Randonnée singulière : traverser l’Inde en vélo de montagne

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Un séjour dans les montagnes reculées du nord de l’Inde ponctué de reliefs accidentés, de ressourcements spirituels et de contacts amicaux.

Il y a deux ans, Kari Medig, photographe-aventurier de Colombie-Britannique, explorait le Ladakh, pays des hauts cols, dans l’Himalaya indien, sur son vélo noir et rouge Devinci. Accompagné de ses amis Alex et Carl, c’est à partir de l’ancien monastère de Lamayuru qu’il a entrepris un épique voyage de 10 jours vers le sud. Munis d’un équipement léger, les trois cyclistes ont parcouru les cols vertigineux et les vallées profondes, en suivant la même trace que tous ceux qui, à travers les siècles, ont foulé ces montagnes. Et pourquoi le faire à vélo ? Le photographe rétorque : « C’est un mode de transport noble pour découvrir en profondeur des sites qui échappent à la majorité des gens », avant d’ajouter qu’ils n’ont eu qu’une crevaison.

Les cyclistes traversent un pont étroit entre deux falaises en Inde
Deux moines de l'Inde en robe marron, tenant des cruches en laiton
Deux hommes consultant une carte dans une maison en Inde

Environ la moitié de la population du Ladakh est bouddhiste, et la présence de moines en toges marron est habituelle, dans les villages. Les premiers indices de vie humaine sur la piste se dévoilent un à un : un mur de mani (des piles de pierres gravées de mantras), un âne curieux, puis un hameau blotti dans une vallée. Partout, l’accueil est chaleureux. Les voyageurs dorment chez les habitants qui, le soir, leur servent des momos (dumplings vapeur) et du dhal.

Un homme à vélo le long de la périphérie de la ville de Leh en Inde

Entourée des crêtes abruptes de la chaîne du Ladakh, la ville de Leh, à environ 3500 m d’altitude, compte parmi les plus élevées au monde ; Kari s’y est entraîné en vue de son expédition de 200 km dans les montagnes. L’agglomération dynamique aux maisons chaulées, aux monastères paisibles et aux marchés animés est érigée au pied d’un palais tibétain médiéval de neuf étages du XVIe siècle.

Deux cyclistes en vélo sur la piste enneigée de la chaîne du Ladakh en Inde

Après une montée enneigée particulièrement éprouvante, le trio s’est abrité à côté d’un des colorés moulins à prières du Ladakh. Ces cylindres renferment un parchemin couvert de mantras et tournent dans le sens des aiguilles d’une montre pour suivre le mouvement du soleil, ce qui multiplie par un million la prière de la personne qui actionne le mécanisme. Tout près de là, le proprio d’un gîte du petit village de Skiu les a reçus, vêtu du traditionnel goncha de laine.

Un cycliste prenant une pause sous un moulin à prières en Inde
Un homme vêtu du traditionnel goncha de laine dans une maison d'hôtes en Inde
Deux cyclistes à vélo devant d'anciens sanctuaires le long de la chaîne du Ladakh en Inde

Les cyclistes ont souvent croisé d’antiques chörtens, édifices abritant les restes ou les reliques d’un saint, destinés à fournir aux passants un espace de méditation favorable à la réflexion et à l’atteinte d’une illumination. « L’union de l’ancienne tradition bouddhiste et de l’histoire des voyages à pied entre les villages montagneux éloignés me laisse entrevoir un autre univers, mystique et mythique », explique Kari Medig.

Un homme à vélo entre les drapeaux de prière en Inde
Un portrait d'un homme de la région du Ladakh en Inde

Arche de drapeaux de prière flottant au soleil couchant. Lorsque les couleurs vives des mantras s’estompent, c’est que leurs messages de paix et de compassion ont été soufflés par le vent aux quatre coins du monde. L’altruisme est omniprésent au Ladakh : un matin au réveil, le photographe a aperçu une dame âgée qui bénissait le trio de vélos. « J’ai surtout aimé les gens, explique-t-il, leur générosité, leur gentillesse, leur inquiétude relative à notre voyage. Les difficultés inhérentes à la vie en montagne font qu’ils semblent réellement se soucier du bien-être des autres, dont le nôtre. »

Un cycliste regardant les majestueuses chaînes de montagnes de l'Inde