Guide du Louvre de Kent Monkman
L’artiste canadien sur ses œuvres et ses pièces préférées au plus grand musée d’art du monde.
Artiste cri établi à Toronto, Kent Monkman se rend chaque année à Paris et séjourne toujours à distance de marche du Louvre. (Découvrez ici le guide de son quartier de prédilection, Saint-Germain-des-Prés.) L’institution parisienne teinte non seulement ses peintures audacieuses, qui explorent les thèmes de l’identité autochtone, du colonialisme et de la sexualité, mais elle influence également la façon dont il dirige son studio. Malgré son horaire de voyage chargé d’installations de galeries ou de recherches d’expositions, il prend le temps de s’y arrêter une petite heure tous les jours, pour y admirer ses œuvres et ses salles préférées – il recommande cette approche aux touristes. « N’essayez pas de tout voir en une seule visite. Explorez avec lenteur les endroits plus calmes, comme les ailes Sully ou Richelieu, dit-il. Les gens ont tendance à quitter les lieux peu après s’être fait photographier avec la Joconde. »
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Le radeau de la Méduse de Théodore Géricault —
« L’ampleur et la composition de cette œuvre ont énormément inspiré mon tableau Miss Chief’s Wet Dream. J’aime le ciel noir, la mer démontée et la manière dont les personnages sont peints. C’est une œuvre monumentale d’environ cinq mètres de haut. Si vous aimez les grandes fresques historiques dans toute leur splendeur, vous devez visiter le Louvre. »
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Le sommeil d’Endymion d’Anne-Louis Girodet de Roussy-Triosonn —
« En histoire de l’art, on discute beaucoup du regard masculin sur le corps féminin. J’aime l’inversion de ce regard dans ce tableau qui représente la déesse Diane fixant le corps du jeune berger. J’aime également la sensualité du tableau et sa luminosité : on dirait que le personnage brille au clair de lune. Je m’en suis aussi inspiré pour Miss Chief’s Wet Dream. Miss Chief est endormie dans le bateau et elle fait un rêve érotique. Il y a un parallèle entre ces deux personnages. »
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Rubens : La galerie Médicis —
« Quand j’ai visité cette salle il y a dix ans, j’ai été frappé de voir à quel point Rubens était prolifique. J’ai vérifié les dates des 24 peintures qui s’y trouvent (commandées par la reine française Marie de Médicis) ; il s’avère qu’elles ont toutes été réalisées dans un délai de trois ans. En voyant la taille des tableaux et la quantité de travail que cela impliquait, je me suis demandé comment un artiste pouvait accomplir tout cela en si peu de temps. J’ai appris que Rubens avait son propre atelier d’artistes, et j’ai cherché à reproduire ce modèle dans ma pratique artistique. »
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L’intervention des Sabines de Jacques-Louis David —
« Ce thème a été peint par de nombreux artistes, dont Nicolas Poussin et Rubens. La version de David est un chef-d’œuvre. J’aime les combinaisons des personnages masculins et féminins, et elles ont inspiré la manière dont je représente le corps humain dans certaines de mes œuvres. »
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L’enlèvement des Sabines de Nicolas Poussin —
« Il y a de l’énergie et de la vivacité dans ce tableau. Les personnages ne sont pas statiques – il y a tellement de mouvement dans l’étoffe des vêtements. Il contient des portraits de nombreux personnages importants de cette époque. »
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Courses de chevaux sans cavalier de Théodore Géricault —
« C’est un petit tableau qui se trouve dans une section du Louvre plus obscure et moins fréquentée, que j’adore en raison de l’énergie de la figure humaine autant que celle des chevaux sauvages. Cette énergie a inspiré ma récente œuvre, Poundmaker Intercedes. J’adore dessiner et peindre des chevaux depuis que je suis enfant ; c’est la raison pour laquelle j’admire cette toile. »