Hans Zimmer et BMW créent le son de la voiture électrique du futur

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Les aspects pratiques comme l’économie d’essence et les bancs en cuir vont de soi, mais beaucoup d’automobilistes ont aussi besoin du séduisant ronronnement du moteur sur la route. Voilà un défi intéressant en cette ère de nouveaux véhicules électriques quasi silencieux : comment être vert sans perdre son train d’enfer ? C’est le dilemme auquel s’est attaquée l’équipe technique des quartiers généraux de BMW à Munich. Avec l’arrivée de la nouvelle berline électrique (la BMW Concept i4), il fallait bien bonifier l’expérience sonore derrière le volant. Naturellement, on a fait appel à Hans Zimmer.

Hans Zimmer et Renzo Vitale discutent ensemble en studio
Le directeur de la création sonore de BMW Renzo Vitale (à gauche) et le célèbre compositeur Hans Zimmer, dans le studio de ce dernier, à Los Angeles.    

Sous la houlette de la nouvelle division BMW IconicSounds Electric, le très renommé compositeur allemand derrière des bandes-son légendaires (Le roi lion, Gladiateur) a été associé au pianiste et concepteur sonore italien Renzo Vitale, attaché au centre de recherche et innovation du Groupe BMW. Leur mission ? Concevoir l’univers sonore de la BMW Concept i4, jusqu’à l’arrêt des moteurs. « Il est possible de créer des ambiances à l’intérieur des voitures et d’offrir aux gens une expérience qu’ils peuvent contrôler, qui humanise le véhicule et n’est pas liée au vrombissement d’un moteur à essence », explique Zimmer.

L'intérieur élégant de la BMW Concept i4 du point de vue du conducteur

Le travail a débuté au siège social de BMW à Munich, où Vitale a collaboré avec les équipes design et marketing du constructeur afin de pondre un concept. Puis il a mis Zimmer au parfum, se rendant à son studio de Santa Monica pour profiter d’une pléiade d’instruments, de synthétiseurs et de voix. « La liste des choses qu’on peut utiliser est sans fin, croit Zimmer. Nous avons enregistré plusieurs versions avant de trouver la bonne. »

Le studio de son à Santa Monica, Californie

Pour la BMW Concept i4, les sculpteurs sonores ont travaillé autour de l’idée de seuil. « Dès qu’on crée des sons inexistants, l’approche doit être non conventionnelle », dit Vitale, qui compare la voiture à une installation artistique. Les modèles électriques n’induisent pas la même relation entre pédale et moteur que les véhicules à carburant, alors il est difficile de ressentir la « réaction » de l’auto. Pas de son non plus au démarrage. En ce sens, Vitale et Zimmer ont travaillé sur trois pistes : la fonction démarrage-arrêt et deux ambiances visant à améliorer l’expérience de conduite. Pour le démarrage, ils ont joué avec le verre en vue de créer une sensation de légèreté, et le son de démarrage-arrêt s’est construit sur un accord à vide de voix féminines. « Nous avons choisi des voix de femmes pour contrebalancer l’image d’une industrie perçue comme hypermasculine, explique Vitale. Ça évoque le début d’une nouvelle aventure. » Le duo a planché cinq jours sur un son qui dure au final deux secondes.

Un rendu de l'avant de la BMW Concept i4

Les ambiances sont venues plus rapidement, selon deux concepts : Core et Sport. En mode Core, que Vitale compare à la conduite avec le régulateur de vitesse, le son est léger et varie entre fréquences hautes et moyennes. Le mode Sport est plus dynamique, avec ses fréquences basses et ses vrombissements.

Concept i4 : Sport – BMW
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Seul l’avenir dira si les conducteurs de BMW trouveront que le mariage entre art et techno mis de l’avant dans le prototype électrique va de pair avec les sensations fortes des changements de vitesse d’un véhicule plus énergivore (on explore là de nouveaux territoires, souligne Vitale). « Le projet est nouveau et nous permet de façonner le son des voitures électriques du futur, mais aussi celui des villes du futur, avance Zimmer. Le plus beau son du monde à mon avis est le silence. Mais à partir du silence, un nouveau monde peut être créé. »