Visitez La Nouvelle–Orléans pour avaler un Po’ Boy vietnamien (vous nous remercierez plus tard)

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Le meilleur sandwich de La Nouvelle–Orléans est métissé, à l’image de la ville. Ici, la cuisine créole a toujours été un gombo culturel : un mélange de traditions africaines, autochtones, françaises et espagnoles qui reflète les communautés ayant façonné la ville depuis sa fondation par les Français, en 1718. Et quand d’autres coutumes s’ajoutent à la marmite, ce n’est qu’une question de temps avant que la nouvelle sauce prenne.

Années 1970 : un afflux de migrants vietnamiens touche le sud de la Louisiane après la guerre du Vietnam. La géographie, le climat et l’importante industrie de la pêche dans le delta du Mississippi rappellent la patrie. Les destins du bánh mì et du po’ boy, deux sandwichs séparés à la naissance, se croisent enfin.

Le po’ boy est un classique copieux de La Nouvelle–Orléans composé de crevettes, de poisson ou d’huîtres, locaux et frits, ou encore de rosbif et de gravy, le tout garni de cornichons, de mayo et de sauce piquante louisianaise. Le bánh mì est fait de poulet, de rôti de porc ou de pâté de foie, et garni de carotte ou de daikon mariné croustillant, de concombre, de coriandre, de menthe, de piment et de mayo. Avec ces deux sandwichs sur baguette réunis, la table est mise pour l’arrivée de nouvelles saveurs et de garnitures réinventées.

Dans les années 1980, des fournisseurs d’aliments vietnamiens comme Dong Phuong Oriental Bakery sont devenus la norme en matière de pains à po’ boy de qualité. Et alors que le bánh mì séduisait La Nouvelle–Orléans, les gens se sont mis à le surnommer « po’ boy vietnamien ». La sandwicherie Banh Mi Sao Mai (maintenant fermée), dans l’est de la ville, a d’ailleurs raflé, avec son bánh mì, le premier prix dans la catégorie sans fruits de mer au festival Oak Street Po–Boy, en 2009. Puis des recettes novatrices sont apparues, comme les Po–Mi du chef Michael Gulotta, du MoPho, resto asio–créole situé près de City Park, dont le Cure–All mêle saucisse à la citronnelle, œufs et fromage au jalapeno américain. Au Banh Mi Boys de Metairie, Peter Nguyen sert les deux sandwichs côte à côte depuis 2016. « Les clients demandaient à ce qu’on ajoute les ingrédients de l’un dans l’autre, et vice versa », dit–il. Parmi ses créations se trouve un bánh mì mariant crevettes frites et sauce au piment thaï. « À partir de là, ç’a fait boule de neige. »

25 octobre 2019

Tranches de bonheur

  • Années 1860 Les colons français initient les Vietnamiens à la baguette. Ceux–ci l’appellent bánh mì (« pain blanc »). Au même moment, le sandwich La Médiatrice, fourré de 12 huîtres frites, voit le jour à La Nouvelle–Orléans.

  • 1929 Un sandwich géant (plus tard appelé po’ boy) se répand à La Nouvelle–Orléans lors d’une grève des transports en commun.

  • Années 1950 Des variantes locales de sandwichs français prolifèrent dans les villes du Vietnam.

  • 1975 Un premier afflux d’immigrants vietnamiens s’installe dans le sud de la Louisiane.

  • Années 2000 Des sandwicheries néo–orléanaises proposent des croisements po’ boy–bánh mì.

Où en trouver

  1. Banh Mi Boys — Essayez le bánh mì Viet Fried Chicken : escalope frite classique du sud des États, rehaussée d’une sauce de poisson vietnamienne caramélisée.

  2. Killer PoBoys — Commandez le po’ boy aux crevettes poêlées du Golfe, avec assaisonnement noirci, épices lime–coriandre, aïoli au sriracha, daikon et fines herbes.

  3. MoPho — Les sandwichs Po–Mi, dont celui au porc effiloché et aux oreilles de crisse, sont garnis de marinades, d’herbes fraîches, de jalapenos et de mayo MoPho maison (mayo, pâte de piment rouge, sauce de poisson, vinaigre et ail).

Photo en haut : Le sandwich Bang Bang Shrimp du resto Banh Mi Boys, à Matairie.