La Canadienne qui a participé à l'atterrissage du robot de la Nasa sur Mars

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Nous nous sommes entretenus avec Farah Alibay, l'ingénieure québécoise basée à Los Angeles qui a contribué à l'atterrissage du robot Persévérance sur Mars en février dernier. Elle nous explique pourquoi elle souhaiterait visiter Mars, mais pas y rester, nous parle de son amour de l'escalade et des sept minutes les plus stressantes de sa vie.

enRoute Quelles émotions vit–on à l’accomplissement d’un voyage qu’on a préparé aussi longtemps?

Farah Alibay On était excités, mais aussi nerveux, parce qu’il n’y avait rien qu’on pourrait faire pour changer le cours des choses. Quand l’amarsissage a été complété et qu’on a entendu le mot touchdown, on était tellement contents et on pouvait enfin respirer. C’est un moment irréel de se dire qu’on est arrivé sur une autre planète.

ER Vous avez dit que les sept minutes avant l’amarsissage étaient les plus importantes. Que se passait–il dans vos bureaux pendant ces sept minutes–là?

FA On avait des données en direct, alors on savait exactement ce qui se passait, étape par étape: la séparation des panneaux solaires, l’ouverture du parachute, la séparation du parachute et le démarrage du jetpack pour l’amarsissage. J’étais incapable de rester assise, alors je marchais dans mon petit coin en regardant les données et en essayant de respirer pour calmer mon stress. Ç’a été les sept minutes les plus rapides et les plus longues de ma vie.

25 juin 2021
L'ingénieur de la NASA Farah Alibay se tient devant une fenêtre qui donne sur une installation NAS ; sur le côté droit du cadre se trouvent un groupe diversifié de personnes qui lui posent des questions d'entrevue.
La québécoise Farah Alibay à un événement de Nasa Social.

ER Est–ce qu’aller sur Mars est l’un de vos rêves?

FA J’aimerais être astronaute un jour si j’en ai l’occasion, si ce n’est que pour aller dans l’espace pour voir la Terre. C’est sûr que j’aimerais visiter Mars, mais je ne voudrais pas y habiter, car la température le jour varie entre –40 et –50 °C. Ce n’est pas un environnement facile et c’est la raison pour laquelle j’aime mon travail: j’aime explorer de mes  yeux.

ER Que pensez–vous des gens qui veulent aller vivre sur Mars?

FA Ça me fait rire un peu; je rappelle aux gens qu’il fait froid sur Mars. C’est beau d’explorer notre système solaire et c’est un rêve pour lequel on devrait travailler, mais notre planète, c’est la Terre, et c’est la plus belle planète qu’on a: il faut s’en occuper.

ER Que voudriez–vous explorer dans l’Univers?

FA À l’extérieur du système solaire, ce qui est intéressant en ce moment, c’est l’étude des exoplanètes. On recherche des planètes qui pourraient ressembler à la Terre et on en a trouvé énormément. C’est un domaine super fascinant.

L'ingénieur de la NASA Farah Alibay est allongée sur le ventre face à la caméra sous le rover martien Persévérance dans un champ de terre sèche avec quelques dépendances derrière elle.
Dre Alibay sous l'astromobile Perseverance, qui a atteri sur Mars le 18 février 2021.

ER Et dans notre système solaire?

FA Dans notre système solaire, j’ai une lune préférée. C’est une lune de Saturne qui s’appelle Encelade. Elle est super intéressante parce qu’comme on y trouve un océan sous une croûte de glace; on pense qu’il aurait pu y avoir de la vie là–bas parce qu’il y a de l’eau et des marées.

ER Et finalement, sur terre?

FA Je passe énormément de temps à l’extérieur, car mon partenaire et moi faisons de l’escalade et nous allons souvent en montagne. C’est un privilège d’habiter en Californie, car on a de super belles montagnes ici. Ce serait un rêve d’aller au Kilimandjaro ou en Afrique du Sud pour y faire de l’escalade.

ER Perseverance doit prendre des vacances en septembre. En prendrez–vous aussi?

FA Oui. À la fin septembre, il y a une période où Mars se retrouve de l’autre côté du Soleil par rapport à la Terre et on ne sera pas capables de communiquer avec Perseverance pendant un mois. Donc on lui donne des vacances et nous en prendrons aussi. Si la pandémie le permet, j’espère pouvoir visiter ma famille au Québec.

ER Le Québec vous manque–t–il?

FA J’ai vécu dans plein de pays, mais quand je rentre au Québec, je me sens chez nous. C’est toujours un sentiment spécial d’y revenir.

ER Quelle est la première chose que vous faites en rentrant au Québec?

FA Je prends toujours le même vol pour aller au Canada et chaque fois que j’atterris, je prends un café au Tim Hortons. Je passe aussi chercher des bagels St–Viateur, car il n’y en a pas comme ça ailleurs.