L’article « Haida oh ! » a été publié à l’origine dans le numéro d’avril 2017 d’Air Canada enRoute.
Le temps est calme, ensoleillé et frais et le Haida Gwaii Highlander s’éloigne doucement du port de Queen Charlotte avec Trent Moraes à la barre. Il se trouve que cet après–midi le chef haïda du clan Gidins de Skidegate veut vérifier ses casiers à crabes, et nous allons le chercher. Pilotant le bateau de débarquement au creux d’une baie et jusqu’à la rive, Moraes m’apprend que la famille royale a pris la même embarcation quand elle a visité les îles à l’automne lors de sa tournée canadienne. « Et vous voilà avec la royauté haïda ! » ajoute–t–il, souriant. Quand le chef Wiigaanad (dont le nom anglais est Sidney Crosby) monte à bord, décontracté dans sa tuque rouge à pompon turquoise, ses lunettes à monture foncée et ses bottes de caoutchouc, j’oublie la révérence et me mets à bavarder. Nous longeons la côte de Skidegate, une des plus importantes collectivités de cet archipel septentrional, et Wiigaanad me montre son mât totémique, le premier érigé par un chef en 100 ans. Il remonte ses cages sur 20 m, rejette les femelles couvertes d’œufs corail et les crabes plus petits que la main, et voici notre souper sur le pont. En guise d’appât, il utilise un morceau de flétan qui mettrait un poissonnier en émoi. Pas étonnant qu’on dise par ici que les îles pourraient nourrir le Canada au complet. Un sentiment d’abondance prévaut ; c’est comme si tout et n’importe quoi était là.