Liste musicale pour faire le tour du monde dans son salon

Cette chanson… Vous savez, celle que vous avez entendue pour la première fois à l’étranger et qui est devenue indissociable de votre souvenir de voyage. Chaque fois qu’elle joue, vous êtes transporté là–bas, à bord du train ou debout sur la plage, respirant à nouveau l’air de l’endroit. Une des pistes suivantes pourrait–elle évoquer un tel souvenir ? Chaque chanson de cette compilation fait voyager, par son air et son titre qui évoque un lieu (à quelques exceptions près, car nous savons que les règles ne s’appliquent pas à Céline Dion). Toutes ces mélodies nous ont emmenées ailleurs, et nous espérons que cette liste de lecture vous fera le même effet : un petit tour du monde par la grâce de vos oreilles.

Certaines chansons semblent faites pour les personnes en transit. Cette pièce instrumentale et atmosphérique du groupe Air figure dans le film Traduction infidèle de Sofia Coppola (2003), durant le voyage en train de Scarlett Johansson à Kyoto. Son mélange de carillons au synthé, de guitare acoustique, de voix douces et de sons de la nature en fait une intro apaisante parfaite pour ce voyage (confiné) autour du monde. À vos casques !

Chicago est une chanson semi–autobiographique qui a servi de pièce maîtresse à l’album Illinois de Sufjan Stevens, paru en 2005. C’est un hymne glorieusement orchestral d’émotions brutes qui évoque la fois une grande virée sur les routes et ces rêves où l’on réalise soudain qu’on sait voler. Que vous vous imaginiez roulant ou planant, fermez les yeux et laissez la chanson vous transporter à travers la superbe architecture du centre–ville de Chicago.

David Paich, principal auteur–compositeur et claviériste de Toto, dit qu’il a écrit la mélodie et les paroles de la chanson Africa en 10 minutes environ. Au cours des décennies qui ont suivi, celle–ci est devenue l’hymne incontournable (et un peu rigolo) d’un continent, même si, comme l’a écrit Rob Sheffield dans Rolling Stone, « l’Afrique de Toto est un endroit qui n’existe pas et qui n’a jamais existé ». La pièce parle de l’amour d’un homme pour le continent africain ; en janvier 2019, une installation à énergie solaire a commencé à diffuser la chanson en boucle quelque part dans le désert du Namib, et est censée le faire à l’infini.

Le grand avantage de voyager sans quitter la maison est qu’on peut être à deux endroits en même temps, et cette pièce en est l’illustration parfaite : elle parvient à combiner le dub jamaïcain avec une chanson indienne classique.

Ce morceau un peu mystérieux réalisé par Perry serait apparemment chanté par Sam Carty et contient assurément des paroles en hindi. Il s’agit d’une reprise d’une chanson d’amour indienne intitulée Milte Hi Aankhen, qui figure dans le film Babul de 1950.

La patience a du bon. Cette face B (que Joel considère, tel qu’affirmé à Stephen Colbert, comme l’une de ses cinq meilleures compositions) commence par exhorter l’auditeur à ralentir. Il y a un avantage à ne pas aller trop vite : « Vienna waits for you » (Vienne vous attend). Vous y arriverez à la fin.

Camila Cabello a grandi entre La Havane, dans son Cuba natal, et Mexico. Cet air particulier se situe entre La Havane du titre et East Atlanta, où vit le rappeur invité Young Thug. Les rythmes inspirés de la salsa offrent une occasion idéale d’exécuter quelques mouvements de danse dans votre salon. Chanter le couplet de Young Thug est plus ardu, mais pas impossible avec un peu de pratique.

Personne ne chante l’autodestruction comme The Weeknd. Officiellement publiée sur son album Trilogy en 2012, cette chanson cite Laisse tomber les filles, que la chanteuse pop française France Gall a enregistrée peu avant de remporter le concours Eurovision, mais le rythme sombre de la pièce présente l’envers de l’optimisme yé–yé du titre original. C’est un peu comme Montréal en plein hiver : beau et lugubre à la fois.

