Certains mots étrangers nous sortent des glossaires battus. Prenons le nom composé allemand Fernweh. Si son antonyme, Heimweh, se traduit par « mal du pays », Fernweh est plus insaisissable. Il combine « loin » (fern) et « douloureux » (weh). En gros, on peut le traduire par « virus du voyage » ou « envie de voyager ». Traduction fidèle ou non, la question se pose : peut–on ressentir l’appel de l’ailleurs ?
Le mal du pays est un « sentiment de tristesse intense et de manque causé par la distance du bercail », selon le dictionnaire de l’American Psychological Association. C’est la petite détresse qui se transforme en suées nocturnes et en appels interurbains lors de la première nuit au camp d’été, ou qui nous prend au dépourvu sur le campus, ou qui nous décourage après un déménagement à l’étranger. À la différence de l’angoisse de séparation, qui peut frapper avant et après le départ, le mal du pays est généralement temporaire et n’est pas considéré comme un trouble mental, bien qu’il puisse être lié à la dépression et à l’anxiété. Si ce malaise mineur a reçu une grande attention clinique, son contraire pas si différent a fait l’objet de peu d’études.