Tokyo a conçu le Budokan pour le judo, et non pour le rock. Mais après les Jeux olympiques de 1964, ce stade s’est réincarné en Mecque des musiciens. Les Beatles y ont donné cinq concerts en 1966, suivis au fil des ans par Bob Dylan, Cheap Trick et Janet Jackson. Le Budokan s’est bâti une réputation de salle faisant ressortir le meilleur des musiciens, et les meilleurs voulaient y jouer.
Un soir de février 2015, l’endroit a accueilli une foule de plus de 8000 personnes pour célébrer le 15e anniversaire d’un groupe local. Les musiciens sont montés sur scène sous les spots bleus, lasers et applaudissements et devant une mer de mains agitées, dont plusieurs tenaient des bâtons lumineux. Les deux leaders, l’un arborant des lunettes de soleil, l’autre jouant une Gibson Flying V en position basse, chantaient dans un mélange harmonieux d’anglais et de japonais. Pas étonnant : ils vivaient au Japon et y avaient une famille. Mais il serait exagéré de dire qu’ils étaient japonais.