Les Hébrides extérieures sont écossaises sans l’être. Elles reposent au large de la côte nord–ouest de la Grande–Bretagne telles les vertèbres d’un crocodile à moitié submergé. Archipel de 40 îles, dont seulement 15 sont habitées, et d’innombrables îlots, les Hébrides extérieures marient les eaux turquoise limpides des Antilles, la grise rigueur de l’Islande et, chez les habitants, la persévérance effacée des Scandinaves. Et il y a les falaises côtières, qui plongent dans le fracas de la mer, droites et rouges, leur caractère sauvage reflétant une culture stoïque et immuable, malgré les assauts incessants.
L’histoire de l’archipel (avec les Hébrides intérieures, plus proches de la côte) est marquée au sceau des épreuves et des conflits, suscités tant par les éléments que par les hommes. Une révolte paysanne antiféodale y éclata en 1884, et c’est de l’île d’Eriskay que Charles Édouard Stuart, surnommé Bonnie Prince Charlie, lança en 1745 sa rébellion jacobite qui allait échouer à renverser le trône d’Angleterre. À la même époque, les Highland Clearances, un siècle de déplacements forcés à partir du milieu du XVIIIe, affaiblirent le système clanique gaélique et forcèrent la population à subsister sur de petites parcelles, ou crofts. Beaucoup choisirent d’émigrer au Canada, dans les Maritimes, où la langue et la culture gaéliques survivent encore par endroits. Les crofts abandonnés pour une nouvelle vie sont tombés en ruine, leurs murets de pierres écroulés et à demi couverts de mousse. Mais ça pourrait bientôt changer.