à Toronto pour tourner La Servante écarlate. Avez–vous une adresse favorite ?

SW Le Rhum Corner, une petite salle où l’on sert une cuisine antillaise du tonnerre. J’y suis allée une fois par hasard, et maintenant, j’y ai même un barman préféré.

ER Qu’avez–vous pensé de Pride Toronto ?

SW C’était fou ! Des gens à poil étaient suspendus aux balcons et je me disais : « C’est malade ! » Je défilais sur un char allégorique et une femme m’a tendu son bébé. On était plus haut que la foule, et tout ce que je pensais, c’est : « Et si le bébé me glisse des mains ? » On a descendu la rue et à un moment, j’ai fait : « OK, le bébé, c’est assez. »

ER Vous voyagez constamment. Qui serait votre voisin de siège idéal ?

SW Barack Obama. Imaginez être là dans l’avion, à parler de politique avec lui ! Je prendrais une bière, je me détendrais, et on jaserait de sa vie, maintenant qu’il n’est plus président.

ER Quel endroit, parmi ceux que vous avez visités, aimeriez–vous revoir ?

SW J’ai adoré l’Australie. J’ai appris à surfer à Sydney, et c’est une des choses les plus tripantes que j’ai faites de ma vie.