Une exploration en images du Nunavik avec le photographe Alexi Hobbs
Le photographe discute de lumière et d’ombre ainsi que de notre perception du Nunavik, dans le nord du Québec, et de la communauté inuite.
enRoute Merci de prendre le temps de nous parler. Qu’est-ce qui vous a inspiré cette série ?
Alexi Hobbs J’ai d’abord visité le Nord pour un contrat mettant en lumière les forces vives et positives de la communauté inuite du Nunavik. Plus j’en apprenais sur cette région lors de mes visites pendant les quatre dernières années, plus je réalisais que les clichés que je prenais reflétaient ma vision du territoire, de sa population et des gens avec lesquels je me suis lié d’amitié.
ER Quelles images erronées aviez-vous en tête à propos du Nunavik avant de vous y rendre, et comment ont-elles évoluées ?
AH Ma connaissance de la culture inuite était influencée par l’image romantique rapportée par les colonisateurs et les explorateurs et par les médias, qui se concentrent sur les aspects sombres de la communauté. Mais ma vision a changé au cours des quatre dernières années. Oui, le Nord est magnifique, et oui, il y a des problèmes sociaux importants, mais quelle société ne vit aucun problème ? Je me souviens d’avoir marché dans une rue lors de ma première visite à Salluit : il y avait des camions en mauvais état et des motoneiges partout. Sortie de nulle part, une adolescente est passée en voiture et m’a lancé : « Bienvenue à Salluit ! » Elle avait un large sourire qui était tout en contraste avec l’environnement. Ça m’a vraiment touché.
ER Vous avez intitulé votre projet Brightness / Darkness (Lumière-noirceur). Pourquoi ?
AH Ça vient des contrastes et des saisons bien marqués du Nord : six mois de lumière en été et six mois de noirceur en hiver. Ça fait aussi référence à la physique de la photographie, avec laquelle nous tentons d’équilibrer la lumière et les ombres en un cliché.
ER Quel est votre objet favori rapporté du Nunavik ?
AH Mon amie Alena Stevenson, qui habite Kuujjuaq, m’a fait une paire de paulueet (mitaines) en peau de phoque. Je les ai portées lors d’une escapade de six heures en motoneige vers le Parc national des Pingualuit, alors qu’il faisait -35 degrés. Je crois que j’aurais perdu mes deux mains sans elles !
ER Comment pouvons-nous nous procurer des impressions de vos photos ?
AH Vous pouvez me contacter directement ou rendez-vous sur le site de la galerie The Letter Bet où certaines photos de mon expo sont en vente.
ER Quels sont vos comptes Instagram préférés ?
AH J’aime le compte de mon ami Brendan George Ko (@brendangeorgeko) qui documente en photos la culture hawaïenne. Le travail de Jack Davison (@jackdavisonphoto) est aussi surréel et poétique et me rappelle que, parfois, une silhouette ou une ombre parle davantage qu’un visage. Si vous souhaitez apprendre l’inuktitut, suivez le compte @inuktitut_ilinniaqta, sur lequel vous trouverez des collages de mots inuktitut. Celui que je regarde à l’instant dit : « Pinnguaqtiit pinnguanginnarniaqtut, qiimigusuttiillu qiimigusuinnarniaqtut (Les joueurs vont jouer, les rageurs vont rager) ».
ER Une chose que vous apportez à chaque voyage ?
AH Des vêtements de rechange et de la nourriture. Vous ne savez jamais quand vous serez pris de court par la météo.
ER Votre prochaine destination ?
AH Je pars pour la Nouvelle-Zélande, pour le travail, avec l’équipe nationale de rugby.