Pour un grand voyageur, accumuler un million de milles débute par un simple vol. Peu après, les villes deviennent des codes d’aéroport, les aéroports, des résidences secondaires, et la maison, rien de plus qu’un arrêt entre deux vols vers plus de milles. Soudain, on est en mesure d’identifier un avion au bruit du moteur, et une compagnie aérienne à la peinture sous l’appareil. On peut tenir une conversation composée uniquement d’abréviations, et on visite des forums de voyageurs à des heures indues. Le seul invariant, c’est que voler à 12 000 m d’altitude nous grise toujours autant.
Qu’est–ce qui pousse certaines personnes à adopter ce style de vie ? C’est une question d’étapes. « Il y a deux grandes façons d’envisager la motivation à poursuivre un objectif », affirme Kristin Laurin, professeure agrégée de l’Université de Colombie–Britannique, qui étudie les fondements psychologiques des buts et des motivations. La première, c’est que « les gens ne vont travailler fort pour réaliser un objectif que s’ils croient que c’est faisable », précise–t–elle. C’est pourquoi il n’est pas étonnant que les grands voyageurs soient souvent des voyageurs d’affaires. Qui voyage pour le travail est plus susceptible d’accumuler des milles. Plus on s’attend à amasser des milles, plus on y parviendra. Et plus on approche du but, plus la quête devient compulsive.