Escapade dans le fjord du Saguenay

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Paysages de carte postale, réussites écotouristiques, observation des baleines : cette destination fait partie de la crème.

Les œuvres d’une beauté renversante n’apparaissent pas du jour au lendemain. La chose est d’autant plus vraie quand il s’agit de merveilles géologiques comme le fjord du Saguenay, une profonde voie navigable encaissée entre des falaises impressionnantes densément couvertes de conifères qui s’étend sur plus de 100 km de Saint–Fulgence à Tadoussac, sur la rive nord du Saint–Laurent. Il a fallu des millions d’années pour écrire l’histoire de ce fjord, depuis l’effondrement d’une cuvette et une érosion glaciaire prolongée jusqu’à la montée des eaux capitale qui a forgé son identité.

À la fois mer et rivière, le seul fjord du Québec se démarque par son écosystème remarquablement complexe. L’eau douce, plus chaude et plus légère, déversée en majorité par le lac Saint–Jean, coule en surface au–dessus d’un courant d’eau froide et salée remontant de l’estuaire du Saint–Laurent, mélange qui permet d’accueillir une incomparable concentration de vie marine. L’observation des baleines étant un des principaux attraits de la région, les touristes se pointent habituellement à la belle saison. Certaines attractions sont fermées l’hiver, mais des villages animés de pêche blanche et des expéditions sportives dans la neige prennent leur place, ce qui signifie que, peu importe la saison, il y a de quoi vous garder occupé. Voici six haltes par lesquelles commencer.

07 décembre 2022
Un dôme géodésique relié à une promenade à Cap Jaseux
Parc Aventures Cap Jaseux
  1. Parc Aventures Cap Jaseux, Saint–Fulgence —

    Les voyageurs qui ont un faible pour les aventures qui font monter l’adrénaline sont bien servis dans ce parc de près de 200 hectares, dont l’offre d’activités comprend des parcours d’hébertisme aérien de niveaux de difficulté variés ainsi qu’une via ferrata. Mais le parc Cap Jaseux propose aussi des massages sur la plage et des sorties de cueillette de champignons à ceux qui préfèrent le plancher des vaches. Contentez–vous d’une journée bien remplie d’activités, ou restez à coucher dans un de ses hébergements : sphères suspendues pour les plus braves, maisons douillettes dans les arbres ou dômes géodésiques spacieux face au fjord. Le parc est intégralement ouvert de mai à octobre et offre une gamme d’activités hivernales du type raquettes et pêche blanche de janvier à mars.
     
    À moins d’un kilomètre se trouve l’entreprise familiale La Vieille Ferme, dont le kiosque libre–service propose des paniers de fruits bios, de mets cuisinés, de repas sous vide et d’une ribambelle de pots de confit, de rillettes et de confiture, qu’on savourera sur place ou à Cap Jaseux. Puisqu’il y a rarement des commis sur place, les clients doivent faire leurs courses selon un régime de confiance : noter leurs achats dans un carnet, faire la somme des divers montants et payer comptant, par virement électronique ou avec une carte de crédit.

Rangées de maisons sur les plaines enneigées d'Okwari Le Fjord, La Baie avec une montagne en arrière-plan
Okwari Le Fjord.   Photo : Laurent Silvani
  1. Okwari Le Fjord, La Baie —

    « Okwari » signifie « oursnoir » en mohawk. Cet organisme qui se consacre à éduquer le public à propos de la faune et de la flore de la région permet d’admirer des ours noirs dans leur habitat naturel du haut d’un mirador aménagé spécialement à cet effet. Parmi les autres activités proposées, mentionnons des randonnées en nature, des sorties en rabaska et, l’hiver, une visite des dynamiques villages de pêche blanche installés non loin sur la baie des Ha! Ha! (Le fjord, vu sa profondeur et son mélange d’eau douce et salée, est un endroit spécial où tendre sa ligne par un trou dans la glace, puisqu’on y trouve à la fois des poissons d’eau douce et des poissons marins.) Mais ce qu’il y a de mieux à Okwari, c’est sans doute le savoir encyclopédique des employés en ce qui concerne des cultures autochtones, les formations géologiques et les merveilles des plantes médicinales. Selon le moment de l’année, on trouve sur le site du thé des bois (ou gaulthérie), un analgésique naturel, et des saules, dont l’écorce sert d’« aspirine naturelle ».

Un groupe de kayakistes à L'Anse–Saint–Jean
Fjord en Kayak
  1. Fjord en Kayak, L’Anse–Saint–Jean —

    La région est réputée pour ses rivages aux panoramas légendaires et pour ses croisières qui sont de véritables révélations, mais on ne connaît vraiment le fjord que si on tente d’y naviguer soi–même. Proposant des excursions guidées de trois heures en kayak de mer qui sont assez faciles pour des novices ainsi que des expéditions de plusieurs jours pour les pros, Fjord en Kayak met ses clients directement en contact avec les eaux du Saguenay. D’habitude, l’entreprise ferme sa boutique sur les quais à l’automne, avant que le fjord gèle, pour la rouvrir à la fin du printemps, mais cette année les visiteurs pourront réserver des cabanes de pêche blanche.
     
