Alison Roman souhaite que tout le monde cuisine

Pour ceux à qui le mot–clic #TheStew sonne une cloche, Alison Roman se passe de présentation. Auteure de livres de cuisine et collaboratrice au New York Times et à Bon Appétit, elle concocte des plats qui ont tendance à se retrouver partout sur Instagram (comme sa recette de ragoût à base de pois chiches et de légumes verts au curcuma, dans un bouillon onctueux au lait de coco, publiée dans le New York Times à l’automne 2018). Qu’il s’agisse de tranches épaisses de pain de campagne garnies de tomates charnues et de crevettes au beurre ou de sablés aux morceaux de chocolat (#TheCookies), ses recettes ravissent les cuistots maison, et ce, même quand elles contiennent des ingrédients plus intimidants, comme un poisson entier. En 2017, cette ex–rédactrice de Bon Appétit et ancienne chef pâtissière du Milk Bar a fait paraître son premier livre de cuisine, Dining In. Son plus récent, Nothing Fancy, regroupe des recettes à faire pour la famille et les amis (en les impressionnant au passage). Nous avons joint Mme Roman dans son appartement de Brooklyn bien ventilé et rempli de plantes, où elle s’affairait à confire des citrons et à faire cuire des haricots pour des amis jeunes parents, afin de parler de vacances de bouffe, d’ingrédients à emporter sur une île déserte et de ce qu’elle ressent quand les gens disent que ses recettes sont sexy.

25 octobre 2019
Alison Roman porte une combinaison bleue et atteint un placard
Un vase rose est assis à l'arrière-plan derrière une table

enRoute Comment on se sent quand nos recettes deviennent des mots–clics ?

Alison Roman C’est vraiment agréable, je ne vous le cacherai pas. Je travaille fort pour que le plus de gens possible cuisinent, alors quand ce sont mes recettes à moi qu'ils font, je suis ravie. Ça veut dire que j’ai bien travaillé.

ER Pourquoi les gens ont–ils tant besoin de diffuser qu’ils viennent de cuisiner vos plats, selon vous ?

AR Instagram est un peu comme un gigantesque club de cuisine. Dès que quelqu’un d’autre est impliqué, c’est comme si on faisait partie de quelque chose de plus grand. C’est aussi gratifiant de publier une photo et de pouvoir dire: « J’ai fait ça. » Certains cuisinent mes recettes [et les publient] le jour de leur sortie, ce qui est vraiment chouette. C’est une forme de gratification immédiate. Et je voudrais pouvoir répondre à tout le monde, mais vous devriez voir le nombre de MP que je reçois. Je réponds surtout quand je suis au lit : probablement pas génial pour mon sommeil.

ER Comment décrivez–vous votre cuisine ?

AR Savoureuse et sans prétention ; des plats authentiques et faciles à faire. J’utilise beaucoup d’agrumes, de fines herbes et de piments, des ingrédients qui sont généralement assez intenses et aux saveurs marquées. Quelqu’un m’a dit dernièrement : « Votre cuisine est très sexy. Vous utilisez beaucoup d’huile d’olive et vous vous servez de vos mains, ce qui lui donne un côté sensuel. » J’ai pris ça comme un énorme compliment. Quand on me dit : « Ah, vous écrivez des livres de cuisine ? Quel genre ? » c’est toujours difficile de répondre, parce que ce sont simplement des plats pleins de bon sens.

Un GIF animé d'une interview avec Alison Roman

ER Avec votre nouveau livre, Nothing Fancy, essayez–vous d’amener les gens à être plus relax à l’idée de recevoir ?

AR Absolument. Si vous êtes stressé ou paniqué, vos invités vont être l’être aussi, et ce n’est pas ce qu’on souhaite. On veut que nos invités se sentent bien chez nous, qu’ils se détendent et soient à l’aise. Et qu’ils repartent en se disant qu’ils ont passé un bon moment.

ER Par quel plat commencer si on est généralement paniqué à l’idée de recevoir ?

AR Honnêtement, toutes les recettes de Nothing Fancy sont conçues avec un minimum d’effort en tête. Il y a très peu de technique complexe. Il y a une recette d’épaule de porc, par exemple, qui ne demande que d’assaisonner la viande d’épice à frotter et de l’enfourner avec des haricots en boîte. C’est tout. Il y a beaucoup de recettes parfaites pour les cas où vos invités arrivent dans deux heures et que vous n’avez encore rien planifié. C’était ça l’objectif. Les recettes qui demandent plus de temps ne requièrent pas beaucoup d’efforts, et celles qui demandent une attention soutenue sont prêtes en 30 minutes.

ER Est–ce que les voyages influencent vos recettes ?