Certaines chansons se retrouvent si intimement liées à un lieu qu’elles en deviennent inséparables. Parmi celles–ci, la reprise par Ray Charles de Georgia on my Mind (écrite en 1930 par Hoagy Carmichael et Stuart Gorrell) a connu un énorme succès, atteignant la première place du Hot 100 en novembre 1960. En 1978, la version de Willie Nelson a été numéro un au palmarès Hot Country… alors ce duo offre le meilleur des deux mondes. Mais le lien entre le lieu et la chanson a véritablement été scellé en 1979, lorsque l’Assemblée générale de Géorgie a adopté la pièce comme hymne d’État.

Zach Condon, chanteur du groupe Beirut, a grandi à Santa Fe, au Nouveau–Mexique, et comme beaucoup d’entre nous il avait des sentiments mitigés envers sa ville natale. Mais il a déclaré au magazine Mojo : « Maintenant que j’y vis comme adulte, je trouve une vraie chaleur et un charme à Santa Fe. » Chaleur et charme sont termes qui s’appliquent pour décrire la chanson elle–même; si vous cherchez une dose de soleil du sud–ouest des États, il y a pire.

Une chanson sur l’Angleterre, intitulée England, qui parle principalement de la météo pourrie de ce pays, interprétée par un groupe de Cincinnati, Ohio. Ça ne paie pas de mine comme idée, mais la magnifique pièce axée sur le piano de The National, tirée de l’album de 2010 High Violet, est délicieuse et fidèle au style du groupe : à la fois hautement nostalgique et doucement introspective. Quant aux commentaires sur la météo outre–Atlantique, sachant que le protagoniste de la chanson se trouve dans une cathédrale à Los Angeles, ils sont un peu suspects…

Si on associe plutôt Arcade Fire à Montréal, cette chanson écrite par Régine Chassagne, cochanteuse et multi–instrumentiste d’Arcade Fire, se penche sur le pays que les parents de l’auteure ont fui en 1960, avant sa naissance. La mélodie est assez joyeuse, mais les paroles sont très sombres, commémorant avec une certaine colère ceux qui sont morts (ou qui ne sont jamais nés) sous la domination brutale de François Duvalier. Depuis la sortie de la chanson en 2004, le groupe s’est de plus en plus impliqué dans la promotion de la culture haïtienne, lançant de nombreuses initiatives caritatives et concerts en soutien au peuple haïtien. M^me Chassagne et son conjoint et cochanteur Win Butler ont également ouvert l’Agrikol en 2016, un resto montréalais de cuisine haïtienne.

Les annales de la musique comprennent des centaines de grands hymnes new–yorkais, mais la pièce maîtresse de l’album Illmatic de Nas n’est pas emblématique pour rien. Elle mélange une poésie mémorable (c’est l’une des rares chansons de rap dont les paroles se retrouvent dans la Norton Anthology of African–American Poetry) avec un beat typiquement new–yorkais, gracieuseté de DJ Premier. L’échantillon de Rakim sert de fil conducteur entre un âge d’or du hip–hop new–yorkais et un autre.

Ce n’est pas l’une des chansons les plus connues de Frank Ocean, mais ce petit bijou de l’album Channel Orange évoque magnifiquement le sentiment d’être jeune et perdu. La Sierra Leone qu’Ocean chante est–elle une métaphore de la naïveté de la jeunesse ? Est–ce une destination fantastique qu’il espère voir un jour ? En fin de compte, les mélodies et paroles de la chanson, en 2 min 28 s à peine, n'appellent pas de réponse ; il suffit de se laisser dériver avec elles et d’imaginer notre propre Sierra Leone.

Avec ses rythmes d’accordéon musette et la voix assurée d’Yves Montand qui donne vie à des paroles rendant hommage à la Ville lumière, cette chanson est parfaite pour s’imaginer à la terrasse d’un café près de l’Arc de triomphe ou se promenant le long de la Seine au printemps. Écrite à l’origine pour le film Sous le ciel de Paris de 1951, elle a fini par devenir un hymne à la ville, en France et partout dans le monde.

Dans la pièce titre du deuxième album d’Outkast, Andre 3000 et Big Boi chantent leur ville (ATL est l’abréviation d’Atlanta) tout en se posant en marginaux de la scène hip–hop (ce qu’ils étaient en 1996 lorsque la piste et l’album ont été lancés). Au cours des décennies qui ont suivi, ils sont devenus des vétérans de cette forme d’art, et le son du sud des États qu’ils ont contribué à créer se retrouve partout à la radio. Si vous voulez saisir l’essence d’Atlanta, en Géorgie, montez le son.

