L’article « L’étoffe du Pérou » a été publié à l’origine dans le numéro d’octobre 2016 d’Air Canada enRoute.
Traverser le hall principal du Monumental Callao, c’est un peu se balader du passé vers l’avenir. La galerie marchande du tournant du XXe siècle, située dans le quartier Callao de Lima, a récemment rouvert après avoir été restaurée à sa gloire d’antan, jusqu’à ses murs en marbre rose saumon et sa haute voûte en vitrail. En me rendant à la terrasse sur le toit, je jette un œil aux rares vitrines encore vacantes et me demande quel serait le loyer à Manhattan pour un lieu aussi parfaitement patiné. Mais les artistes et créateurs du quartier qui sont déjà installés ici n’ont pas de tels soucis, puisque le propriétaire en a invité plusieurs à ses frais. En retour, ils contribuent à faire de ce port de mer achalandé, naguère considéré comme dangereux par les Liméniens, un carrefour animé d’art et de design. Depuis le toit, je jouis d’une vue à vol d’oiseau sur les marchands de tamals, puis sur un homme–cygne plongeant dans le Pacifique avant de quêter un pourboire aux passants. Callao me semble être un microcosme de Lima : misant sur cet esprit d’entreprise, la capitale péruvienne se tisse un nouvel avenir comme plaque tournante du design de mode, dont l’activité pourrait bientôt égaler celle de la bouillonnante scène culinaire de la ville, mondialement reconnue.