Les rituels des personnes les plus heureuses de la planète

Meik Wiking, PDG du Happiness Research Institute, un laboratoire d’idées consacré au mieux–être, au bonheur et à la qualité de vie, souligne à quel point le voyage est un ingrédient essentiel à la création de souvenirs heureux dans cette traduction d’un extrait de son livre The Art of Making Memories.

« Veuillez décrire un souvenir heureux. » Telle est la question que nous avons posée en 2018 aux participants d’une étude du Happiness Research Institute intitulée The Happy Memory Study, une gigantesque enquête internationale sur les souvenirs heureux. Nous n’étions pas à la recherche de souvenirs précis, alors nous avons demandé aux répondants d’écrire, tout simplement, le premier souvenir heureux qui leur venait en tête.

J’ai été ébahi par la participation des gens. À ma connaissance, The Happy Memory Study constitue la plus importante banque mondiale de souvenirs heureux à ce jour.

Une tendance en ressort : les nouvelles expériences. Au total, 23 % des souvenirs tournent autour d’une expérience extraordinaire et nouvelle, comme le fait de visiter un pays pour la première fois. Mon conseil, donc : découvrez de nouveaux endroits, qu’ils soient exotiques ou qu’il s’agisse d’un parc à l’autre bout de la ville.

26 septembre 2019
Le littoral d'une plage de Tasmanie
“Salt in the air, sand in my hair (and everywhere else).” #tasmania #makingmemories #wanderlust   Photo : @_katharina_anna_

J’adore renouer avec des endroits où j’ai déjà mis le pied. Tous les étés, je vais à Bornholm, une petite île de la mer Baltique. J’y ai une petite propriété. Ça me plaît de savoir où poussent les cerises sauvages et où pêcher la plie au harpon. Mais récemment j’en suis venu à apprécier l’importance de visiter des lieux qui me sont inconnus, afin de créer de nouveaux souvenirs. Afin de ralentir le rythme du temps lorsque je regarderai en arrière dans 10 ans. Visiter un endroit nouveau n’implique pas nécessairement de mettre le cap sur le nord–ouest de la Mongolie ou sur Ouagadougou. Ça peut aussi être un parc à l’autre bout de la ville.

Instagram est aussi devenu un rituel inhérent aux voyages et à la création de souvenirs. On compte plus de 8 millions de publications Instagram accompagnées du mot–clic #makingmemories (qu’on peut traduire par #CreerDesSouvenirs), et plus de 70 millions pour le simple #memories (qui correspond à #souvenirs). Il y a aussi plus de 17 000 publications flanquées d’un #memoriess, et donc même ceux qui ne savent pas comment épeler le mot peuvent partager leurs souvenirs.

Une vue au sol de la tour de Busan à côté d'une pagode
“Climbing up endless amounts of stairs to get there we noticed on the way down we could have walked up a path 😂 Saying that it was all worth it for the views.” #busantower #makingmemories #wanderlust    Photo : @apairofdaydreamers

Au Happiness Research Institute, nous avons analysé les publications Instagram marquées du mot–clic #makingmemories. Les photos que nous avons choisies l’ont été au hasard, afin que notre échantillon n’ait pas de distorsion en fonction du fuseau horaire ou de la saison, et nous avons exclu les clichés publiés par des entreprises et celles ayant une visée commerciale. Cependant, notre analyse comportait un biais langagier, puisque nous n’avons considéré que des publications en anglais. Si nous avions mené une étude en danois ou en russe, les résultats auraient sans doute été différents.

Alors, que font les personnes quand elles affirment créer de nouveaux souvenirs ? Eh bien, l’analyse nous démontre que les photos #makingmemories se divisent grosso modo en quatre catégories.

Primo, il y a la catégorie #momlife–dadlife–familylife (#viedemaman–viedepapa–viedefamille). Avec des enfants mignons. Des enfants jouant dans la neige. Des enfants mettant le bordel dans la cuisine. Les citrouilles décorées, les arbres de Noël et les voyages à Disneyland. Deuzio, il y a la catégorie #SassyPOTD (publication du jour en fête). Les soirées de filles. Les soirées de gars. Les amitiés, meilleurs amis et aspirations partagées. Les cocktails, les shooters et tout ce qui semble être une bonne idée sur le coup. Tertio, il y a la catégorie #Love (dont l’équivalent est #amour). Avec mariages et anniversaires. Escapades et week–ends de trois jours. Couples souriant à la caméra. On pourrait aussi appeler cette catégorie « regarde–qui–est–à–mes–bras ». Mais le gros des publications tombent dans la quatrième catégorie: #Wanderlust (qui correspond à #appeldularge). Les vacances. Les découvertes. Les aventures.

La cour d'un immeuble avec de nombreuses vitres à Copenhague
“Jobs fill your pockets, but adventures fill your soul.” #copenhagen #makingmemories #wanderlust   Photo : @elena_zana

On y trouve les montagnes escaladées, les villes explorées et les couchers de soleil attrapés. La Nouvelle–Zélande, New York et les nouveaux horizons. Les souvenirs, nous les créons quand nous répondons à l’appel du large. Quand nous devenons voyageurs. Explorateurs. Aventuriers.

Les souvenirs prennent forme lorsque nous suivons les traces des David Livingstone, Marco Polo et Vasco de Gama. Lorsque nous appareillons, décollons ou laçons nos bottes de randonnée. Lorsque nous partons à la chasse au trésor… et que ce trésor est une vie mémorable.

Créer des souvenirs, c’est embrasser le mantra qui nous pousse à voyager plus souvent. On peut toujours faire plus d’argent; on ne peut pas toujours créer des souvenirs.