À l’origine, cette pièce était une chanson de country blues intitulée Corrine, Corrina, gravée pour la première fois sur disque par Bo Carter en 1928. Dans la version de Clapton, la femme se nomme Alberta. Ça n’a rien à voir avec la province du même nom, mais on peut toujours s’amuser à imaginer Clapton avoir le cœur brisé par une zone géographique de l’Ouest canadien.

En 1966, Graham Nash a pris le train de Casablanca à Marrakech, et cette chanson lui a été inspirée après qu’il a erré dans les compartiments des wagons. « La chanson raconte ce qui m’est arrivé, littéralement », a–t–il déclaré à Rolling Stone. Et l’ensemble dégage une impression très « littérale » : l’instrumentation a été choisie pour imiter la sensation d’être dans un train, et la chanson teintée de psychédélisme donne une pop inspirante et légère.

Êtes–vous devenu excessivement riche grâce à une carrière musicale très réussie ? Attendez–vous depuis un bout de temps de célébrer votre ascension vers la gloire et la fortune ? Alors vous avez quelque chose en commun avec Post Malone. Dans Saint–Tropez, ce musicien né à New York fait un (autre) tour d’honneur, énumérant ses richesses et son style de vie somptueux, cette fois dans un lieu quasi tropical. Même si vous n’êtes pas tout à fait aussi riche que lui, détendez–vous et abandonnez–vous au rêve.

La musicienne et mannequin originaire de Montréal Charlotte Cardin a écrit cette ode à la Californie alors qu’elle s’y trouvait en tournée et qu’elle « n’arrivait pas oublier une certaine personne ». Tant mieux pour nous : c’est un magnifique rayon de soleil sur fond mélancolique. Idéal pour fermer les yeux et se souvenir de la dernière fois où vous avez couru dans le sable avec quelqu’un que vous avez tendance à ne pouvoir oublier.

Sur son premier album éponyme, le Buena Vista Social Club a ressuscité deux styles classiques de la musique cubaine : la trova et le filin. Grâce à ce disque et au populaire documentaire homonyme signé Wim Wenders, ce groupe de musiciens a du même souffle ramené la musique cubaine sous les projecteurs internationaux. Même si vous ne connaissez pas le titre de cette chanson par cœur, vous reconnaîtrez certainement la mélodie. Qui vous transportera presque certainement directement dans l’esprit de La Havane.

Qu’est–ce qu’une liste de chansons visant à inspirer et à exalter sans Céline ? Une mauvaise liste, tout simplement. J’irai où tu iras, un duo rock au rythme effréné, parle d’explorer la planète avec l’être aimé. La chanson, écrite et réalisée par Goldman, un musicien extrêmement populaire en France, a été plusieurs fois interprétée sur scène par Céline, y compris lors des célébrations du 400^e anniversaire de Québec en 2008.

Pas nécessairement besoin d’un costume flamboyant ou d’une foule de gens pour célébrer le carnaval. Ça aide, évidemment, mais vous pouvez aussi tout simplement faire jouer cette ode au festival de musique de São Vicente (au Cap–Vert, en Afrique) et danser dans votre chambre. Si vous avez une tenue à plumes ou à paillettes, enfilez–la. Et si vous vous sentez audacieux, mettez tout ça sur TikTok.

Alors qu’il planchait sur Warszawa, David Bowie a déclaré : « Je voulais exprimer le sentiment des gens qui aspirent à la liberté, qui peuvent sentir l’odeur de la liberté. » Ce qui en fait le morceau de clôture parfait de notre liste de chansons pour voyager sur place : que vous rêviez à Varsovie, à Buenos Aires ou à un autre lieu, la musique est un moyen de voyager dans votre esprit jusqu’à ce que vous puissiez le faire en personne.

Ces chansons ont été le point de départ de notre liste, qui continue de croître. Écoutez la liste complète, n’hésitez pas à ajouter vos propres airs de voyage et revenez de temps en temps : nos périples audio ne finissent jamais vraiment.