D’aussi loin que je me souvienne, je rends visite à ma grand–mère à Unterägeri, à près d’une heure de Zurich. Mes séjours dans ce sage village comportent inévitablement des week–ends parfaitement sans histoires passés à jouer au rami sur la terrasse, émaillés du plaisir des visites rituelles au supermarché local.
Pour moi, la connaissance intime d’une ville dépend entièrement d’une épicerie. À Venise, j’ai fendu des hordes de touristes au célèbre pont du Rialto pour parvenir à une Coop, et, bien que Tokyo soit constellé d’étoiles au Michelin, mon expérience culinaire incontournable demeure la section des onigiris réfrigérés du 7–Eleven. Pourtant, nul supermarché ne frôle autant la perfection que le Migros du village de ma grand–mère, où magasiner est la plus enrichissante des routines de voyage.
Migros a été fondé en 1925 avec un parc de Ford T servant de camions–magasins dans la région de Zurich. C’est aujourd’hui le plus grand détaillant de Suisse, avec plus de 700 adresses.
J’emprunte le trajet familier au bord du lac jusqu’à la succursale locale et en parcours les allées, ivre d’helvétude. Les emballages sont agréablement minimalistes, les produits laitiers, ornés de beautés alpines vêtues de dirndl, et le choix de chocolat, hallucinant.