Les cheveux de Park Kyungwoong sont d’un violet qui ne sied qu’aux stars les plus tendance de la pop. Le jeune artiste, en jean noir moulant et veste démesurée stylée, est prêt à danser pour les dizaines de personnes venues l’encourager. Sa piste, quelques mètres à peine de trottoir, rétrécit à mesure que s’élargit le cercle d’amateurs ; en plus d’être la vedette du spectacle, il en est le technicien, et il pousse un gros haut–parleur en place. La liste de lecture du danseur est bourrée de chansons des plus grands noms de la pop sud–coréenne, connue à travers le monde sous le nom de K–pop grâce à des boy bands tels BTS et des girl groups comme Blackpink.
Le polyvalent interprète doit lancer la lecture et vite se mettre en position pour exécuter sa chorégraphie sur la piste de K–pop choisie, puis revenir dare–dare à son téléphone branché par câble audio avant le début de la prochaine chanson. Le public applaudit quand il réussit un coup de pied en hauteur, et les jeunes filles rougissent quand il leur fait un clin d’œil, même si toutes ont les yeux rivés à leur téléphone. Elles ne sont pas impolies, elles cherchent la prise de vue parfaite. Dans le quartier Hongdae, cœur de la culture de rue de Séoul où toutes sortes d’artistes rivalisent pour la gloire, une bonne vidéo sur YouTube est la meilleure source de crédit. Alors que l’attention internationale pour la K–pop monte en flèche, une version plus artisanale de cette industrie fait fureur dans ces rues, donnant un coup de pouce mondial aux perspectives d’avenir de Park Kyungwoong (de même qu'aux comptes de médias sociaux de ses fans).