Troquer la perche à selfie pour les visites secrètes à Bali

Je me tiens sous un banian vieux de 700 ans, entouré de quatre temples hindous, sur un site balinais qui serait normalement envahi de touristes. Mais pas de perches à égoportrait, juste le silence. Chaque jour, les habitants y déposent des pétales en offrande (symbole de vie éternelle, le banian abriterait des esprits). Pourtant, cet après–midi, il n’y a que mon fiancé, notre guide Wayhu et moi qui explorons ce paisible village en périphérie du centre affairé d’Ubud. Je saisis mon téléphone pour publier sur Instagram la photo du portail fleuri d’une maison traditionnelle, mais soudain je me rappelle : je participe à une visite où les photos sont permises à condition de ne pas révéler où vous êtes.

25 septembre 2019
Une illustration des racines des arbres

L’excursion « Can you keep a secret? » du Four Seasons Resort Bali, lancée en mai 2018, est la réponse de l’hôtel de luxe au défi de préserver les sites sacrés de l’île des Dieux. Bali compte des milliers de temples dont les plus connus, bondés de touristes ne respectant pas les règles, ne paraissent plus purs aux yeux des résidents. Fervente instagrameuse, je résiste difficilement à la tentation de géolocaliser l’endroit, mais ces « expériences secrètes » contribuent déjà à préserver la tranquillité des lieux au bénéfice des visiteurs. Au Vietnam, un certain M. Rot organise une visite secrète de Dalat devenue culte, durant laquelle il mène ses invités dans de petits marchés et ateliers de campagne pour leur faire vivre la magie du quotidien, qui s’éteint souvent sitôt qu’un endroit devient couru.

Une illustration de déposer une épingle sur une carte

À Bali, l’intérêt du secret prend tout son sens à notre destination finale, un temple d’eau tellement sacré que si j’avais eu l’occasion d’en « partager le conten », l’expérience perdrait beaucoup de son sens. Après avoir été bénis par un mangku (prêtre balinais) avec des fleurs et du riz, nous entrons dans un bassin collectif pour un rituel de purification. Au fil de fontaines d’eau de source bénite, nous nous aspergeons corps et bouche pour nettoyer notre âme en profondeur. Alors que mes cheveux sèchent au vent sur le chemin du retour au fil de rizières luxuriantes, je suis tentée de me brancher pour faire état de mes découvertes. Je choisis plutôt d’éteindre mon téléphone pour profiter seule du moment.