    Les guides de kayak de mer autant que les novices semblent s’entendre : un repas à La Chasse–Pinte, ouverte du printemps à la fin de l’automne, est une façon délicieuse de clore une sortie sur le fjord. Ce bistro–brasserie de L’Anse–Saint–Jean brasse des bières qui mettent en valeur les plantes boréales et sert des pizzas originales, du tartare de gibier et une poutine fantastique en sauce à la bière, et aux grains de fromage de la Fromagerie Boivin, qui a déjà perdu dans le fjord 800 kilos de fromage qu’elle avait immergé dans le but d’en bonifier la saveur.

Un groupe de skieurs au parc national du Fjord–du–Saguenay
Parc national du Fjord–du–Saguenay.   Photo : Marc Loiselle
  1. Parc national du Fjord–du–Saguenay —

    Si c’est l’observation des baleines qui vous amène dans la région, rendez–vous au Parc national du Fjord–du–Saguenay pour vous installer près de la rive de la baie Sainte–Marguerite, où les bélugas femelles se réfugient l’été avec leurs veaux. Les bélugas qui fréquentent le fjord du Saguenay l’été sont des résidents du Saint–Laurent, où l’on en a déjà dénombré jusqu’à 10 000, mais il ne resterait que 889 individus au dernier décompte ; la population du Saint–Laurent, décimée surtout par la chasse au dix–neuvième siècle, est aujourd’hui en voie de disparition. On peut néanmoins encore apercevoir des troupeaux de ces cétacés blancs comme neige, connus pour leur chant, leur flexibilité cervicale et leur « sourire » figé, à partir d’observatoires côtiers et du pont de bateaux de croisière dans tout le parc marin du Saguenay–Saint–Laurent. De mai à octobre, des espèces migratoires se joignent à eux, y compris des baleines à bosse, des petits rorquals et des baleines bleues.
     
    Dans le secteur de la Baie–Éternité du parc national, l’ascension d’un sentier débouche sur une vue panoramique et sur la statue de Notre–Dame–du–Saguenay, qui domine le fjord du haut de ses neuf mètres depuis 1881. Le sentier des Méandres–à–Falaises offre une balade d’une heure moins difficile, avec tronçons au bord de l’eau, détours par des marais et panoramas forestiers. Les centres de découverte et de services et les visites guidées par des naturalistes ne sont pas accessibles en hiver, mais le parc demeure ouvert au public pour être exploré en raquettes.

L'extérieur du Centre d'interprétation des mammifères marins de Tadoussac
Centre d’interprétation des mammifères marins.   Photo : Lise Gagnon – GREMM
  1. Centre d’interprétation des mammifères marins, Tadoussac —

    Ce musée, projet du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), abrite la plus grande collection d’os de baleine au Canada et est une halte obligée dans toute aventure sur le fjord. De nombreux squelettes y sont suspendus, dont celui, pesant 2,5 tonnes, de Piper, une baleine noire accessible aux chercheurs depuis 1993. Grâce aux activités interactives, aux conversations instructives avec des spécialistes et au spectacle son et lumière immersif Le ballet des baleines, vous repartirez probablement ébloui par ces géants marins. Le musée est ouvert de mai à octobre. 
     
    Avant d’apprendre tout ce qu’il y a à savoir sur les baleines qui fréquentent le Saint–Laurent, tentez votre chance d’en apercevoir en parcourant le sentier de la Pointe–de–l’Islet, tout près du musée, qu’on peut boucler en 20 minutes et qui offre des points de vue imbattables sur la baie de Tadoussac, embouchure du fjord et aire d’alimentation si abondante que les naturalistes la comparent à un buffet à volonté pour baleines.

Vue côtière de l'hôtel Tadoussac au Québec
Hôtel Tadoussac.   Photo : Dominique Lafond
  1. Hôtel Tadoussac, Tadoussac —

    L’arrivée à Tadoussac en descendant le fjord révèle un village idéal et l’un de ses monuments les plus photogéniques : l’Hôtel Tadoussac. Situé au bord de l’eau au confluent du fjord du Saguenay et du fleuve Saint–Laurent, cet hôtel de 149 chambres est célèbre pour son toit rouge, ses volets verts et son allure imposante. Pour les Tadoussaciens, cet établissement, qui date de 1864, est « plus vieux que le Canada », mais en fait l’édifice d’origine a été démoli en 1941 et reconstruit sous le même nom en 1942. Ouvert de mai à octobre, comme à peu près tout dans ce village d’à peine 800 âmes, l’Hôtel Tadoussac accueille les clients venus seuls ou en groupe dans l’espoir d’apercevoir des baleines dans cette région qu’on considère comme l’un des endroits les plus extraordinaires pour l’observation des cétacés.
     
    Entre une réplique du premier poste de traite des fourrures au Canada et des rues pittoresques bordées de boutiques, le centre de Tadoussac a beaucoup à offrir. Mais il vaut la peine de sortir du village pour aller visiter les dunes laissées par les glaciers il y a 10 000 ans. Des années 1940 aux années 80, on y pratiquait un sport unique et un peu loufoque : le ski sur le sable.