A–t–on vraiment vu La Joconde au Louvre si on ne l’a pas prise en photo ? Peu de gens résistent à l’envie de se joindre à la meute de paparazzis qui veulent un cliché de la mystérieuse muse de Léonard de Vinci ; même Beyoncé en a pris un pour Instagram. Mais une fois le tableau saisi, quel souvenir gardons–nous de cet énigmatique sourire ? De quelle couleur sont les yeux de Mona Lisa ?
Pour trouver réponse, Linda Henkel, professeure de psychologie à l’université Fairfield au Connecticut, s’est livrée à une expérience simple. Les participants d’une visite guidée du Bellarmine Museum of Art de son université devaient observer certaines œuvres et en photographier d’autres. Le lendemain, Mme Henkel leur a soumis des exercices de rappel libre et de reconnaissance du nom et de l’image des œuvres. Résultats probants : les gens avaient un souvenir moins précis des œuvres qu’ils avaient photographiées.
Cette perte de mémoire liée à la prise de photos n’a pas lieu que dans les galeries d’art. « Elle s’observe dans diverses situations, entre autres lorsqu’on fait du tourisme », précise Mme Henkel. Photos en avion par le hublot ou de moulins à vent pour Snapchat, « c’est presque devenu des trophées », ajoute–t–elle. Certains pourraient résumer leurs vacances par « Veni, vidi, subride ». Je suis venu, j’ai vu, souriez.