7 entrepreneurs inspirants qui luttent contre le gaspillage alimentaire

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Marc de café surcyclé, distribution de surplus alimentaires : ces idées innovantes (et les gens qui les ont eues) annoncent une planète plus verte.

En juin 2022, des agents du changement du secteur gastronomique de toute la planète se sont réunis à Bilbao, en Espagne, pour célébrer l’admission d’un nouveau groupe d’innovateurs de moins de 35 ans dans le cercle restreint qu’on appelle les 50 Next. Dans cette liste, on retrouvait les sept entrepreneurs que nous vous présentons ci–dessous, qui ont en commun de s’attaquer au problème du gaspillage alimentaire, qui représente de 8 à 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Lisez ce qui suit pour en apprendre plus sur leurs marques de produits durables en plein essor. 

03 février 2023
Rahaf et Tamim avec une pile de colis au siège de Daffee
Un paquet de la boisson sans caféine Daffee à côté d'une tasse à café
Rahaf Allymoni, co–fondatrice de Daffee, avec son mari.
  1. Rahaf Allymoni est la cofondatrice de l’entreprise néerlandaise First Date, qui propose une boisson sans caféine, Daffee, faite à partir de noyaux de dattes surcyclés. Quand on lui a conseillé de manger des dattes pour soigner ses maux d’estomac, cette entrepreneure d’origine syrienne s’est rendu compte que ces noyaux regorgent d’éléments nutritifs et sont une source naturelle d’énergie. Elle s’est mise à les conserver, en rêvant de créer une boisson à partir d’eux. La guerre civile en Syrie l’a ensuite amenée aux Pays–Bas, où elle a obtenu une maîtrise en développement économique et innovation. Les boissons Daffee sont désormais proposées en ligne et dans nombre de cafés des Pays–Bas, d’Allemagne, du Royaume–Uni et d’Autriche, et d’autres projets d’expansion sont en vue. 

  2. Caroline Cotto est la cofondatrice et directrice de l’exploitation de Renewal Mill, une entreprise de la région de la baie de San Francisco qui recycle en les valorisant des sous–produits de l’industrie alimentaire. Ainsi, des sous–produits de la fabrication de laits de plantes sont transformés en farines et mélanges à pâte sans gluten (le mélange à brownies de l’entreprise est un best–seller). Madame Cotto a eu droit à un « cours intensif » sur l’art de monter une entreprise, de lever des fonds et de faire du réseautage quand elle travaillait à aider les femmes dans des compagnies spécialisées en technologie et auprès de patrons de telles boîtes. Elle a également contribué à lancer l’Upcycled Food Association afin d’intégrer le surcyclage dans le système alimentaire. « Il n’existe pas une voie unique vers le succès », rappelle–t–elle à ceux qui aspirent à devenir entrepreneurs dans le secteur alimentaire. « Voyez où votre curiosité vous mène et saisissez les occasions qui se présentent ; chaque expérience d’apprentissage vous rapprochera de ce que vous voulez accomplir. »

L'intérieur du Wasteland Bar à Bangkok
Dharath Hoonchamlong sourit largement en jardinant
Le bar Wasteland (à gauche) ; Dharath Hoonchamlong (à droite).
  1. Dharath Hoonchamlong était fraîchement diplômé en études sur l’alimentation de l’université de New York quand il a pris ses fonctions comme gestionnaire de l’environnement au restaurant bangkokien Bo.lan, étoilé au Michelin. La covid–19 a donné naissance à l’idée du bar Wasteland comme façon de recycler les surplus de fruits et légumes dans des cocktails innovants. Puis, un décret gouvernementale interdisant la consommation d’alcool en public a mené à une autre réorientation : faire des sodas artisanaux à partir de coques de cacao et d’autres surplus et sous–produits alimentaires surcyclés, ce qui soutenait l’intérêt des consommateurs soucieux de leur santé pour des « boissons complexes et multidimensionnelles aux notes stimulantes » et sans alcool, déclare M. Hoonchamlong. Dans l’esprit d’un développement plus durable, son équipe collabore avec des villages de Thaïlande à la résolution des problèmes de gaspillage alimentaire et au développement de nouvelles boissons. M. Hoonchamlong a un faible pour la Mineral Lemonade, à base de lime bio et d’argile durcie au soleil, riche en éléments nutritifs.

