Voyager au présent : des séjours sécuritaires à l’hôtel

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Frédéric Dimanche, directeur du département de gestion de l’accueil et du tourisme à la Ted Rogers School of Management de l’Université Ryerson, à Toronto, est–il à l’aise d’aller à l’hôtel en ce moment ? Oui. Il compare cela à l’alpinisme : « Étant alpiniste, je sais que pour survivre il faut gérer les risques et se protéger, dit–il. De même, les voyageurs doivent faire leur part pour se protéger et protéger autrui. » Ce qui implique de faire un peu de recherche avant de réserver. Cet été, M. Dimanche est allé en France et a été épaté par les infos reçues de son hôtel, à commencer par ce qu’il a trouvé sur le site web avant de réserver (« on m’a bien rassuré que toutes les précautions étaient prises »). Il s’est aussi réjoui de l’accueil chaleureux à l’enregistrement (« comme s’il y avait un effort supplémentaire pour remercier les gens de venir »), mais a été moins impressionné par le service limité de restauration. L’expérience, qu’il compte renouveler prochainement quand il retournera en Europe rendre visite à sa famille, a quand même été positive.

Que vous planifiiez des vacances sédentaires, des travacances prolongées ou du camping de luxe, voici comment les hôtels s’adaptent pour assurer votre sécurité.

16 décembre 2020
Codes QR Hilton placés sur les portes pour fournir des informations supplémentaires sur les mesures de nettoyage
   Photo : 2020 Hilton

Propres

Dans notre nouvelle réalité, les bases de l’hospitalité demeurent, assure M. Dimanche. « Il s’agit d’inspirer confiance à coup de distanciation physique… et de nettoyage intensif. » Certains hôtels, comme le Hazelton récemment rénové de Toronto, offrent à leurs clients de jolies boîtes sanitaires contenant des lingettes, du gel et un masque, tandis que d’autres rassurent en s’associant à des marques de produits de nettoyage ; Hilton coopère avec Lysol et a également consulté la clinique Mayo pour s’assurer que ses normes de désinfection sont à la hauteur (un scellé CleanStay sur la porte de votre chambre est la preuve que personne n’y est entré depuis qu’elle a été nettoyée).

Les montagnes pittoresques offrent une toile de fond à la piscine extérieure de la Torre del Marqués en Espagne
Torre del Marqués, Matarraña, Espagne.     Photo : Small Luxury Hotels of the World
L'élégante salle à manger de la suite royale du Savoy London
Savoy London, Londres.     Photo : Savoy London

Sans contact

Bien des propriétés réduisent vos risques de contact humain en étant au diable vauvert, comme le Wylder Hope Valley, complexe quatre–saisons ouvert depuis peu dans la sierra Nevada, où l’on peut se réfugier dans une yourte douillette, ou le nouveau Torre del Marqués de la Matarraña, en Espagne, qui offre une évasion dans une ferme du XVIIIe siècle de 18 chambres avec activités telles que dégustation d’huile d’olive, chasse aux truffes, équitation et observation des étoiles. Ou évadez–vous dans un cadre urbain au Chateau Denmark (qui ouvrira à Londres en 2021, à 16 adresses près de Denmark Street, berceau de la scène musicale britannique, et proposera 55 somptueuses chambres inspirées par divers styles musicaux, du punk au rock’n’roll). Comme bien d’autres hôtels, le Chateau offrira l’enregistrement sans contact sur une appli qui permettra aussi de commander au service à l’étage, et un « maxi–bar » remplacera le typique minibar, pour qu’on puisse prendre un cocktail sans sortir. Pour une expérience gastronomique plus complète, des hôtels transforment les chambres non réservées en restos éphémères privés, tel le Savoy de Londres avec sa Suite Dining, offerte depuis octobre. Au Stadshotellet de Lidköping, en Suède, on peut savourer un repas exclusif d’escalope viennoise en sauce au vin rouge, avec citron, câpres, pois, beurre d’anchois et pommes de terre rôties, au 67 Pop Up Restaurant, dans une des 67 chambres de l’hôtel.

Le salon cosy d'un hôtel Onefinestay à Paris
Onefinestay, Paris.     Photo: Onefinestay
Une balançoire suspendue dans l'une des chambres proposées par Stay Kooook à Berne, Suisse
Stay Kooook, Berne, Suisse.     Photo : Stay Kooook

Comme à la maison

Les hébergements mi–hôtel, mi–résidence secondaire sont plus convoités que jamais, selon M. Dimanche. « Ça reflète l’envie de logements conviviaux, et la préoccupation face aux grands hôtels urbains trop fréquentés. » Bien des hôtels se diversifient en se lançant dans la location de résidences secondaires : Onefinestay, propriété d’Accor, Homes and Villas by Marriott International, et de nouvelles chaînes comme Oyo Homes. Beaucoup de ces lieux peuvent être personnalisés. « Les voyageurs ne veulent pas une chambre d’hôtel traditionnelle au look uniforme », résume M. Dimanche. Au Stay Kooook, inauguré cette année à Berne, en Suisse, on peut même déplacer les murs et personnaliser son appart avec divers accessoires, entre photos et plantes. À l’Annex de Toronto (« un hôtel à hauteur humaine où se sentir chez soi »), il n’y a pas de réception et chaque étage a une lingerie en libre–service, ainsi que des œuvres d’artistes locaux qui donnent l’impression d’habiter le quartier.

Un poste de travail avec fenêtre dans une pièce de l'annexe à Toronto
Annex, Toronto.   Photo : Norr Studio (@norrstudio6)

Frédéric Dimanche suggère de poser ces cinq questions avant de réserver

  1. Quelles sont les mesures de sécurité ? Le personnel porte–t–il un masque ?

  2. Quelle est la qualité de l’air ? Les fenêtres s’ouvrent–elles ?

  3. Peut–on s’enregistrer par voie électronique, ou y aura–t–il une file ?

  4. Comment sert–on le déjeuner (genre, pas de buffet) ? Les hôtels devraient indiquer les changements des services, et si le prix doit être ajusté pour, par exemple, livrer un panier–déjeuner à la chambre au lieu du service aux tables habituel.

  5. Quelle est la politique d’annulation ? (Bien des hôtels offrent sans pénalité remboursement ou crédit à long terme.)