AR Tout à fait. C’est probablement ce qui a le plus d’influence sur ma cuisine. À chaque nouvel endroit que je visite, même s’il ne s’agit pas d’un lieu exotique, je trouve quelque chose qui m’inspire : regarder les gens cuisiner, manger au resto, magasiner, visiter les marchés, les ingrédients, tout ça. Je suis récemment allée à Formentera, en Espagne. Ce n’était pas vraiment un voyage gourmand, mais c’était absolument délicieux. Et ça m’a donné envie de manger plus de poissons et de fruits de mer.

La couverture du livre de cuisine Nothing Fancy
Le bureau d'Alison Roman

ER J’ai lu que quand l’endroit où vous logez en voyage a une cuisine, ça vous fait des « vacances de bouffe », qui sont votre type préféré de vacances. Quelles ont été vos vacances de bouffe les plus mémorables ?

AR Il y a deux ans, je me suis rendue au Portugal pour le quarantième anniversaire de mon cousin, et j’ai cuisiné pour une quarantaine de personnes. C’était intense, mais très amusant. Je grillais des sardines et de la viande, préparais des trempettes et du pain, c’était fou. Le summum des vacances de bouffe. Les autres sont plus relax. Par exemple, louer une maison pour quatre jours avec des amis, et une journée sera consacrée à cuisiner. Plusieurs facteurs entrent en jeu : qui est présent, combien on est, s’il y a des enfants, l’heure à laquelle il faut manger, l’endroit où nous nous trouvons, le temps de l’année, mais on peut toujours cuisiner une épaule de porc, des pois chiches, des pâtes ou des ragoûts.

ER Quand on loue une maison ou un Airbnb, on ne sait jamais comment la cuisine va être équipée. Y a–t–il des ingrédients ou des ustensiles de cuisine que vous apportez en voyage ?

AR Du sel en flocons, toujours. Dans un sac Ziploc. Mais pas d’ustensiles. Je ne vais pas enregistrer une valise simplement pour apporter mes propres couteaux. J’essaie de me débrouiller avec la cuisine que je trouve. On peut tout faire avec une plaque de cuisson, un poêlon ou un chaudron et un couteau.

ER Qu’est–ce que vous préparez dans ces cas–là ?

AR Un poulet rôti fait pas mal toujours partie de la solution. Ça fonctionne à merveille, que l’on soit deux ou six. Je voyage souvent en solo, surtout quand j’écris. Je fais rôtir un poulet que je mange au souper. Le lendemain, je vais utiliser le poulet froid dans une salade au dîner et je ferai une soupe avec les os. Je vais la manger pour souper, en y ajoutant de la viande, et je mangerai ce qui reste le lendemain.

ER Quels ingrédients voudriez–vous sur une île déserte ?

AR Du citron, de l’huile d’olive et du sel en flocons. C’est une liste un peu plate, mais je ne pourrais rien cuisiner sans ces ingrédients de base.
 

Les souvenirs préférés d’Alison

L’auteure de livres de cuisine nous donne le pedigree international de trois objets exposés dans son appartement.

Plat en verre italien teinté orange avec allumettes à l'intérieur

« Je l’ai trouvé en Sicile, dans un marché aux puces en pleine rue, et je me suis dit : “Il va falloir que je le rapporte.” Il n’est pas particulièrement léger, et j’avais quelques semaines pour faire le tour de l’Italie, alors ce n’était pas ce qu’il y avait de plus pratique à mettre dans ma valise, mais c’était tellement beau. J’y range des allumettes, mais je m’en sers aussi quand je reçois pour y mettre une trempette ou des noix. On peut d’ailleurs le voir dans Nothing Fancy, où je l’ai utilisé comme accessoire décoratif. »

Un perroquet en bois est perché sur un support devant une fenêtre

« Je l’ai trouvé dans la région Mid Coast, tout près de Belfast, où je vais chaque année pour rendre visite à l’une de mes meilleures amies. Là–bas, une de mes activités préférées, à part manger le plus de crabes possible, est de faire les marchés aux puces de la région. J’ai vu ce petit perroquet, et j’ai craqué. Chaque fois que je le regarde, je pense à mon amie et au Maine. »

Un petit boeuf d'argile du Vietnam

« J’ai trouvé ce petit bœuf dans un petit village près de Hôi An, en plein cœur du pays, et je suis tombée sous le charme. Il y avait toutes sortes d’animaux ; j’en ai acheté un pour chacun des membres de ma famille, en choisissant celui qui plairait le plus à chacun. Puis, j’ai réalisé que j’en voulais un aussi. Même s’ils sont tous à peu près identiques, ils ont chacun une expression particulière et celui–ci me parlait ; il fait une grimace et je le trouve mignon. »

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