Mexico en 5 repas

Depuis 2010, la cuisine mexicaine traditionnelle est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Traduction : les traditions culinaires du Mexique méritent d’être sauvegardées. Cela dit, sauvegarde n’est pas synonyme de prévisibilité ; ainsi qu’un séjour gourmand dans la mégalopole le prouve, des chefs locaux ajoutent leur touche personnelle aux plats traditionnels tout en célébrant les saveurs qui les ont rendus populaires.

Las Alcobas

Situé dans le quartier ultrachic de Polanco, sur l’artère qui à Mexico se rapproche le plus de Rodeo Drive, le minuscule hôtel–boutique Las Alcobas prend la cuisine au sérieux, ce qui est évident dès qu’on met le pied dans la chambre. On y trouve un minifrigo rempli de grignotines traditionnelles (et gratuites) telles que bonbons au tamarin, sucettes à la guimauve et au chocolat et mangue déshydratée au piment. Entamez votre journée tel un résident de la capitale avec un déjeuner énergisant offert uniquement aux clients de l’hôtel à l’Anatol, le restaurant de l’établissement, où enfrijoladas et chilaquiles côtoient sur le menu des plats du matin plus classiques du type papaye fraîche et œufs brouillés. Un souper à l’Anatol met en vedette une cuisine de proximité bien pensée, par exemple un pain plat à la moelle de bœuf. Réservez une salle privée pour suivre un atelier sur le guacamole animé par le chef, et vous aurez un cours intensif sur la beauté des ingrédients simples et frais (même pas besoin de mélangeur ou d’ail). Un autre menu propose un autre genre de délice : on peut se faire livrer à la chambre un thé de bain aux herbes, gracieuseté du spa Aurora de l’hôtel. Nous avons adoré le sachet Jet Lag, à base de camphre et de citronnelle.

Tournée culinaire

Réservez une visite culinaire guidée proposée par Las Alcobas pour avoir un aperçu d’initiés sur l’offre de restauration de la ville (d’autres visites guidées ciblent l’archéologie, les marchés locaux, la scène artistique, etc.). Nous avons débuté par la cuisine de rue, en engouffrant des tacos al pastor au coude à coude avec des employés municipaux débordés, avant de conclure par un souper privé avec démonstration au loft du chef Alfredo Chávez, de Calli Private Kitchen Mexico. Au fil de la soirée, attendez–vous à des propos éclairants sur divers sujets, du maïs bio à l’histoire autochtone en passant par l’art de choisir un bon resto (tentez de jauger la qualité de la cuisine par la fraîcheur des limes présentées à la vue). Nous avons également eu le temps de profiter d’une dégustation de téquilas et d’une palette de shooters de mescal fumé : « N’avalez pas ; absorbez », conseille M. Chávez.

Restaurante San Angel Inn

Le luxe de l’Ancien Monde est à l’honneur dans cette hacienda du dix–septième siècle. Réservez au jardin pour mieux observer les gens (dîner ici est l’excuse parfaite pour se mettre sur son trente–six) et laissez les serveurs tirés à quatre épingles vous présenter un menu à multiples services d’inspiration européenne à votre table nappée de blanc et garnie d’élégante porcelaine bleu et blanc. Vous pourrez y savourer des classiques de la gastronomie tels que bouchées de cantaloup entouré de Jamón Serrano, ou homard thermidor servi avec pain de maïs et tacos aux crevettes, ainsi qu’un vaste choix de pâtisseries françaises classiques au dessert. En prime : c’est juste en face du Museo Casa Estudio Diego Rivera y Frida Kahlo, où les anciennes demeures des deux célèbres artistes sont reliées par une passerelle.

Azul Histórico

Blotti juste hors de vue des rues commerciales et touristiques animées du centre historique de Mexico, sous une voûte de branches bien taillées égayées de lampions à l’huile clignotants, ce restaurant à ciel ouvert planté dans une cour est une oasis, tant pour les touristes que pour les habitants. Le célèbre chef Ricardo Muñoz Zurita est de ceux à qui l’on doit le statut accordé par l’Unesco à la cuisine mexicaine, et son menu recense pour le bonheur des convives les saveurs emblématiques du pays. Pour déguster un plat traditionnel bien apprêté, assurez–vous de commander la meilleure (et la plus joliment présentée) soupe aux tortillas de l’État d’Oaxaca que vous goûterez jamais. Elle est servie, avec une cuillère dorée, dans un bol coiffé d’un couvercle de céramique qui reproduit le personnage de La Catrina. Nous avons aussi apprécié le mole negro et les mezcalitas (margaritas au mescal) aux saveurs multiples, notamment tamarin et hibiscus.

Máximo Bistrot

Un majestueux ficus attire tous les regards dans le décor moderne de cet établissement recherché. Autres éléments : longues tables rustiques, chandeliers plantés de grands cierges, géraniums en pot, branches de romarin suspendues et un mur paré d’une tapisserie représentant un paysage désertique serein. Le menu exclusivement de saison propose des plats raffinés d’une cuisine juste assez expérimentale pour raviver l’intérêt des clients qui reviennent fréquemment. Pensez : tostadas au crabe caillou noir, bœuf Wagyu en mole, crème glacée au chèvre avec pâte phyllo et goyave. À la carte des cocktails, essayez un sourà la feuille d’avocatier ou un martini au gin et au maïs (l’endroit est également tout indiqué pour explorer le monde en plein essor des vins mexicains). Le chef fondateur Eduardo García a été présenté par Anthony Bourdain: Parts Unknown, et, comme cette émission, une soirée passée ici rend la chose manifeste : Mexico peut concurrencer n’importe quelle destination gastronomique de la planète.