Les chats porte-bonheur du temple de Gōtoku-ji, à Tokyo

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Tournant le coin pendant ma visite du temple de Gōtoku-ji, j’ai soudain l’impression d’être épiée. Par des chats. J’avais vu quelques signes avant-coureurs : de loin en loin, des félidés en plâtre cachés dans les jardins nickel, telle une version féline du jeu Où est Charlie?. Mais déboucher d’un coup sur un tas de ces célèbres sculptures de chats qui vous dévisagent, la patte levée et d’un blanc aveuglant sous le soleil de Tokyo, c’est une expérience singulière.

Malgré l’effet intimidant des indications de certains sites web, le temple de Gōtoku-ji, surnommé « temple aux chats porte-bonheur », est à sept minutes de marche étonnamment sans détours de la gare homonyme. Blotti au cœur des rues tortueuses d’un paisible secteur résidentiel de la banlieue tokyoïte de Setagaya, le parc où se dresse le temple bien fréquenté par les résidents. On y voit des parents qui transforment l’allée en piste cyclable pour leurs enfants ; de fervents bouddhistes qui s’arrêtent pour prier ; et des touristes comme moi, venus s’enivrer du plaisir de visiter des sanctuaires bondés de milliers de sculptures de chats aux oreilles rouges.

Des chats porte-bonheur à travers le temple Gōtoku-ji à Tokyo
Des rangées de chats porte-bonheur dans des étagères extérieures au temple Gōtoku-ji à Tokyo

L’origine de ces gardiens stoïques (appelés maneki-neko, ou « chats qui invitent ») remonterait à un chat du nom de Tama ayant véritablement vécu. Selon la légende, Tama aurait sauvé un moine mourant de faim en « invitant » de la patte des samouraïs de passage à entrer dans la modeste hutte du moine. Après que celui-ci leur eut enseigné ses préceptes, les samouraïs auraient été si impressionnés qu’ils auraient consacré leurs richesses à son œuvre, donnant naissance au temple de Gōtoku-ji et immortalisant la bonne action du chat pour son maître.

L’héritage de Tama se perpétue à ce jour dans les statues de chat qui saluent de la patte, lesquelles sont censées porter bonheur à leur propriétaire. La tradition veut que lorsque c’est la patte gauche du chat qui est levée, alors c’est signe de chance en affaires. Tandis que la patte droite, elle, accorde protection et bénédiction dans la vie de famille. Choisissez judicieusement.

Un affichage de chats porte-bonheur se tient devant un arbre au Temple Gōtoku-ji à Tokyo

Après avoir publié quelques clichés sur mon compte Instagram, je m’arrête à la boutique de cadeaux sur le chemin de la sortie. On y propose des ema (ces plaques de bois contenant des prières qui ornent le temple), ainsi que des omikuji, ces divinations écrites en japonais sur des bandes de papier. Mais l’attraction suprême demeure cette multitude de statues de chats, certaines de la taille d’un caillou, d’autres aussi grosses qu’un véritable chaton devenu grand. J’achète un des félins aux proportions plus modestes et le mets dans mon sac. Selon la tradition, je devrai le rapporter au temple lors d’un voyage subséquent et le laisser au sanctuaire pour le récompenser d’une retraite une fois sa tâche accomplie. Mais que cette statue retrouve un jour le chemin de Tokyo ou que je la garde tout simplement en souvenir, je sais que ce voyage en aura valu la peine. Je me sens déjà en veine.