Mémoire et voyage: nos distractions avant de prendre l’avion

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Pourquoi oublie-t-on toujours sa brosse à dents?

Vous avez sans doute déjà ressenti cette angoisse en allant à l’aéroport : vous oubliez quelque chose. Vous en avez la certitude. Mais vous ignorez ce que ça peut bien être. Vous traînez cette obsédante préoccupation dans toute l’aérogare, telle une valise à roulettes, et jusque dans l’avion. C’est finalement au décollage que ça vous revient : votre brosse à dents est restée à la maison.

Cet objet est souvent celui que les voyageurs oublient. Ça n’a pourtant rien à voir avec une mauvaise hygiène dentaire, selon Ylva Østby, neuropsychologue et coautrice du livre Les mystères de la mémoire : Quand l’hippocampe livre ses secrets… Elle explique que la capacité de stockage de notre mémoire de travail, cette partie consciente du cerveau qui s’attarde à l’immédiat, est limitée. Avant un voyage, des détails tels l’heure de départ, le numéro de porte d’embarquement ou la température à Waikiki encombrent notre capacité neuronale, qui peut traiter entre cinq et neuf éléments d’information à la fois, selon la plupart des recherches. C’est pourquoi on oublie systématiquement au moins un essentiel de voyage.

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« On adopte une routine si on voyage fréquemment », résume Mme Østby. Plus on se prépare méthodiquement, plus on se fie à la mémoire inconsciente, ce qui libère de l’espace pour autre chose. Faire ses bagages régulièrement peut devenir un automatisme, comme jouer du piano ou monter à vélo. Ajoutez le facteur stress, par contre, et même les grands voyageurs peuvent ressentir une impression d’oubli. «J’ai souvent faussement le sentiment d’avoir oublié quelque chose », précise Mme Østby, selon qui cette impression peut se manifester quand on ne se perçoit pas en parfait contrôle.

« Étant un point de non-retour, le moment du décollage peut devenir un puissant déclencheur. »

Et pourquoi la mémoire nous revient-elle quand il est trop tard ? « Les souvenirs spontanés surgissent quand le stress tombe », indique Mme Østby. C’est ce qui fait que le nom d’une personne nous revient seulement après une réunion stratégique. Quand la pression baisse, le cerveau recouvre ses forces. Des repères contextuels peuvent aussi raviver la mémoire. « Étant un point de non-retour, le moment du décollage peut devenir un puissant déclencheur », ajoute Mme Østby. Bref, en repensant aux fois où vous avez su au décollage que vous oubliiez quelque chose, possible que vous réalisiez que vous venez d’oublier quelque chose, encore. 

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Mémoire parfaite

Plusieurs outils existent pour les voyageurs surstimulés et en manque de sommeil. Ces trucs éprouvés préviendront les trous de mémoire lors de votre prochain voyage.

  • Noter par écrit. « Dresser une liste écrite est la meilleure manière de retenir quelque chose», explique Mme Østby. Ça externalise la pensée du cerveau. Utiliser stylo et papier renforce la mémoire : la recherche démontre que les notes de cours manuscrites sont mieux mémorisées que celles prises à l’ordi.
  • Vive les aide-mémoire! Alertes, calendriers, rappels et autres outils électroniques sont vos amis. « Un stimulus externe peut aussi nous rappeler de nous souvenir de quelque chose», confie Mme Østby. Par exemple, prévoyez de vérifier que vous avez votre passeport au moment d’enfiler votre manteau.
  • Répéter, encore et encore. La répétition marque l’importance pour le cerveau. Au lieu de vérifier sans cesse votre carte d’accès à bord, tâchez de vous répéter le numéro de la porte d’embarquement après le contrôle de sécurité. Après assez de répétitions, la mémoire prend le relais.