  2. Dès son plus jeune âge, Oscar Ekponimo a toujours aimé fabriquer des trucs, comme un ventilateur à piles et aux pales découpées dans des canettes de boisson. Ayant grandi au Nigeria, il a aussi connu la faim. Après des études de premier cycle en informatique puis une formation dans une école de commerce à Lagos, il proposait sa première création, l’appli Chowberry, qui permet d’apparier des produits d’épicerie approchant de leur date de péremption aux OSBL et œuvres de bienfaisance qui les distribuent aux affamés. Mais Ekponimo avait un plus grand objectif en vue : un système alimentaire plus équitable. C’est ainsi qu’il a lancé la Chowberry Foundation, qui est active en Afrique et aux États–Unis et qui a redistribué 30 000 t de nourriture qui aurait été gaspillée sur les tables de plus de 50 000 foyers vivant dans la pauvreté au Nigeria.

  3. Juan Pablo Medina et deux compatriotes colombiens étudiaient à Londres quand ils ont pris conscience de la grande quantité de café (une des principales productions agricoles de leur pays) que consommaient leurs amis scandinaves. Sachant que le café est riche en éléments bénéfiques pour la santé (antioxydants, acides gras, protéines et esters), les trois amis se sont installés à Copenhague et y ont fondé Kaffe Bueno, une entreprise de sciences biologiques qui recycle le marc de café en ingrédients de produits de beauté et nutraceutiques antiâge. À la suite de leur plus récent cycle de financement, ils ont reçu une subvention de 2,5 millions d’euros de la part de la Commission européenne afin de construire la première bioraffinerie de café au monde.

Un homme tenant une poignée de fèves de cacao
Pol Contreras Vilapriñó avec des bouteilles de vin de cosse de cacao
Pol Contreras Vilapriñó.   Photos : GreatVisuals
  1. Pol Contreras Vilapriñó est un pâtissier et chocolatier espagnol qui affirme : « Je travaille avec la fève de cacao de la même façon qu’un vigneron travaille avec le raisin. » Il fait fermenter des coques de cacao indonésien pour aromatiser une stout et des coques de cacao indien pour l’élevage d’un vin. Si les chocolatiers couverturiers sont déjà présents dans le paysage, M. Contreras est en train de repousser les frontières en matière d’utilisation des fèves de cacao. Il adore le mucilage, c’est–à–dire la pulpe blanche gluante qui entoure les fèves dans la cabosse (« C’est fantastique ! »), dont il se sert pour faire du kombucha et du vinaigre. Il collabore aussi avec un designer textile londonien à l’extraction de colorants textiles à partir de rebuts de coques de cacao. Autre corde à son arc : il est le chef pâtissier des restaurants de l’hôtel Echaurren (y compris d’El Portal de Echaurren, deux étoiles au Michelin).

  2. Travinder Singh ayant grandi dans un foyer singapourien où l’on ne gaspillait rien, il allait presque de soi qu’il devienne patron d’une entreprise zéro déchet. Il a fondé son entreprise, Crust Group, qui brasse des bières à partir de restants de pain surcyclés, en 2019. La pandémie de covid–19 l’a ensuite poussé à s’intéresser à l’agroalimentaire de pointe et à lancer une deuxième gamme de produits, Crop, qui commercialise des boissons santé et sans alcool entrant dans la catégorie des aliments fonctionnels et faites à partir de de déchets de fruits et légumes. La certification B Corp de son entreprise transparaît par exemple dans le choix d’utiliser dans ses produits une plante de culture locale, Cosmos caudatus, plutôt que du houblon importé. Comme l’explique M. Singh, « le commerce est une source importante de gaspillage alimentaire, tandis que le recours aux ingrédients locaux réduits les émissions de GES et crée une chaîne logistique plus viable et un modèle plus robuste ».